Mesurer l'ampleur des changements climatiques en observant les glaciers du Nord

Le professeur en biologie de l’Université de Moncton, Nicolas Lecomte.
Photo : ICI Radio-Canada
Une expédition dans le Grand Nord canadien a permis à un professeur de l'Université de Moncton de mesurer l'ampleur des changements climatiques et leurs répercussions sur les glaciers du Groenland. Nicolas Lecomte était le seul canadien à bord du voyage.
« C'est d'essayer de comprendre l'ampleur des choses qu'on ne verrait pas directement pour nous », explique le professeur en biologie de l'Université de Moncton.
Entre autres, les scientifiques ont choisi la région du glacier Petermann, l'un des derniers de l'Arctique a avoir une partie flottante. Avec le réchauffement de l'océan atlantique, l'épaisseur de sa glace est en déclin.
« On est arrivé à un moment clé d'un changement abrupt, il y a eu un tiers de la partie flottante du glacier qui s'est détaché », raconte Nicolas Lecomte, qui est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie polaire et boréale.
Le morceau mesurait 300 kilomètres carrés. La rupture est signe de la fonte du glacier. Les scientifiques ont alors découvert que l'eau réchauffée provenant de l'Europe et qui contourne la côte nord du Groenland vient amplifier le phénomène.
« Ce courant de chaleur vient, par en dessous, manger le glacier. Donc c'est un changement qui provient de très loin et qui s'en vient changer un des glaciers les plus au nord sur la planète », souligne M. Lecomte.
Les conséquences sont nombreuses selon lui. Les glaces seront plus imprévisibles, rendant la navigation difficile et le déplacement des animaux ardus.
« Par exemple, les caribous de Perry et les boeufs musqués qui sont capables de passer d'une île à l'autre et qui dépendent de la dynamique des glaces », affirme le scientifique.
Pour reconstituer les écosystèmes terrestres du passé et voir l'impact du réchauffement climatique sur la faune arctique, l'équipe de scientifiques a volé au-dessus de plusieurs endroits, comme l'île d'Ellesmere, située au Nunavut.
« Ces sites-là vont devenir habitables dans une période de réchauffement accéléré. On veut avoir les meilleurs outils pour essayer de prévoir ce scénario-là », mentionne Nicolas Lecomte.
D'après un reportage de Philippe Grenier