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La présence d'amiante dans un édifice fédéral surprend plusieurs employés

L'immeuble de l’Agence du revenu du Canada (à gauche), des canalisations entourées d'isolant (en haut à droit) et un revêtement dans le plafond (en bas à droite) faits d'amiante.

L'immeuble de l’Agence du revenu du Canada (à gauche), des canalisations entourées d'isolant (en haut à droit) et un revêtement dans le plafond (en bas à droite) faits d'amiante.

Photo : ICI Radio-Canada/Gouvernement du Canada

Radio-Canada

Des employés de l'Agence du revenu du Canada (ARC) à Ottawa ont été très surpris d'apprendre que leurs gestionnaires ne les aient pas prévenus qu'ils ont été exposés pendant plusieurs années à de l'amiante qui se trouvait dans le plafond de leur lieu de travail.

Plusieurs travailleurs du service des technologies de l'information (TI) soutiennent qu'ils ont découvert le pot aux roses en consultant un site d'appel d'offres, le 31 décembre dernier.

Le contrat portait sur le nettoyage de matériaux contenant de l'amiante, plus précisément de l'isolant entourant des canalisations dans le plafond du siège social de l'ARC au 875, chemin Heron.

Les employés savaient qu'il y avait de l'amiante à certains endroits dans l'immeuble, mais ils ne savaient pas que le secteur où ils travaillaient était concerné.

Ils soutiennent par ailleurs avoir été mis au courant de la présence d'amiante dans l'immeuble qu'en avril 2015, à la suite de la diffusion du témoignage de l'ancien électricien de l'ARC, Denis Lapointe.

Les allégations de ce dernier font actuellement l'objet d'une enquête de la part du ministère fédéral du Travail.

« S'il n'y avait pas eu Denis, nous n'aurions rien su de tout cela », a déclaré un travailleur des TI, sous le couvert de l'anonymat.

Des dizaines d'entre eux s'apprêtent à déposer des plaintes formelles auprès du ministère en raison des menaces que représenterait cette exposition pour leur santé et leur sécurité. Certains croient qu'ils ont été exposés de façon prolongée à l'amiante, pendant des décennies.

Beaucoup d'employés touchés

Un travailleur des TI, qui ne veut pas être nommé par crainte de perdre son emploi, est perturbé par le fait que ses gestionnaires n'aient pas mis ses collègues et lui au courant, malgré leurs questions répétées.

« La gestion ne veut pas reconnaître que nous avons travaillé dans un environnement dangereux. Cela touche beaucoup de gens », estime-t-il.

Les employés étaient souvent recouverts de débris et de poussière. Au fil des ans, ils ont à plusieurs reprises dû ôter les revêtements exposés pour installer ou réparer des câbles internet dans le plafond.

Bien qu'ils n'aient pas eu à effectuer ses tâches récemment, ils se posent des questions au sujet des entrepreneurs privés qui dorénavant sous-traitent une bonne partie du travail.

« Nous devions couper [le revêtement] et attacher directement les câbles à l'intérieur des canalisations. Nous savons maintenant que ce que nous coupions était de l'amiante », réalise l'employé.

Pas de protections particulières

Les documents de l'appel d'offres stipulent que le matériel qui recouvrait les tuyaux contenait 5 % d'amiante chrysotile.

« On nous disait qu'il n'y avait aucune raison pour porter des gants, des masques ou des chapeaux », souligne pourtant l'employé.

Les travailleurs des TI ouvraient même régulièrement les plafonds alors que des employés de bureau étaient présents dans les locaux de l'ARC.

Certains techniciens, qui ont eu à œuvrer dans des environnements poussiéreux, disent avoir souffert de divers problèmes de santé et ils ont l'intention d'en faire état dans des plaintes qui seront déposées prochainement.

« Nous avons eu des saignements au nez importants », raconte un travailleur. Ces symptômes pouvaient s'accompagner d'une toux persistante, selon lui.

L'ARC se défend

Services publics et Approvisionnement Canada (anciennement Travaux publics Canada) est le propriétaire de l'immeuble.

Le ministère a décliné toute demande d'entrevue et s'est fendu d'une déclaration écrite stipulant que « Services publics et Approvisionnement Canada était au courant de la présence d'amiante. Cette information a été transmise à l'occupant. »

L'occupant en question, c'est l'ARC, qui est tenu légalement d'informer ses employés du risque potentiel d'exposition à l'amiante. Dans un premier temps, l'Agence a refusé de commenter le dossier et toute demande d'entrevue a été déclinée.

Mais mercredi soir, le porte-parole de l'ARC, Philippe Brideau a envoyé une déclaration par courriel précisant que les employés du 875, chemin Heron, avaient été avertis de la situation « à plusieurs reprises » depuis 1998.

En septembre 2015, « un communiqué a été envoyé aux employés et des experts ont été invités à assister à des séances d'information du personnel pour répondre aux questions sur l'amiante », dit M. Brideau dans sa déclaration.

Selon lui, de l'information détaillée a été fournie à cette occasion sur l'emplacement de l'amiante, les raisons de son utilisation, comment il était surveillé et les règles de sécurité entourant sa manipulation.

Les syndicats perplexes

Les travailleurs des TI relèvent de l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada, tandis que les techniciens sont représentés par l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC).

Le responsable de la santé et de la sécurité de l'AFPC, Denis St. Jean, affirme que le gouvernement a l'obligation morale de fournir toute l'information dont il dispose sur l'exposition potentielle des travailleurs actuels et anciens à l'amiante.

« Si j'ai des preuves qu'il y a de l'amiante dans un bâtiment où je demande à des employés de travailler et qu'ils se demandent si, oui ou non, ils ont été exposés, il est de la responsabilité de l'employeur de partager avec diligence cette information », précise-t-il.

Le nettoyage de l'amiante est en cours dans diverses zones de l'immeuble. Un avis envoyé au personnel à la mi-janvier a annoncé « une mesure corrective mineure de substance désignée et de matières dangereuses dans l'établissement du chemin Heron, entre le 1er novembre 2015 et le 31 janvier 2016. »

D'après un reportage de Julie Ireton

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