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Les dangers du sport pour les mamans après l'accouchement

Des nouvelles mamans ont tendance à se remettre trop rapidement à des activités physiques intenses.

Des nouvelles mamans ont tendance à se remettre trop rapidement à des activités physiques intenses.

Photo : ICI Radio-Canada

Radio-Canada

Un retour trop hâtif à l'activité physique après un accouchement n'est pas sans danger. Beaucoup de mères sont victimes de pertes urinaires et de descentes d'organes, un problème aggravé par une méconnaissance générale du corps humain et un manque d'encadrement.

Un texte de Catherine LanthierTwitterCourriel

Lorsqu'une nouvelle maman quitte l'hôpital, le personnel médical lui suggère généralement de reprendre l'activité physique quatre semaines après l'accouchement, six semaines en cas de césarienne.

Malheureusement, « un manque de suivi flagrant » est observé chez les femmes qui viennent de donner naissance, selon la physiothérapeute spécialisée en rééducation périnéale, Guylaine Déry.

Elles ont tendance à se remettre trop rapidement à des activités physiques intenses, sans être informées des risques. « Il n'y a pas de raison qu'on voit autant de descentes de vessie », estime-t-elle.

N'importe quel cours qui a un titre intimidant sera probablement moins bien adapté à la période initiale postnatale, ce qu'on appelle le quatrième trimestre, la période de trois mois après l'accouchement où le corps a besoin d'attention plus particulière.

Une citation de Andrée-Anne Gagnon, éducatrice en périnatalité

Ces femmes en congé de maternité représentent un marché florissant pour les centres sportifs, qui offrent une grande variété d'activités physiques maman-bébé. Les cours à forte intensité gagnent en popularité, tels que la cardiopoussette et les entraînements en circuit.

La rapidité avec laquelle ces mères en période postnatale se remettent en forme préoccupe de nombreux intervenants du milieu de la santé.

Des fuites qui gênent

Isabelle Faucher

Isabelle Faucher a eu des pertes urinaires.

Photo : ICI Radio-Canada

Isabelle Faucher a appris cette leçon à la dure. Elle s'est remise à l'exercice quatre semaines après son accouchement, soit selon les délais prescrits à l'hôpital.

Elle s'est inscrite à un cours de cardiopoussette, où les mamans sont invitées à courir et faire des sauts. « C'est automatiquement en faisant des sauts que j'ai commencé à avoir des pertes urinaires », raconte-t-elle. « Personnellement, ça me fâche! On va à des cours pour être mises en forme, et nous ne sommes pas informées adéquatement. »

Tu te demandes si tu es seule avec ce problème-là. Mais la majorité des femmes me répondent qu'effectivement, elles ont toutes des serviettes hygiéniques quand elles courent.

Une citation de Isabelle Faucher, maman

Le cas d'Isabelle est loin d'être unique.

La copropriétaire de la clinique Uro-Physio à Gatineau, Guylaine Déry, a récemment dû embaucher deux physiothérapeutes supplémentaires pour répondre à la demande croissante, et déménager dans des locaux plus spacieux. Une centaine de patients y sont traités chaque semaine.

Nombreuses sont les jeunes femmes qui, à leur première visite en clinique, se sentent « découragées, pas normales ». Elles sont aux prises avec des fuites urinaires, ou encore une descente d'organes, le plus souvent de la vessie.

On leur fait faire quelquefois des activités qu'elles ne devraient pas faire tout de suite: des redressements assis, des sprints sur une courte distance. On s'expose à une aggravation de la faiblesse du plancher pelvien et à une descente d'organes.

Une citation de Guylaine Déry, physiothérapeute en rééducation périnéale

Pour remédier à leur problème, ces femmes doivent suivre des séances de physiothérapie en rééducation des muscles du plancher pelvien.

Pour plusieurs, le problème sera réglé après quelques rendez-vous. Pour d'autres, il sera nécessaire d'insérer un pessaire (une prothèse introduite dans le vagin qui soutient les organes) lorsqu'une activité physique avec impact est pratiquée.

Dans les cas plus graves, une intervention chirurgicale sera nécessaire.

Selon des données colligées par l'Institut national de santé publique du Québec, 33 % des femmes souffrent d'incontinence urinaire dans les trois premiers mois suivant l'accouchement.

Celles dont l'incontinence persiste après cette période risquent de voir la situation perdurer plus de cinq ans après et s'exposent à une descente d'organes, particulièrement à la ménopause, lorsqu'un affaiblissement des muscles survient.

Symptômes à ne pas négliger

1. Fuites urinaires

2. Pesanteur dans le bas-ventre

3. Toute douleur dans la région abdominale et pelvienne

4. Sensation de présence dans le vagin (comme un tampon)

Des femmes laissées à elles-mêmes

Jennifer Mitton est omnipraticienne à Gatineau.

Jennifer Mitton est omnipraticienne à Gatineau.

Photo : ICI Radio-Canada

Tout au long de leur grossesse, les futures mamans bénéficient de visites régulières chez leur médecin. Mais une fois l'enfant né, il s'écoule généralement six semaines avant qu'elles obtiennent une visite de suivi.

De l'aveu même d'une omnipraticienne de Gatineau, Jennifer Mitton, trop peu d'importance est accordée à la remise en forme de la nouvelle maman.

On est plus focalisés sur l'allaitement, la santé mentale de la femme, éviter une dépression post-partum... et c'est vrai, on oublie des fois la remise en forme et l'exercice. Les médecins, les sages-femmes, on devrait penser à ça un peu plus.

Une citation de Jennifer Mitton, omnipraticienne

Annie St-Amand s'est elle aussi rapidement remise en forme, en s'inscrivant à un cours de cardiopoussette six semaines après sa césarienne. « Ils en demandaient beaucoup », reconnaît-elle. « Courir, au début, puis faire des sprints, des exercices assez intenses, musculaires, beaucoup de sauts. »

Je n'ai pas senti qu'il y avait des ressources pour nous indiquer comment faire pour se remettre en forme.

Une citation de Annie St-Amand, maman

Ce sentiment est partagé, selon la copropriétaire d'Uro-Physio. Dès ce printemps, la clinique commencera à offrir des cours prénataux.

Une nécessité croit Guylaine Déry, qui estime que davantage de prévention est nécessaire. « Ça a été clairement établi que les exercices du plancher pelvien doivent être supervisés, autrement c'est facile de ne pas bien les faire », dit-elle.

Exemples d'activités à privilégier en période postnatale

  • La marche
  • La nage
  • Le yoga
  • Le Pilates
  • Le vélo

Des approches qui varient

La Sporthèque de Gatineau présente ses cours postnataux comme étant accessibles à toutes les mamans.

La Sporthèque de Gatineau présente ses cours postnataux comme étant accessibles à toutes les mamans.

Photo : ICI Radio-Canada

La Sporthèque de Gatineau présente ses cours postnataux comme étant accessibles à toutes les mamans. Elles « n'ont pas besoin d'être en forme » pour y participer, soutient-on.

Les cours qui procurent un entraînement plus soutenu y sont très populaires. Circuit fit maman bébé, booty maman bébé, cardio poussette : les choix ne manquent pas.

Au début de la session, une feuille informative sur la nutrition et le risque de diastase abdominale (la séparation des muscles abdominaux appelés les grands droits) est distribuée aux participantes.

On va toujours présenter une option où on va faire un mouvement qui est plus absorbé au sol qu'un saut.

Une citation de Nadia Roy-Boucher, directrice des ressources humaines et des programmes, Sporthèque

Le centre sportif de l'Université du Québec en Outaouais (UQO) offre également des activités physiques postnatales. Deux kinésiologues sont présents en tout temps, afin d'éviter les blessures.

Si une partie du groupe est plus forte que l'autre, celui-ci sera séparé en deux pour éviter que les femmes se poussent au-delà de leurs capacités.

On a une formation universitaire, on connaît le corps humain. Je pense que c'est important d'avoir ces connaissances-là pour pouvoir les enseigner.

Une citation de Jessica Saumure, responsable du programme postnatal, Université du Québec en Outaouais

Les formations des entraîneurs responsables d'offrir ces cours varient toutefois d'un endroit à l'autre, d'où l'importance de bien s'informer de leurs compétences, souligne Andrée-Anne Gagnon, qui voit trop de femmes se blesser.

« Les femmes veulent pousser leur corps, ce qui est correct dans la mesure où elles le font accompagnées d'instructeur et d'instructrices qui savent encadrer cette attitude-là. Est-ce que c'est le cas de tout le monde? Non, malheureusement », se désole-t-elle.

Ça me fait bien de la peine de voir des femmes blessées dans une période où justement elles devraient être en train de récupérer.

Une citation de Andrée-Anne Gagnon, éducatrice en périnatalité

Si l'entraîneur a une grande part de responsabilité, celle de la participante n'est pas non plus à négliger : celle-ci ne doit pas hésiter à communiquer son état de santé, afin qu'on lui offre un programme adapté.

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