L'attentat qui a fait 10 morts à Istanbul attribué à l'État islamique

Un policier protège le périmètre de sécurité autour du site de l'attentat survenu près de la mosquée bleue à Istanbul.
Photo : Murad Sezer / Reuters
Un attentat-suicide a fait 10 morts et 15 blessés mardi, place Sultanahmet, dans le quartier historique et touristique de la partie européenne d'Istanbul. La quasi-totalité des victimes - 8 des 10 - sont des touristes allemands.
Une autre victime est péruvienne. Quant aux blessés, ils sont en majorité Allemands et l'un d'entre eux est Norvégien.
Le premier ministre islamo-conservateur turc, Ahmet Davutoglu, a attribué l'attaque au groupe armé État islamique (EI). L'attentat n'a toutefois pas été revendiqué par le groupe armé État islamique (EI) qui s'était pourtant attribué les attaques contre Ankara (103 morts) et contre Suruc (33 morts).
« Nous avons déterminé que l'auteur de cette attaque terroriste à Sultanahmet est un étranger membre de Daech [acronyme arabe de l'EI]. »
L'auteur présumé de l'attentat-suicide serait né en 1988, selon les procédures d'identification effectuées sur les restes du corps de l'assaillant. Arrivé récemment en Turquie, il était inconnu des services de renseignement, selon le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu.
Le premier ministre turc a présenté ses condoléances à la chancelière allemande et lui a assuré que « les détails de l'enquête, menée méticuleusement, seront partagés avec la partie allemande ».
« Je condamne l'attentat terroriste à Istanbul, qui, pense-t-on, est l'œuvre d'un kamikaze venu de Syrie. »
« Cet incident montre une fois de plus que notre nation doit faire preuve d'unité dans la lutte contre le terrorisme », a ajouté M. Erdogan.
« Le mode opératoire, un kamikaze, et la cible, un groupe de touristes, suggèrent un attentat djihadiste », a aussi commenté à l'AFP un diplomate occidental. « Si c'est le cas, c'est le signe que Daech [l'acronyme arabe pour désigner le groupe armé État islamique] a décidé de s'en prendre à l'État turc », a-t-il ajouté. « Jusque-là, ses cibles en Turquie étaient les Kurdes. »
Une détonation ressentie à des kilomètres
Plusieurs corps gisaient sur la place d'Istanbul visée, proche de la mosquée Bleue et de la basilique Sainte-Sophie, selon la police et des témoins.
« J'ai entendu une très forte explosion, et puis de nombreux cris », a expliqué à l'AFP un Turc témoin de l'événement, qui n'a toutefois pas donné son nom. « Et puis j'ai vu une boule de feu et je me suis enfui. Je suis sûr à 100 % qu'il ne s'agissait pas d'une bombe, mais d'un attentat-suicide. »
« L'explosion a été si forte que le sol a tremblé », a confirmé une touriste prénommée Caroline. « Je me suis enfuie avec ma fille. Nous nous sommes réfugiées dans un bâtiment proche. C'est vraiment effrayant. »
La déflagration a été ressentie à des kilomètres du lieu de l'explosion.
Une enquête est en cours pour déterminer la nature des explosifs utilisés, ajoute le gouvernorat, laissant entendre qu'il s'agit bien d'un acte criminel. La chaîne AHaber parle quant à elle d'un attentat-suicide, mais l'information n'a pu être confirmée.
« Nous prenons des précautions, par crainte d'une deuxième explosion », a dit un agent de police, qui faisait évacuer la place.
« L'explosion était très puissante [...] Nous avons couru et vu des lambeaux de corps », a dit à Reuters une femme qui travaille dans un magasin voisin.
La Turquie ciblée
Membre de l'OTAN et candidate à l'accession à l'Union européenne (UE), la Turquie est membre de la coalition mise sur pied par les États-Unis afin de combattre les djihadistes de l'EI en Irak et en Syrie.
Le pays vivait déjà en état d'alerte permanente depuis le double attentat-suicide qui a fait 103 morts et plus de 500 blessés le 10 octobre dernier. Cette attaque visait un rassemblement prokurde.
Une kamikaze originaire du Daguestan russe, qui aurait rejoint les rangs djihadistes, selon les médias locaux, s'était également fait exploser devant un poste de police du quartier Sultanahmet en janvier 2015. Un policier avait péri dans l'attaque.
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La Turquie est également secouée par la reprise des combats entre les forces turques et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui a fait voler en éclat le cessez-le-feu qui était en place depuis plus de deux ans.
Bien que les rebelles kurdes visent généralement des objectifs militaires et policiers, une organisation kurde - les Faucons de la liberté du Kurdistan - a revendiqué une attaque au mortier, survenue le 23 décembre dernier, contre l'aéroport Sabiha Gökçen d'Istanbul.