Les tirs policiers, principale cause de décès et de blessures lors d'interventions policières au Québec

Un policier pointe son arme ver la demeure où le suspect demeurait terré.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2016 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une étude réalisée par l'École nationale de police du Québec (ENPQ) à la demande de Québec démontre que les tirs policiers constituent la principale cause de blessures et de décès lors d'interventions policières.
La chercheuse Annie Gendron du Centre de recherche et de développement stratégique de l'ENPQ s'est penchée sur les circonstances de 143 interventions policières pour lesquelles des enquêtes indépendantes ont été menées entre 2006 et 2010. Elle a établi que celles-ci ont souvent en commun qu'elles découlent d'événements imprévisibles, lors d'interventions spontanées auprès d'individus ayant un état de conscience altéré.
En moyenne 3 morts chaque année
En moyenne, à chaque année au Québec, 3,4 individus sont atteints mortellement par des tirs policiers. Ces données sont comparables à celles des autres provinces canadiennes.
La chercheuse de l'ENPQ souligne que les policiers dont le travail fait l'objet d'une enquête indépendante ont généralement eu affaire à « un individu résistant, affecté par des problèmes de santé mentale ou intoxiqué, suicidaire ou encore armé et agressif. »
L'étude en quelques chiffres
- La très grande majorité (79,7 %) des policiers impliqués dans les événements étudiés étaient patrouilleur au moment de l'intervention.
- Près des trois quarts des individus auprès de qui ils ont dû intervenir étaient armés d'une arme blanche ou d'un objet contondant (41,1 %) ou d'une arme à feu (32,8 %).
- Près de 79,3 % des individus impliqués étaient dans un état de conscience altéré par un problème de santé mentale, un état d'intoxication ou les deux au moment des faits.
- Un peu moins de la moitié (46 %) des tirs policiers atteignent la cible visée alors qu'ils se font à une distance moyenne de 4,3 mètres.
- Le quart (25,5 %) des événements avec tir policier impliquent une situation représentant une tentative de suicide par policier interposé.
L'École nationale de police du Québec a déjà modifié le programme de formation initiale qu'elle offre aux aspirants policiers pour qu'elle reflète mieux les réalités présentées par l'étude.
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Les cours de perfectionnement professionnel offerts par l'École ont été enrichis en matière de désescalade et de tir réactif. Les résultats de cette étude ont aussi contribué à l'élaboration d'un programme de formation destiné aux membres du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI).
L'ENPQ a déjà annoncé qu'elle allait poursuivre cette étude avec les dossiers d'enquêtes indépendantes ayant été menées au Québec entre 2011 et 2015 inclusivement.