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Où y a-t-il le plus d'otages dans le monde? La réponse en carte

Radio-Canada

Le premier ministre Justin Trudeau a été catégorique plus tôt cette semaine : il n'est pas question de payer de rançons (Nouvelle fenêtre) pour libérer des otages. Dans le monde, un peu plus d'une centaine de personnes sont prisonnières de groupes terroristes ou rebelles. Où ont-elles été enlevées? Qui sont-elles? Et pourquoi ont-elles été ciblées?

Un texte de Mélanie Meloche-HolubowskiCourriel

Deux Canadiens font partie des 107 personnes présentement retenues en otages dans le monde par des groupes terroristes, selon IntelCenter, qui offre des services en contre-terrorisme à des entreprises, à des gouvernements et à des organismes. Toutefois, ce nombre n'inclut pas les prises d'otages de plus de 25 personnes, comme l'enlèvement de centaines de jeunes filles au Nigéria par Boko Haram (Nouvelle fenêtre), ainsi que les otages qui n'ont pas été publiquement déclarés.

Les pays où les enlèvements sont le plus courants sont la Libye, la Syrie, le Yémen et les Philippines. Cela s'explique en grande partie par la présence de groupes terroristes très actifs comme Abou Sayyaf et le groupe armé État islamique (EI), qui ont souvent recours aux otages pour financer leurs activités terroristes. Le gouvernement canadien suggère fortement aux Canadiens d'éviter ces pays, notamment en raison des risques élevés d'enlèvement.

Où les enlèvements sont-ils le plus fréquents? Source : IntelCenter.

Où les enlèvements sont-ils le plus fréquents? Source : IntelCenter.

Photo : Radio-Canada / Carto

La version originale de ce document a été modifiée. Pour des raisons techniques, la version interactive de la carte n'est plus disponible.

Deux otages canadiens

Le Canadien Robert Hall, 50 ans, et sa conjointe Teresita Flor, une Philippine, ainsi qu'un autre Canadien, John Risdel, avaient été kidnappés par le groupe Abou Sayyaf en septembre 2015 au complexe hôtelier Holiday Oceanview, au sud-est de la capitale, Manille. John Ridsdel a été récemment exécuté. Le sort de Robert Hall est particulièrement inquiétant, puisqu'Abou Sayyaf a tendance à éliminer ses otages.

Le Canadien Joshua Boyle et sa femme américaine (Nouvelle fenêtre), Caitlan Coleman, ont été kidnappés par les talibans en Afghanistan en 2012. Caitlan Coleman était alors enceinte et a donné naissance à son enfant en captivité. Les derniers renseignements à propos du couple datent de 2014.

Les cartes week-end

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Pourquoi avoir recours à des otages?

Selon Christian Leuprecht, expert en sécurité du Collège militaire royal du Canada et de l'Université Queen's, les organisations terroristes ont recours aux prises d'otages principalement pour des raisons financières. « Ce sont des groupes qui n'ont pas accès à diverses sources de revenus. »

Par exemple, pour Abou Sayyaf, qui a des liens avec Al-Qaïda, les otages sont devenus une source de revenus très importante au cours des dernières années. Le groupe compte moins de 400 combattants, et cet argent lui permet d'acquérir plus d'armes, de ressources et de combattants.

La communauté internationale a été horrifiée par les nombreuses exécutions violentes de groupes d'otages de l'EI au cours des dernières années. Depuis, l'EI a presque quitté le marché des enlèvements, selon M. Leuprecht, puisque le groupe récolte des dizaines de millions de dollars chaque mois grâce à la vente de pétrole provenant des puits qu'il contrôle. « Pour l'EI, la prise d'otages est maintenant un instrument de guerre et de terreur symbolique. »

Les prises d'otages en Amérique du Sud sont plutôt liées au crime organisé et au trafic de drogues.

Échelle de paiement pour les rançons

Les travailleurs des compagnies pétrolières et minières et les professionnels, comme les ingénieurs ou les scientifiques, ainsi que les personnes travaillant pour des organismes à but non lucratif, figurent le plus souvent parmi les otages.

Parmi les 107 otages recensés, 18 sont des travailleurs, 12 sont des professionnels, 8 travaillaient pour un organisme à but non lucratif et 8 étaient des touristes.

M. Leuprecht explique qu'il existe informellement une échelle de prix pour les otages. « On choisit des gens qui travaillent pour de grandes entreprises minières et des spécialistes occidentaux. Ce sont eux qui rapportent le plus. » Au Mexique, les prises d'otages sont monnaie courante, et « les entreprises étrangères qui s'y établissent acceptent le fait que les enlèvements fassent partie des frais de fonctionnement », ajoute-t-il.

Les ressortissants de pays européens et des États-Unis sont souvent visés; parmi les 107 otages, on compte 9 Américains et 17 Européens. Les ravisseurs préfèrent cibler ces ressortissants puisqu'ils considèrent que ces pays ont suffisamment d'argent pour payer des rançons ou parce qu'ils veulent faire pression pour faire retirer des militaires qui sont déployés dans les pays qui les intéressent.

Payer ou non la rançon?

M. Leuprecht croit que la déclaration du premier ministre Trudeau lors du sommet du G7 fait partie des négociations publiques avec le groupe terroriste Abou Sayyaf, qui détient l'otage canadien aux Phillippines. « Il envoie un signal clair aux extrémistes que le Canada ne répond pas aux menaces d'extorsion et, en conséquence, [que] ça ne vaut pas la peine de prendre en otage un Canadien. »

En 2013, les pays du G7 s'étaient engagés à cesser tout paiement de rançon, mais ces engagements n'ont pas été respectés par plusieurs. Et pourtant, c'est le meilleur moyen de réduire le nombre d'enlèvements et de couper cette ressource financière, croit Christian Leuprecht.

En fait, les pays qui acceptent de payer une rançon aux groupes extrémistes jouent un jeu très dangereux, estime cet expert.

Si les groupes terroristes savent qu'ils peuvent faire de l'extorsion d'argent auprès des gouvernements, ça rend tous les citoyens des pays occidentaux plus vulnérables.

Une citation de Christian Leuprecht, expert en sécurité

De plus, rien ne garantit que l'otage sera libéré une fois que la rançon sera payée. Par ailleurs, cet argent servira fort probablement à financer des activités terroristes, à acheter des armes, et met aussi à risque les populations locales qui n'ont pas les moyens d'échapper aux organisations terroristes. Le Canada ne peut pas prétendre combattre la violence extrémiste tout en payant des rançons à ces extrémistes, dit M. Leuprecht. 

Le gouvernement canadien recommande fortement aux familles des otages de ne pas payer les rançons, même s'il s'agit d'une décision extrêmement difficile. « De toute façon, peu de familles ont les moyens de payer une rançon, rappelle M. Leuprecht. Les montants demandés sont dans les millions de dollars et les ravisseurs demandent aussi des armes, des avions et même l'immunité pour leurs chefs. »

Avoir recours à l'extradition

Un autre moyen de réduire les prises d'otages est de démontrer que quiconque enfreint les lois en s'attaquant à des citoyens canadiens devra faire face à la justice canadienne.

D'ailleurs, un Somalien soupçonné d'avoir participé à l'enlèvement de la journaliste canadienne Amanda Lindhout a été arrêté à Ottawa en 2015 et doit subir son procès au Canada. Il risque une peine de prison de 10 ans. Ce cas sera un précédent juridique extrêmement important pour le Canada, croit Christian Leuprecht. « Nous disons aux terroristes que nous n'allons pas simplement envoyer des militaires pour les tuer. Nous allons traduire en justice toute personne qui s'engage dans des enlèvements. Les terroristes ne profiteront pas de nous. »

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