Le combat contre le saumon d’élevage voyage jusqu’en Norvège

Les saumons sauvage risquent de contracter la maladie du pou du saumon en migrant près d'enclos de saumons d'élevage
Photo : CBC
Une délégation composée du groupe de défense de l'environnement Clayoquot Action et d'un représentant des Premières Nations Ahousaht et Kelsemaht part de Tofino, sur l'île de Vancouver, pour se rendre en Norvège afin de dénoncer « la pollution des eaux britanno-colombiennes » par la compagnie norvégienne Cermaq.
« Sortez vos fermes piscicoles polluantes des eaux encore intactes de la baie Clayoquot! » Le message de la délégation est sans équivoque. Cette zone située sur la côte ouest de l'île de Vancouver, à la hauteur de la petite ville touristique de Tofino, compte 20 sites d'élevage de saumons à filets ouverts, dont une quinzaine appartiennent au géant Cermaq. Des saumons de l'Atlantique, et donc non natifs du Pacifique, y sont cultivés en masse.
« Il y a de gros problèmes sanitaires liés à l'engraissement de ces saumons qui ne sont séparés de l'environnement naturel que par des filets ouverts », explique Clayoquot Action dans un communiqué de presse. « Les fermes d'élevage amplifient les agents pathogènes comme les poux de mer ou les virus, mettant ainsi les stocks de saumons sauvages locaux en danger », poursuit le groupe, qui affirme que la contamination décime les populations de saumons au Canada, mais aussi en Norvège et en Écosse.
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« Reconstruire l'économie autour du saumon sauvage »
« L'élevage de saumons est une industrie mondiale originaire de Norvège. Les acteurs du secteur ont l'intention de quadrupler les exploitations en Colombie-Britannique. Il est temps de sortir les fermes d'élevage de la baie Clayoquot et de reconstruire l'économie autour du saumon sauvage », lance Bonny Glambeck, l'un des membres de la délégation et porte-parole de Clayoquot Action.
Il sera accompagné dans son voyage en Norvège de Dan Lewis, également de Clayoquot Action, et de John Rampanen, citoyen des Premières Nations Ahousaht et Keltsmaht.
L'opposition farouche à l'élevage de saumons dure depuis plusieurs mois. En septembre dernier, des membres de la Première Nation Ahousaht, soutenus par Clayoquot Action, ont même occupé une ferme appartenant à Cermaq en pleine mer à Yaakswiis au nord de Tofino, afin de protester contre les pratiques de la compagnie norvégienne. Ils demandent l'arrêt total et le démantèlement des fermes d'élevage des saumons.
Accord entre Cermaq et les Premières Nations
Cependant, Cermaq a signé une entente avec le conseil de bande et le chef héréditaire de la Nation Ahousat en 2010, leur permettant d'exploiter jusqu'à 16 sites d'aquaculture en échange de compensations financières et d'offres d'emplois. Et une porte-parole du ministère fédéral des Pêches et Océans souligne que l'octroi de ce permis a été appuyé par écrit par le chef de la nation Ahousaht.
Les membres protestataires de la nation Ahousaht réfutent, pour leur part, la validité de cette entente conclue, selon eux, sans consultations suffisantes avec les communautés autochtones concernées.
La délégation, qui souhaite profiter de son voyage pour former des alliances et récolter des soutiens scientifiques, politiques et populaires contre Cermaq, se rendra à Oslo, pour déposer une pétition, à Bergen, la capitale mondiale du secteur des saumons d'élevage, et à Atla, pour participer à une conférence.
We're delivering this petition to #Norway. It's time to divest from dirty #FishFarm #salmon https://t.co/dRSND3dX0Z pic.twitter.com/WnhP4eRR0c
— Clayoquot Action (@ClayoquotAction) 25 Janvier 2016