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Séquençage d'ADN : les dessous du combat du Réseau Horizon pour obtenir son laboratoire

Le reportage de Michel Nogue

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2016 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

L'opposition du gouvernement du Nouveau-Brunswick à l'achat d'équipements de séquençage d'ADN pour l'hôpital régional de Saint-Jean, l'an dernier, a mené à des échanges de courriels intenses, en coulisse, pour lui faire changer d'idée.

Le réseau anglais de Radio-Canada a obtenu des centaines de pages de courriels qui détaillent ces échanges, grâce à la Loi sur le droit à l'information.

Un service en double

Le ministre de la Santé Victor Boudreau a opposé son veto à l'achat de ces équipements en mars dernier, même si leur coût - 900 000 $ - devait être assumé entièrement par la fondation de l'hôpital de Saint-Jean.

Le gouvernement estimait que ces équipements auraient fait double emploi avec ceux de l'Institut Atlantique de recherche sur le cancer (IARC). L'Institut avait obtenu le même type d'appareils plus d'une année plus tôt grâce à des fonds des gouvernements fédéral et provincial. Ils avaient une capacité suffisante pour faire tous les tests de séquençage d'ADN dans la province.

Les documents obtenus par CBC indiquent que le PDG du Réseau Horizon, John McGarry, a commencé à poser des questions dès l'annonce de la campagne de financement de la fondation de l'hôpital de Saint-Jean, en décembre 2013.

En répondant à un courriel de Daryl Steeves, directeur régional des services de laboratoire à Horizon, qui décrit le projet d'achat, il écrit qu'il s'apprête à rencontrer des gens de l'IARC pour discuter de leurs appareils de séquençage.

« S'agit-il des mêmes que vous décrivez », écrit-il. « D'après votre description, ça s' en rapproche », répond Daryl Steeves.

John McGarry avait été recruté comme PDG du Réseau Horizon plus tôt en 2013, avec le mandat de travailler de près avec le PDG du Réseau de santé Vitalité de l'époque, Rino Volpé, pour accroître la coopération entre les deux réseaux et chercher à réduire les dépenses.

Malgré tout, la campagne de financement s'est poursuivie, même si l'achat des nouveaux équipements était loin de faire l'unanimité, même au sein du Réseau Horizon.

Institut Atlantique de recherche sur le cancer
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Rodney Ouellette, président-directeur général de l'Institut Atlantique de recherche sur le cancer

Photo : Michel Nogue/Radio-Canada

En février 2014, le directeur de l'IARC, le Dr Rodney Ouellette, avait écrit à un grand nombre de médecins du Réseau pour leur dire que le laboratoire de l'Institut acceptait des échantillons à des fins d'analyse.

À la suite de ce courriel, l'un de ces médecins, le Dr Louis Cartier, de Miramichi, a écrit à l'un des dirigeants du Réseau Horizon pour lui demander comment concilier cette offre avec la campagne lancée à Saint-Jean. « Est-ce que c'est complémentaire ou est-ce qu'on va offrir le même service en double? »

« Wow, je ne peux pas croire ce qui est en train de se passer »

Des dirigeants du Réseau de santé Vitalité ont posé les mêmes questions.

« Wow, je ne peux pas croire ce qui est en train de se passer, écrit Stéphane Legacy, un vice-président du Réseau Vitalité, à deux fonctionnaires du ministère de la Santé. Nous avons à Moncton l'équipement, le personnel, notre calibrage est complété. Et maintenant, notre gouvernement ou Saint-Jean décident d'offrir en double de l'équipement très coûteux, du personnel et de l'expertise à Saint-Jean. »

Le Réseau Horizon et les médecins tenaient à leurs appareils de séquençage. Ils estimaient que les soins aux patients en seraient améliorés, ainsi que les capacités de l'hôpital de Saint-Jean en matière de recherche médicale. Ces appareils peuvent notamment servir à déterminer le risque de contracter un cancer.

Le veto déclenche une tempête

Lorsque le ministre Boudreau interdit l'achat des appareils, en mars 2015, il déclenche toute une tempête.

Le Dr John Dornan, chef du personnel médical à l'hôpital de Saint-Jean
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Le Dr John Dornan, chef du personnel médical à l'hôpital de Saint-Jean

Photo : CBC

Le chef du personnel médical à l'hôpital de Saint-Jean, le Dr John Dornan, écrit alors dans un courriel : « Dites-moi que c'est un poisson d'avril! »

Le Dr David Marr, directeur médical du réseau Horizon pour la zone de Saint-Jean, demande à la directrice générale du Réseau pour Saint-Jean, Brenda Kinney, de préparer une analyse de rentabilité pour prouver au gouvernement Gallant que l'achat d'appareils à Saint-Jean est justifié.

Elle réplique toutefois dans un courriel que les chiffres pour appuyer les arguments du Réseau sont inexistants.

Le Réseau Horizon s'est alors activée à faire des calculs pour tenter de prouver que l'hôpital de Saint-Jean pourrait faire des tests de séquençage pour moins cher qu'il en coûterait d'envoyer ses échantillons à Moncton.

Il a estimé à 900 $ le coût d'envoyer des échantillons à Moncton, comparativement à une facture de 650 $ si ces mêmes échantillons étaient envoyés à Halifax, par exemple. L'IARC a contesté ces chiffres.

Les pressions deviennent plus fortes

Les pressions de sont accentuées lorsque le veto du ministre Boudreau a été rendu public en juin 2015. Le Dr John Dornan écrit directement au ministre Boudreau à deux reprises, en juin 2015, pour tente de trouver un terrain d'entente.

Il propose un compromis selon lequel des échantillons seraient envoyés au laboratoire de l'IARC, même si Saint-Jean obtenait son propre laboratoire, pour aider l'IARC à « atteindre son minimum de 1300 échantillons par année ».

Il fait valoir que la demande pour les tests de séquençage d'ADN est en augmentation dans la province.

Brian Gallant
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Brian Gallant, premier ministre du Nouveau-Brunswick

Photo : ICI Radio-Canada/Étienne Dumont

Deux jours après le deuxième courriel, le premier ministre Gallant se rendait à Saint-Jean pour annoncer que son gouvernement avait changé d'idée. Le Réseau Horizon était autorisé à acheter les appareils de séquençage.

Depuis son annonce, toutefois, le dossier a peu évolué. L'Institut Atlantique de recherche sur le cancer continue de faire des tests de séquençage pour les hôpitaux du Réseau Horizon à Moncton et à Fredericton.

La fondation de l'hôpital de Saint-Jean n'a toujours pas acheté les appareils qui ont déclenché la polémique, mais elle précise qu'elle le fera incessamment.

D'autre part, un comité mixte a été établi pour tenter d'éviter les chevauchements dans l'offre de services des réseaux Horizon et Vitalité. Les travaux de ce comité n'ont toutefois pas encore débouché sur une entente formelle.

Les réseaux Horizon et Vitalité ont refusé toutes demandes d'entrevue sur ce sujet. Seul le Dr Dornan s'est exprimé.

Le Dr Rodney Ouellette, de l'Institut Atlantique de recherche sur le cancer, a émis une courte déclaration, où il précise. « Je n'ai rien à changer par rapport à ce que j'ai dit à l'époque par rapport au volume, puis aux prix et ainsi de suite. Il n'y a rien qui a changé. »

D'après un reportage de Jacques Poitras, CBC

Avec les informations de CBC

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