Radovan Karadzic condamné à 40 ans de prison pour génocide

Reconnu coupable de génocide, l'ancein leader serbe Radovan Karadzic écope de 40 ans de prison.
Photo : ROBIN VAN LONKHUIJSEN
Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie de La Haye (TPIY) condamne l'ex-président des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic à 40 ans de prison en le reconnaissant notamment coupable de génocide pour son implication dans le massacre de Srebrenica de juillet 1995.
Le TPIY a reconnu Karadzic coupable de 10 des 11 chefs d'accusation auxquels il faisait face. Son avocat a déjà annoncé qu'il ferait appel de ce verdict,
Donnant lecture du verdict du procès-fleuve de l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, le président du tribunal, O-Gon Kwon, a déclaré que Karadzic était individuellement responsable du massacre de Srebrenica où 8000 musulmans – hommes et adolescents – ont été tués par des séparatistes bosno-serbes.
Le massacre de Srebrenica
Le 11 juillet 1995, quelques mois avant la fin de la guerre interethnique de 1992-1995, les troupes serbes bosniennes avaient pris le contrôle de Srebrenica, une enclave musulmane en Bosnie orientale proclamée en 1993 « zone protégée » de l'Organisation des Nations unies (ONU).
Quelque 8000 musulmans ont alors été capturés et tués par les forces du général Ratko Mladic. Plus de 25 000 personnes avaient réussi à fuir dans les bois, mais beaucoup ont péri dans les embuscades des soldats bosno-serbes portant des uniformes de l'ONU. Ces massacres sont considérés comme les pires depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le Tribunal a également reconnu Karadzic responsable des 43 mois de siège de Sarajevo au cours desquels 11 500 personnes sont mortes entre 1992 et 1995.
Selon le TPIY, le siège de Sarajevo – au cours duquel les habitants de la ville ont été bombardés et visés par des tireurs embusqués - n'aurait pu se produire sans le soutien de Radovan Karadzic.
L'ancien président séparatiste serbe de Bosnie a également été jugé responsable de crimes contre l'humanité, mais pas de génocide, dans plusieurs municipalités de Bosnie.
Le Tribunal a estimé que les preuves de génocide en lien avec les meurtres commis contre les musulmans et les Croates de Bosnie dans les municipalités de l'ancienne république n'étaient pas suffisamment étayées.
La vérité « respectée »
Pour le procureur du TPIY, le jugement tombé jeudi confirme que « justice a été rendue ».
« Des milliers de personnes sont venues ici raconter leurs expériences et courageusement confronter leurs persécuteurs. Avec cette condamnation, cette vérité a été respectée », a-t-il déclaré par voie de communiqué.
Le journaliste Jean-François Bélanger a fait une série de reportages et un blogue sur la Bosnie en 2010.