Gérald Huberdeau : quand les mots manquent, le coup de crayon prend le relais

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Gérald Huberdeau est un artiste visuel de la région de Sainte-Anne, dans le sud-est du Manitoba. Le jeune homme est atteint d'une maladie au cerveau et doit faire face à plusieurs défis au quotidien.
Le dessin pour Gérald Huberdeau, c'est l'histoire de sa vie. Crayon, peinture à l'eau, acrylique, art sur bois : il s'essaye à tout. Cette passion s'est éveillée chez lui très jeune, dès l'âge de deux ans. « Le premier dessin que j'avais fait - ma mère le garde encore - c'est sur un vieux papier, une maison toute vieille avec des fantômes », se rappelle-t-il en souriant.
Déjà, son entourage avait repéré son talent. « Une professeure avait dit [à ma mère] : oh ton fils, il va être vraiment talentueux. »
Cette fibre artistique ne l'a jamais quitté, même après un brusque changement de son état de santé il y a une dizaine d'années. À l'âge de 20 ans, Gérald Huberdeau commence à avoir des convulsions et il a une hémorragie cérébrale qui fait beaucoup de dommages. « La docteure ici pensait que c'était un [accident vasculaire cérébral], parce que je ne pouvais même pas parler, du tout. »
Après des tests médicaux, il apprend finalement qu'il est né avec une tumeur au cerveau. « Ils m'ont montré le papier et j'ai vu tout de suite ce que c'était, je savais », se souvient-il. Sa maladie porte un nom scientifique : hémangiome caverneux.
Il prend des médicaments pendant deux ans, puis décide de se faire opérer car la tumeur avait grossi. « Il continuait d'avoir beaucoup de convulsions, 10 à 15 par jour, ajoute sa mère Suzanne Huberdeau. C'est toute une expérience pour un jeune de son âge. »
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De nouveaux défis
Aujourd'hui, Gérald Huberdeau garde la cicatrice de son opération et d'autres séquelles en raison de sa maladie.
Le jeune homme, maintenant âgé de 31 ans, ne peut pas travailler. Ses réflexes sont plus lents et il a peu d'énergie. Certaines activités du quotidien sont devenues un défi. « Avec les pilules maintenant, je ne peux pas conduire », mentionne-t-il par exemple. Le langage, surtout, est difficile.
Des fois je veux dire des mots, que je savais quand j'étais à l'école... Mais je veux le dire, et ça...ça ne veut pas sortir.
Gérald Huberdeau trouve toutefois des moyens de s'occuper. « Après l'opération, j'ai essayé de trouver des places où je pourrais faire des choses pour le plaisir; et pas juste pour dessiner, ça je fais ça à tous les jours, mais pour sortir. »
Le jeune homme fait donc du bénévolat chaque semaine. Il a aussi un intérêt pour la musique et un talent certain pour le violon, qu'il a appris il y a quelques années.
L'artiste peut aussi compter sur l'aide de ses proches, sa famille et ses amis qui l'entourent.
Le dessin pour s'exprimer
Plus que tout, c'est à travers le dessin et la peinture que Gérald Huberdeau conserve son énergie.
Il dessine tous les jours, tout le temps, et trouve son inspiration partout : dans les bandes dessinées, les magazines, les paysages, son entourage.
Chaque mardi, le jeune artiste se rend au Conseil des arts de Steinbach et y passe la matinée à créer en compagnie d'autres artistes locaux. Une amie de la famille, qui participe aussi aux activités, l'y conduit. Gérald Huberdeau a déjà exposé dans ce même centre d'arts et participe régulièrement à des événements artistiques.
Ça m'aide. Si je n'avais pas ça, ce serait plus dur.
Si les mots manquent parfois à Gérald, il a certainement le coup de crayon pour le dire.