Enquête sur des allégations d'agressions sexuelles dans une communauté mennonite

Emma (à gauche) et Anna Marquart ont quitté la communauté mennonite du Vieil Ordre en 2013.
Photo : CBC
La Gendarmerie royale du Canada enquête sur des allégations d'agression sexuelle dans une communauté du Vieil Ordre mennonite au Manitoba.
Anna Marquart, 26 ans, et sa soeur Emma, 24 ans, ont quitté la communauté profondément religieuse en 2013.
Les deux femmes affirment avoir été victimes de nombreuses agressions sexuelles depuis leur jeune enfance.
Anna Marquart raconte que son premier souvenir d'agression remonte à lorsqu'elle avait quatre ou cinq ans, lorsqu'elle a été forcée de faire une fellation à un membre de sa famille. La pénétration anale a commencé quand elle avait dix ans.
« C'était tellement pénible que je suis presque tombée sans connaissance et j'ai vomi. On n'avait pas le droit de voir un médecin alors on devait souffrir notre douleur. »
Emma se souvient d'avoir été forcée de faire une fellation à un membre de sa famille lorsqu'elle avait cinq ans; ça s'est produit dans la salle de bains de l'église de leur congrégation en Ontario.
« Je m'en souviens encore parce que ça puait tellement que j'ai presque vomi », dit Emma.
Les agressions se sont poursuivies sur plusieurs années, avec des hommes différents. Emma dit qu'elle a été victime d'un viol collectif quand elle avait 14 ans, alors qu'elle était enceinte.
Comme elle ne savait pas qui était le père de son enfant, sa grossesse a été interrompue. « Ils m'ont donné quelque chose et, quand je me suis réveillée, mon ventre était plus petit et il y avait beaucoup de sang. »
Forcée à se prostituer
Selon Emma, les agressions qui ont commencé alors que les femmes vivaient en Ontario se sont intensifiées après qu'elles eurent déménagé au Manitoba en 2006.
Emma raconte qu'elle a été prostituée aux hommes de la région et qu'on l'emmenait dans un atelier ou une remise pour qu'elle se livre à des actes sexuels. Les hommes promettaient de payer, mais elle n'a jamais reçu d'argent.
« Je haïssais ça. Je me débattais autant que je pouvais. Mais si tu te débattais jusqu'à ce que tu te fatigues, il ne te restait plus de forces. Tu te faisais battre. »
Emma dit qu'elle est tombée enceinte une deuxième fois, après avoir été violée par un membre de sa famille. Elle a donné naissance à une petite fille, qui lui a été enlevée à la naissance. Emma dit que la fillette vit encore dans la communauté, mais qu'on lui fait croire qu'elle est l'enfant d'un autre couple.
« Je suis prête à passer un test d'ADN. J'aime ma fille et j'aimerais qu'elle ait une meilleure vie », dit-elle.
Les deux femmes ont présenté des rapports détaillés à la GRC, qui a ouvert une enquête. « Ce cas spécifique comporte son lot de défis, dit le sergent Bert Paquet. Mais comme c'est le cas avec n'importe quelle enquête, une fois qu'elle sera complétée, nous consulterons la Couronne pour déterminer si des accusations seront portées ou non. De nombreuses démarches d'enquête doivent être prises avant d'en arriver à une décision. »
Les dirigeants de la communauté du Vieil Ordre mennonite du Manitoba n'ont pas voulu commenter. Aucune des allégations n'ont été prouvées devant un tribunal.
Selon un texte de Karen Pauls