Immigration : Québec prône la « stabilité »

La ministre de l'Immigration, Kathleen Weil, soutient que le premier ministre n'a jamais situé dans le temps une éventuelle augmentation des seuils d'immigration.
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Prenez note que cet article publié en 2016 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
« À court terme, c'est impossible d'imaginer un scénario de ce genre », a déclaré la ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Intégration, Kathleen Weil, faisant allusion à une éventuelle hausse des seuils d'immigration à 60 000 immigrants par année.
« Les gens qui ont mis ça de l'avant ne comprennent pas l'immigration », a-t-elle ajouté. Mme Weil avance qu'il est préférable de conserver des seuils d'accueil de migrants stables, soit 50 000 actuellement, au moins le temps d'implanter sa réforme de l'immigration.
Le gouvernement avait décidé, en octobre dernier, de prolonger d'un an les cibles décidées pour la période 2012-2015, en attendant le dépôt prochain d'une nouvelle loi sur l'immigration. Les nouvelles cibles seront établies en fonction de cette nouvelle loi et de la nouvelle politique québécoise en matière d'immigration que le Ministère s'emploie à peaufiner.
Le gouvernement avait laissé entendre, au cours des derniers mois, qu'il pourrait faire passer ces seuils d'immigration de 50 000 à 60 000 immigrants. M. Couillard avait confirmé que le gouvernement allait « proposer » un tel scénario le 9 mars dernier, mais il n'avait pas précisé de date pour sa mise en oeuvre.
« Lorsqu'on fait de grandes réformes, ça prend le temps pour mettre les mesures en place, a expliqué Kathleen Weil au sortir de la période des questions à l'Assemblée nationale. « L'objectif, c'est de mieux sélectionner, de mieux intégrer et de mieux vivre ensemble. »
C'est sûr que l'enjeu démographique est très important. Les personnes en âge de travailler sont en décroissance, il faut les combler.
Mme Weil entend soumettre un scénario d'augmentation du nombre d'immigrants à la consultation publique.
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La difficile intégration
Les partis d'opposition à Québec ont salué le recul du gouvernement Couillard sur le scénario d'une hausse du nombre d'immigrants à 60 000 par année. Ils estiment que les libéraux ont erré en songeant à en augmenter davantage le nombre, alors que Québec peine à les franciser et à les intégrer au marché de l'emploi

François Legault intervient à l'Assemblée nationale sur l'enjeu des seuils d'immigration.
Photo : Radio-Canada
« Je suis content de voir que M. Couillard s'est dessoufflé ce matin », a ironisé le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, qui avait été accusé le mois dernier par le premier ministre de « souffler sur les braises de l'intolérance ».
M. Couillard avait eu cette réplique après que M. Legault eut émis des craintes sur la capacité du Québec à franciser et à les intégrer au marché du travail.
Le chef du Parti québécois a lui-même évoqué ce matin l'enjeu de l'intégration des nouveaux arrivants. Pierre Karl Péladeau a souligné que le taux de chômage des nouveaux arrivants oscille entre 18 % et 22 % au Québec et qu'il grimpe à 27 % dans la métropole.
Il estime qu'une hausse du seuil aurait pu nuire à leur intégration au marché du travail.
Le chef de la CAQ blâme par ailleurs le gouvernement Couillard pour la faible création d'emplois, qui ne permet pas aux nouveaux arrivants de trouver du travail.
M. Legault déplore aussi qu'Ottawa accueille, au nom de la réunification familiale, de nombreux immigrants « sans aucun critère d'employabilité, sans aucun critère de connaissance du français ».
Le mois dernier, Mme Weil avait démenti tout intérêt électoral des libéraux à hausser le seuil d'immigration, après des affirmations en ce sens de la CAQ.
En mars, dans une politique sur l'immigration, le gouvernement a constaté que l'accueil de 60 000 immigrants par année permettrait d'éviter au Québec « un recul de sa population en âge de travailler en dessous de son niveau de 2011, et [que] cette population augmenterait à nouveau et de manière plus marquée à long terme ».
Jusqu'ici, Mme Weil s'était contentée de répéter que le gouvernement prendrait une décision après des consultations en commission parlementaire sur la révision du seuil d'accueil annuel.
50 000, c'est suffisant, dit Legault
M. Legault estime que le présent seuil de 50 000 immigrants par année est suffisant, considérant que 41 % d'entre eux ne parlent pas le français. M. Legault précise que 72 % des migrants adultes arrivant au Québec ne suivront jamais de cours de français.
On n'arrive pas à bien intégrer les 50 000 migrants, il ne faut surtout pas, à court terme, penser à augmenter ce chiffre.
De son côté, M. Péladeau refuse de quantifier le seuil d'immigrants qui serait souhaitable pour le Québec. Il estime que l'important est d'être en mesure de bien les intégrer à la société québécoise.
Appelé à préciser un seuil acceptable pour le Québec, M. Péladeau a déclaré : « Il n'y a pas de chiffres, il y a des principes, et ces principes m'apparaissent essentiels. »
M. Legault reproche également au gouvernement son dernier budget qu'il juge insuffisant en éducation. « Il faut investir en éducation, il faut investir en formation de la main-d'œuvre », a-t-il martelé.
« C'est certain qu'une partie de ces personnes ont besoin de formation, bien qu'on mette l'emphase sur la formation, avance M. Legault. Qu'on investisse en éducation. M. Couillard n'a pas, depuis deux ans, investi en éducation. »
M. Péladeau abonde dans le même sens, déplorant les compressions en éducation. « C'est une chose d'avoir de la main-d'œuvre, encore faut-il qu'elle soit formée », explique-t-il.
Avec les informations de La Presse canadienne