Enquête du coroner à Thunder Bay : mourir pour une éducation

Le corps de 3 jeunes autochtones a été repêché dans la rivière McIntyre à Thunder Bay. Leur mort ainsi que celle de 4 autres jeunes venus étudier dans la ville a fait l'objet d'une longue enquête du coroner.
Photo : ICI Radio-Canada/Martine Laberge
Le dernier témoignage dans le cadre de l'enquête du coroner sur la mort de sept jeunes autochtones de 2000 à 2011 a eu lieu vendredi matin à Thunder Bay.
Près de 200 personnes ont témoigné au cours des sept derniers mois dans le cadre de cette enquête historique. Les témoignages à l'enquête du coroner sur la mort de sept jeunes autochtones, qui ont quitté leurs réserves isolées du nord de la province pour étudier à Thunder Bay, n'ont cessé d'étonner, voire même de choquer.
Voici quelques faits marquants de l'enquête :
Peu d'informations aux familles
Des membres de chacune des familles ont pris la parole lors de l'enquête. Certains ont affirmé n'avoir jamais connu les vraies circonstances de la mort de leur proche.
La mère de Robyn Harper a appris la triste nouvelle de la mort de sa fille par le prêtre et le chef de sa communauté de Keewaywin. Les informations qui lui ont été transmises étaient erronées; ni la police ni le bureau du coroner n'ont communiqué avec elle au moment de la mort de sa fille.
La famille d'un autre jeune, Paul Panachese, a aussi cru à tort, pendant 10 ans, qu'il était mort d'une surdose, alors qu'un pathologiste a déterminé qu'il est mort d'arythmie héréditaire.
Le père de Kyle Morriseau, Christian, a quant à lui dit entendre pour la première fois les théories de la police à propos de la mort de son fils. Lors du témoignage d'un policier, le père a appris que l'enquête sur la mort de son fils était toujours ouverte et que le dernier homme a avoir été aperçu avec Kyle aurait possiblement eu un rôle à jouer dans sa mort.
Pourquoi la rivière ?
Le corps de cinq des jeunes hommes morts a été repêché dans deux rivières de Thunder Bay. Quatre d'entre eux consommaient de l'alcool avec des amis près d'une rivière lorsqu'ils ont été vus la dernière fois. Or, personne n'a pu dire comment les jeunes hommes se sont retrouvés dans la rivière. Jordan Wabasse, dont le corps a été retrouvé dans la rivière McIntyre en 2009, a été vu la dernière près de son foyer d'accueil à plus de deux kilomètres de la rivière.
Les familles ont toutes réfuté une thèse selon laquelle les jeunes hommes se seraient suicidés.
À lire aussi :
Des témoignages troublants
Lors de la dernière semaine d'audiences, les avocats des familles, de la Nation Nishnawbe Aski et du Bureau de l'intervenant provincial en faveur des enfants et des jeunes de l'Ontario ont présenté un dernier témoignage par écrit comme preuve. Un jeune homme a affirmé sous serment avoir été battu puis jeté dans une rivière en 2008 alors qu'il étudiait à Thunder Bay.
Des allégations de meurtre ont fait surface lors de l'enquête. Trois personnes ont affirmé qu'un jeune homme leur a avoué qu'il était responsable de la mort de Jordan Wabasse. L'homme visé a toutefois nié avoir poussé le jeune Autochtone en bas d'un pont en 2011.
Le jury devrait émettre ses recommandations à la fin juin.
Un nouveau pensionnat autochtone?
Le dernier témoin à avoir pris la parole à l'enquête est Edmund Metatawabin, un survivant du pensionnat autochtone St. Anne à Fort Albany, dans le Grand Nord de l'Ontario. L'institution a un lourd passé : des survivants ont rapporté avoir subi d'importants abus, une chaise électrique était même utilisée sur de jeunes enfants pour les châtier.
Edmund Metatawabin a lancé un cri du coeur, demandant pourquoi les autochtones doivent encore à ce jour quitter le nid familial en quête d'une éducation. Il croit qu'il existe trop peu de services pour assurer la sécurité des jeunes qui vont étudier à l'école secondaire à Thunder Bay.