Fermeture du centre Shepody : où iront les cas lourds ?

Le reportage de Serge Bouchard
À quelques semaines du changement de vocation prévu au Centre de rétablissement de Shepody, qui offre des traitements en santé mentale aux prisonniers, on ne sait toujours pas ce qu'il adviendra de certains cas lourds qui y sont traités, notamment les prisonniers considérés non criminellement responsables en raison de leur état mental.
Le pénitencier de Dorchester au Nouveau-Brunswick abrite depuis une vingtaine d'années le centre de rétablissement Shepody, un hôpital psychiatrique pour les détenus souffrant de problèmes de santé mentale, mais le centre doit changer de vocation à la fin du mois de mars.
De la quarantaine de lits qui existent actuellement au centre, seulement cinq survivront au changement de vocation annoncé l'an dernier, alors que plusieurs autres services seront sévèrement amputés.
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La province doit maintenant trouver une place pour les prisonniers reconnus non criminellement responsables de leur crime. L'exemple le plus connu : Gregory Allen Després qui a sauvagement tué un couple de personnes âgées à Minto, en 2005.
L'une des options envisagées est le nouveau Centre hospitalier Restigouche inauguré à Campbellton, l'automne dernier.
« Comme l'hôpital psychiatrique est équipé présentement, il ne serait pas en mesure d'accommoder ces personnes-là », croit cependant le ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick, Victor Boudreau.
Alors qu'il était dans l'opposition, le député fédéral Dominic Leblanc s'était insurgé contre les changements annoncés par les conservateurs. Il est aujourd'hui leader parlementaire du gouvernement à Ottawa, mais il n'a pas réussi à faire infirmer la décision.
« Il y a plusieurs dossiers, dont celui-là, qui pour moi sont prioritaires », explique Dominic LeBlanc.
« On regarde différentes options, mais tant et aussi longtemps qu'une décision finale n'est pas prise , je ne pense pas que ce serait prudent d'en parler publiquement », ajoute Victor Boudreau.
L'incompréhension règne toujours
Pendant que les deux gouvernements tergiversent, l'ancien directeur du centre Luc Doucet n'arrive toujours pas à comprendre les changements annoncés par l'ancien gouvernement conservateur.
« Comment est-ce qu'on peut améliorer les services quand on coupe 90% des lits et qu'on réduit les heures de service à la clientèle. J'en doute énormément. On ne peut pas faire plus avec moins », s'exclame Luc Doucet.
Malgré tout, il continue à espérer un changement de cap. « J'ose croire que le nouveau gouvernement va regarder ce qui était fait des années passées pour corriger le tir et offrir des services de qualité », explique-t-il.
Avec les informations de Serge Bouchard