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Québec défend le retrait de la poursuite contre Air Canada

Le premier ministre du Québec Philippe Couillard a répondu aux questions des journalistes mardi.

Le premier ministre du Québec Philippe Couillard a répondu aux questions des journalistes mardi.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Radio-Canada

Malgré les protestations des partis d'opposition, le premier ministre Philippe Couillard défend son intention de se désister de la poursuite intentée contre Air Canada au sujet d'Aveos si le transporteur achète des appareils C Series de Bombardier et met sur pied un centre d'entretien lourd pour ses appareils au Québec.

« La seule façon de conserver les emplois de l'aéronautique à Montréal, de faire croître l'industrie aéronautique à Montréal, c'est de confirmer les commandes pour la Série C », a-t-il soutenu mardi. « Maintenant, notre recours juridique n'est pas levé encore. On doit avoir confirmation sur le centre d'entretien ou d'excellence des Série C. »

Pressé de questions par les journalistes, le premier ministre a réitéré son argument voulant que « les recours juridiques ne créent pas d'emplois ».

« C'est une illusion presque cruelle de laisser penser aux gens qui auparavant travaillaient chez Aveos que si le recours juridique, éventuellement, allait dans la direction souhaitée, qu'ils retrouveraient leur emploi. Ce n'est tout simplement pas comme ça que ça arriverait », a-t-il fait valoir.

On va insister pour que le gros de l'industrie aéronautique reste à Montréal. Je dirais dans la CMM [Communauté métropolitaine de Montréal]. Considérons Mirabel comme faisant partie du noyau aéronautique de Montréal.

Une citation de Philippe Couillard, premier ministre du Québec

Le premier ministre a prévenu par ailleurs que son gouvernement n'avait pas le pouvoir d'exiger le nombre d'employés à embaucher pour les besoins d'entretien des avions Bombardier.

Québec et Air Canada suspendent les hostilités devant la Cour suprême

Un avis publié par la Cour suprême indique que le gouvernement du Québec et Air Canada ont convenu de suspendre les procédures qui les opposent devant dans le dossier Aveos. « Une entente est survenue entre les deux parties pour reporter la décision sur la demande d'autorisation d'appel jusqu'au 15 juillet 2016 », lit-on dans le registre du plus haut tribunal du pays.

Un « marché de dupes », dénonce Legault

Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, soutient pour sa part que le gouvernement Couillard est en voie de conclure un « marché de dupes » dans ce dossier, et que cette décision serait « lourde de conséquences ».

À l'heure actuelle, le seul entretien lourd effectué sur des appareils d'Air Canada au Québec concerne 45 avions Embraer, a souligné M. Legault. Cet entretien s'effectue chez Premier Aviation, à Trois-Rivières, qui emploie 200 personnes.

Or, selon lui, les 45 appareils C Series qu'Air Canada pense acheter remplaceraient précisément les Embraer. Il estime donc que le Québec ne gagne rien en matière d'emploi avec cet échange.

Le chef de la CAQ affirme en outre avoir appris que la compagnie Lufthansa Technik souhaite également ouvrir un centre d'entretien lourd pour les appareils C Series à Hambourg, en Allemagne, où elle est basée. Il dit avoir été informé de cette volonté lors d'une visite dans les locaux de l'entreprise l'an dernier.

« Quand on tient compte du fait que les 200 emplois sur les Embraer vont être transférés par 200 emplois sur la Série C, et qu'il n'y aucune garantie que les autres emplois seront créés, ça veut dire dans le fond qu'on échange 1800 emplois de qualité contre du vent, contre des emplois hypothétiques », a-t-il affirmé.

C'est un peu comme si le Canadien échangeait P.K. Subban contre un choix de 3e ronde. Ça ne tient pas debout. L'échange, dans la balance, ne fait pas de sens.

Une citation de François Legault, chef de la Coalition avenir Québec

Empêcher Ottawa de modifier la loi sur Air Canada

M. Legault a par ailleurs annoncé le dépôt cet après-midi d'une motion pour demander à Ottawa de ne pas modifier la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada. C'est cette loi, adoptée en 1988, qui stipule que l'entretien lourd des appareils du transporteur doit s'effectuer au Québec.

« Pour que la poursuite du Québec fonctionne, il faut évidemment que la loi d'Air Canada à Ottawa ne soit pas modifiée », a soutenu le chef de la CAQ. « On doit protéger les obligations d'avoir un centre d'entretien pour les avions d'Air Canada. »

« On a vu la semaine passée que Philippe Couillard s'est fait rouler dans la farine », a conclu M. Legault. « J'espère qu'aujourd'hui il ne va pas s'écraser comme un crêpe face au fédéral. Il faut qu'il se tienne debout pour être capable de défendre notre dossier. »

Le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a aussi critiqué une fois de plus les intentions du gouvernement, prêt à « abandonner » une poursuite en échange des « vagues promesses » d'Air Canada.

« Comment pouvons-nous véritablement faire confiance à une compagnie qui n'a même pas appliqué la loi? » a-t-il lancé.

C'est la démission du gouvernement de Philippe Couillard en matière économique.

Une citation de Pierre Karl Péladeau

M. Péladeau déplore aussi la volonté du ministre Garneau de modifier la loi d'Air Canada. « On changerait la loi pourquoi? Pour faire en sorte dans le fond que ce qui était illégal devienne légal? Il semble que ça soit ça le stratagème », a-t-il dénoncé.

Amir Khadir dénonce « du chantage »

Enfin, Québec solidaire, par la voie du député de Mercier Amir Khadir, a demandé au gouvernement du Québec de poursuivre les procédures judiciaires contre Air Canada. De ne pas le faire risquerait de créer un « dangereux précédent », dit M. Khadir, puisque cela pourrait envoyer « le message aux entreprises qu'il n'y a aucune conséquence si elles ne respectent pas leurs obligations envers le gouvernement du Québec et sa population ».

Sommes-nous dans une république de banane pour admettre un tel chantage? Ce n'est plus M. Trudeau qui décide? Ce n'est plus M. Couillard qui décide? On ne doit pas laisser le lobby des gros bonnets comme les Bombardier, Air Canada, Uber et TransCanada de ce monde décider à la place du gouvernement.

Une citation de Amir Khadir, député de Mercier pour Québec solidaire

« Pourquoi se mettent-ils tous contre nous? » - Jean Poirier

L'ancien représentant du syndicat des employés d'Aveos, Jean Poirier, compte se rendre à l'Assemblée nationale, à Québec, mercredi, avec un petit groupe d'ex-employés d'Aveos. Son but? Demander aux partis d'opposition de concentrer leurs efforts sur un seul dossier : « la perte d'emplois au Québec, de 2000 jobs », dit-il.

En entrevue sur les ondes d'ICI RDI, mardi matin, M. Poirier a expliqué qu'une association regroupant d'anciens employés d'Aveos vient tout juste d'être créée pour poursuivre la bataille au plan juridique. Cette association n'exclut pas d'intenter un recours collectif. 

M. Poirier dénonce aussi le fait que la mairie de Montréal, le gouvernement de Philippe Couillard et le gouvernement fédéral misent autant sur l'existence d'un éventuel centre d'excellence qu'instaurerait Air Canada au Québec. Ce ne sont pas, dit-il, « des emplois qui vont arriver ». Jean Poirier s'insurge de la prise de position « hors-la-loi » de ces trois paliers de gouvernement : « Pourquoi se mettent-ils tous contre nous autres? » demande-t-il.

Je ne veux pas d'un Aveos numéro 2, je veux que les centres de révision, tel que c'est dit dans la loi, soient rouverts à Montréal. C'est ça. On a une loi claire. Air Canada est privatisée, mais était publique, et ces centres-là, ces emplois-là, devaient rester ici.

Une citation de Jean Poirier, ex-représentant du Syndicat des employés d'Aveos

Enfin, M.Poirier considère que le maire de Montréal, Denis Coderre, vient « de rejoindre le club de ses anciens amis libéraux, tant fédéraux que provinciaux ». Il affirme qu'auparavant, il s'entendait avec M. Coderre sur le fait qu'il faille ramener à Montréal « le centre de révision, les emplois et les 403 avions qui sont à l'extérieur ». Or, à son avis, le maire a changé de discours. « Écoutez-moi, je n'attends plus après M. Coderre », de conclure Jean Poirier.

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