Plaidoyer pour un centre d'injection supervisée

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Prenez note que cet article publié en 2016 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des chercheurs et spécialistes en toxicomanie se disent convaincus plus que jamais de la nécessité d'implanter un centre d'injection supervisée à Québec et dans d'autres villes canadiennes.
L'École de service social de l'Université Laval en collaboration avec la Faculté de médecine présentera, mardi soir, une conférence portant sur le sujet.
Le conférencier principal et médecin résident en santé publique, David-Martin Milot, souhaite démystifier les craintes qui existent au sein de la population sur l'implantation de tel centre. Des solutions existent pour amoindrir les conséquences dans les quartiers, plaide le spécialiste.
À Montréal, par exemple, la proposition à l'étude consiste à implanter trois sites fixes et un site mobile pour répartir les services. « Ça va permettre d'améliorer l'accès aux services, mais aussi ça va faire qu'en ayant plusieurs sites, il n'y aura pas de concentration vraiment des usagers de drogue par injection », explique-t-il.
La nécessité d'offrir de tels services aux toxicomanes ne fait aucun doute, affirme David-Martin Milto. Un premier centre d'injection supervisée a été inauguré en Suisse en 1986 et au Canada, à Vancouver, en 2003.
« Au Canada, on a eu la chance de faire une étude sur les avantages d'avoir un service supervisé. Et en effet, on a vu qu'il y avait une diminution de l'hépatite C, une diminution du VIH et aussi une diminution de la mortalité par surdose. »
David-Martin Milto croit que c'est une question de temps avant que l'idée fasse son chemin.
« Comme plusieurs interventions de santé publique en fait, au début il y a quand même de l'opposition assez forte. Et après ça, avec le temps, on se rend compte que ce n'est pas si pire. »
En 2011, la Cour suprême du Canada a confirmé la légalité des services d'injection supervisée dans un jugement unanime concernant le centre d'injection Insite à Vancouver. La Cour a statué qu'il s'agissait d'une question de santé publique et non de sécurité.
Des études favorables
Il y a un an, un rapport réalisé par un comité de travail coordonné par le Centre de santé et de services sociaux recommandait l'implantation d'un centre d'injection supervisée pour toxicomanes à Québec.
On estimait alors à 900 le nombre d'utilisateurs de drogue par injection à Québec, des personnes qui ne fréquentent pas pour la plupart les établissements de santé traditionnels.
L'organisme MIELS-Québec, qui vient en aide aux porteurs du VIH, milite depuis plusieurs années pour l'implantation d'un centre d'injection supervisée.
La conférence portant sur le sujet sera présentée ce soir, dès 19 h, au pavillon Ferdinand-Vandry de l'Université Laval.