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Santé mentale : l'hospitalisation contre le gré du patient critiquée

Santé mentale

Photo : luxorphoto

Radio-Canada

Des citoyens et des organisations qui défendent les personnes atteintes de maladies mentales dénoncent la violation des droits des personnes hospitalisées contre leur gré en vertu de la loi québécoise P-38. Cette loi d'exception qui vise en principe à protéger les personnes dont l'état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui ne serait pas toujours respectée.

Un texte de Marie-France Abastado Courriel 

Marie-Hélène Panisset a été internée contre son gré pendant trois semaines, et elle en garde un très mauvais souvenir. Il y a cinq ans, après plusieurs nuits consécutives d'insomnie, elle se présente à l'urgence de l'hôpital Douglas, à Montréal, en espérant qu'on lui donne de quoi trouver le sommeil.

Mais les événements prennent une tournure inattendue quand, au grand désarroi de sa mère et de son conjoint, elle est hospitalisée pour une évaluation psychiatrique contre son gré.

Ma mère s'énervait, mon chum n'était pas content. Ils ont été priés de partir et tout ce que je sais, c'est que le lendemain matin, je me suis retrouvée aux soins intensifs de l'hôpital psychiatrique.

Une citation de Marie-Hélène Panisset

Marie-Hélène Panisset venait en fait de tomber sous le coup de la loi P-38, une loi qui permet d'interner quelqu'un pour lui faire subir une évaluation psychiatrique contre sa volonté. Cette loi d'exception vise en principe à protéger les personnes dont l'état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui.

La semaine dernière, nous vous parlions des familles qui ont recours à la loi P-38 pour hospitaliser contre son gré un proche qui souffre de maladie mentale. Cliquez ici pour voir cet article.

La loi mal appliquée?

Cependant, leurs droits sont parfois bafoués. La loi P-38 n'est pas toujours respectée et les hospitalisations forcées seraient en hausse, selon des groupes de défense des personnes atteintes de maladies mentales.

Au palais de justice, on constate chaque année une augmentation du nombre de requêtes de garde en établissement. En 1999, il y en avait 1600, en 2014, on est à 3000.

Une citation de Ghislain Goulet, de l'organisme Action Autonomie

L'organisme Action Autonomie (Collectif de défense des droits en santé mentale de Montréal) renseigne les malades sur la loi P-38 et sur ce qu'ils peuvent faire si jamais ils sont hospitalisés contre leur gré en vertu de cette loi.

L'organisme recueille également depuis des années des informations sur l'application de la loi P-38. Un travail qu'il lui a bien fallu faire, puisque le ministère de la Santé et des Services sociaux ne s'en est jamais occupé. Et ce, malgré les remontrances du Protecteur du citoyen qui, dans un rapport spécial en 2011, a souligné les nombreux écarts entre la loi et son application. Les problèmes qui y sont soulevés recoupent en grande partie ce que le collectif Action-Autonomie a constaté.

Cliquez ici (Nouvelle fenêtre) pour consulter le rapport spécial du Protecteur du citoyen.

Quels droits ont les malades?

Ghislain Goulet déplore aussi que les médecins incitent les personnes visées à ne pas faire valoir leurs droits. Écoutez ci-dessous le témoignage de Marie-Hélène Panisset à ce sujet.

Le médecin m'a demandé si j'avais reçu les papiers de la cour. J'ai dit : "Oui, pouvez-vous m'expliquer c'est quoi cette affaire-là?" Et il m'a dit : "Ce serait long à expliquer, mais tout ce que je peux vous dire, c'est ne contestez pas".

Une citation de Marie-Hélène Panisset
 

Pour écouter le témoignage sur votre appareil mobile, cliquez ici (Nouvelle fenêtre).

Marie-Hélène Panisset a finalement été hospitalisée pendant trois semaines et a dû sevrer abruptement son bébé de six mois. Cinq ans plus tard, elle garde un souvenir amer de son séjour à l'hôpital psychiatrique.

Elle a tenté d'obtenir son rapport d'évaluation psychiatrique pour comprendre ce qui s'était passé. On a refusé de le lui donner en invoquant que ce serait mauvais pour sa santé mentale.

Ils sont paddés de tout bord tout côté pour que quelqu'un qui veut exercer ses droits ne puisse pas le faire. Même si on le fait de manière très posée, organisée et lucide, c'est interprété comme de la résistance aux soins, et donc, comme un symptôme de la maladie mentale. C'est un catch 22 en fait.

Une citation de Marie-Hélène Panisset

Lors de la présentation de son plan d'action en santé mentale 2015-2020 cet automne, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a reconnu que la portée de la loi P-38 devait être précisée. Celle-ci ne semble donner satisfaction à personne : ni aux malades ni aux familles qui ont encore beaucoup de difficultés à faire hospitaliser un proche.

Écoutez le reportage de Marie-France Abastado diffusé le 17 janvier à l'émission Désautels le dimanche sur ICI Radio-Canada Première.

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