Le métier de maréchal équestre: une approche unique

Joel Bernier, maréchal équestre, au travail dans un ranch à Fisher Branch au Manitoba.
Photo : ICI Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2016 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Dans le monde du cheval, le métier de maréchal équestre - à ne pas confondre avec le maréchal ferrant - a presque disparu aujourd'hui. Au Manitoba, Joel Bernier tente de faire revivre cette tradition qui vient de l'armée. Il serait le seul au Canada à exercer cette profession.
« Le maréchal équestre, c'est un peu le gérant qui s'occupe de tout ce qu'il y a autour du cheval », explique Joel Bernier. Ce métier multitâche vient, à l'origine, de la tradition militaire.
« On est à la fois maréchal ferrant, sellier, charron. On s'occupe de l'équipement et aussi de l'entraînement, la bonne personnalité, le bon match avec le [cavalier] », dit M. Bernier.

Joel Bernier
Photo : ICI Radio-Canada
À la différence du maréchal ferrant, qui s'occupe surtout de « la taille des sabots et la pose de fers », le maréchal équestre prend en compte « l'approche holistique du cheval, en général ».
« Je tiens compte beaucoup de la tension [musculaire], l'alignement de la colonne, la réflexologie en cinq points, explique Joel Bernier. Si les vertèbres de votre cheval ne sont pas bien alignées, il ne peut pas bien performer. »
« Si les sabots ne sont pas bien parés, poursuit-il, c'est très dur sur la colonne du cheval. Il ne peut pas sauter, le galop est saccadé, la selle n'est pas confortable. » Tout cavalier connaît le dicton : pas de pied, pas de cheval.
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Joel Bernier, maréchal équestre, s'occupe des sabots d'un cheval.
Photo : ICI Radio-Canada
Un savoir qui se perd
Installé près de Brandon depuis quelques années, Joel Bernier travaille à son compte pour des clients d'un peu partout dans la province. Il travaille avec tous les types de chevaux - « peu importe la race et la grosseur ».

Joel Bernier, maréchal équestre, tire son savoir de certains livres traditionnels.
Photo : ICI Radio-Canada
Son savoir, le maréchal l'a essentiellement appris de son grand-père. Il a également réussi à mettre la main sur quelques livres rares.
L'aventure a vraiment commencé pour lui en 1994, lorsqu'il gagne un cheval à Saint-Victor-de-Beauce au Québec, sa province d'origine. C'est à ce moment qu'il achète ses premiers outils et commence à s'essayer au métier.
C'est beaucoup de recherche, d'information à retrouver qui a été perdue, et c'est une structure à établir aussi.
Aujourd'hui, Joel Bernier croit être le dernier représentant de la profession au pays. « J'ai parlé avec plusieurs personnes âgées, 90 ans et plus, qui ont travaillé avec des chevaux et c'est ce qu'ils m'ont dit : je suis le seul à pratiquer cette approche-là. »
C'est un métier au Canada qui n'est pas connu. Mais si on va en France et en Allemagne, le terme est encore très utilisé.
En devenant maréchal équestre, Joel Bernier a d'abord voulu ramener dans le civil un métier militaire. Et pour que la tradition soit préservée, il espère pouvoir transmettre ses connaissances à d'autres. « J'enseigne beaucoup à mes clients des références de base », dit-il.
Son projet à long terme, c'est de créer une école de maréchalerie au Manitoba, où « il y a un besoin ». « Je travaille avec la province et le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM) pour ça. Ici, côté équestre, il y a très peu d'écoles. »
La route n'est pas toujours facile à tracer. Certains dans le monde du cheval, les maréchaux ferrants surtout, ne voient pas toujours Joel Bernier d'un bon oeil et craignent la compétition. « Au début, ils pensaient juste au mot maréchal [...]. Puis là ils s'aperçoivent que l'approche du cheval est très différente. »
L'homme de cheval est toutefois bien déterminé faire connaître son travail, sa passion.

Joel Bernier, maréchal équestre.
Photo : ICI Radio-Canada/Camille Gris Roy