Fusions des établissements de santé : des cadres à bout de souffle en Estrie

Les Centres intégrés de Santé et de Services sociaux (CIUSSS) célèbreront bientôt leur premier anniversaire. Mais cette réforme ne s'est pas faite sans casser des oeufs : abolition des agences de santé régionales, suppression de postes de cadres, alourdissement des tâches. L'épuisement guette plusieurs employés cadres, selon leur association
Les Centres intégrés de Santé et de Services sociaux (CIUSSS) célèbreront bientôt leur premier anniversaire. Mais cette réforme ne s'est pas faite sans casser des oeufs : abolition des agences de santé régionales, suppression de postes de cadres, alourdissement des tâches. L'épuisement guette plusieurs employés cadres, selon leur association.
« Quand les gens doivent gérer plusieurs sites comme ça, le transport se fait toujours sur le temps personnel. Donc, ils amputent leur vie personnelle, leur vie familiale, ils augmentent le nombre d'heures de travail », déplore Yves Bolduc, président-directeur général de l'Association des gestionnaires des établissements de santé et de services sociaux.
M. Bolduc affirme que les commentaires qu'il recueille sont loin d'être positifs, et il estime qu'avec sa loi 10, le Québec a fait fausse route. En Estrie, 101 centres de santé et de services sociaux ont été regroupés, se soldant par une perte de 150 postes-cadres.
Nés de la réforme du système de santé du ministre Barrette, les CIUSSS visaient « l'intégration régionale des services de santé et des services sociaux, la création d'établissements à mission élargie et l'implantation d'une gestion à deux niveaux hiérarchiques ».
Par ailleurs, M. Bolduc soutient que les services sociaux ont été négligés par la réforme. Les listes d'attente ne cessent de s'allonger.
« Ces services-là, ils ont réussi à prendre leur envol le jour où on les a séparés de la santé en général. Et là, on les ramène à l'intérieur de ce groupe-là. C'est l'inquiétude que j'avais en avril dernier », soutient-il.
Syndiqués en accord avec les cadres
Même son de cloche du côté du président du Syndicat du personnel du Centre jeunesse de l'Estrie, Steve Lemieux, qui souligne que la lourdeur de la tâche décourage les intervenants.
« On constate sur le terrain que chaque dollar qui est maintenant coupé est coupé directement dans les services à la clientèle. On a des délais d'attente qui sont importants au niveau de la première prise en charge des enfants en détresse et leur famille. »
« En fait, ce n'est pas ce que tu fais qui brûle les intervenants, c'est ce que tu n'as pas le temps de faire qui les brûle. »
Le CIUSSS de l'Estrie-CHUS a subi des compressions 30 millions l'an dernier.
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Le CIUSSS de l'Estrie-CHUS conscient des difficultés, mais rassurant
La présidente-directrice générale du CIUSSS de l'Estrie-CHUS, Patricia Gauthier, admet que les cadres ont fait les frais de la réforme, et qu'ils doivent apprendre à gérer à distance. Elle soutient également qu'il faut accompagner et appuyer davantage les cadres dans leur travail, et ajouter de la formation.
Elle se fait toutefois rassurante. La restructuration a été difficile et le pire, selon elle, est passé.
« On est dans une période positive. On devrait avoir des cadres, des gens qui prennent en main leur nouveau service, la nouvelle organisation de services qu'on met en place. »
L'ajout de ressources, soutient-elle, n'est pas la solution. Elle croit plutôt qu'il faut agir en amont des problèmes.