Un couple sème la terreur en Californie

L'événement tragique de San Bernardino a pris naissance au Inland Regional Center.
Photo : Mario Anzuoni / Reuters
Une fusillade qui a éclaté dans un centre pour personnes déficientes intellectuelles a fait au moins 14 morts et 17 blessés à San Bernardino, en Californie, mercredi après-midi, entraînant une chasse à l'homme dans laquelle deux suspects ont perdu la vie.
Au cours de son troisième point de presse, tard en soirée, le chef de police de la ville, Jarrod Burguan, a précisé qu'il s'agissait de Syed Farook, un homme de 28 ans né aux États-Unis, et de Tashfeen Malik, une femme de 27 ans dont la nationalité n'est pas connue. Les deux formaient un couple.
M. Burguan pense aussi qu'ils sont les deux seuls tireurs impliqués dans cette fusillade.
Syed Farook travaillait depuis cinq ans comme spécialiste de l'environnement pour le département de la santé publique de San Bernardino et assistait à une fête de Noël organisée dans la salle de conférence d'un centre prodiguant des services à des personnes présentant un handicap intellectuel, l'Inland Regional Center. Il a plus tard ouvert le feu sur les invités.
Syed Farook et Tashfeen Malik ont été abattus au cours d'un échange de tirs avec les forces de l'ordre après avoir pris la fuite dans un VUS.
Vêtus de « vêtements d'assaut », ils avaient en leur possession des carabines et des armes de poing. Les policiers ont procédé à une fouille du véhicule pour trouver d'éventuels explosifs, et le secteur a été « sécurisé », a déclaré le chef de police.
Il a ajouté qu'il était trop tôt pour connaître leurs motivations.
Selon le réseau CNN, les suspects ont lancé des bombes artisanales au cours de la poursuite.
« Pourquoi a-t-il fait une chose pareille? »
En soirée, avant que ne soit révélée l'identité des deux suspects abattus, un homme se présentant comme le beau-frère de Syed Farook, Farhan Khan, a déclaré être dépassé par les événements.
« Pourquoi a-t-il fait une chose pareille? Je n'en ai aucune idée. Je suis choqué », a-t-il déclaré dans une conférence de presse des meneurs de la communauté musulmane de Californie, qui ont senti le besoin de faire une déclaration publique même si les autorités n'ont pas lié la fusillade à l'islamisme.
Une arrestation
La police détient par ailleurs une personne, arrêtée tandis qu'elle s'enfuyait de la zone. Le chef de police a indiqué qu'on ignorait pour l'instant la nature de son implication. Il a même soulevé l'hypothèse qu'elle aurait simplement pu fuir les coups de feu. Il n'a cependant pas écarté la possibilité que d'autres personnes soient impliquées dans l'organisation de la fusillade.
Un policier a été blessé et hospitalisé, mais sa vie n'est pas en danger.
« Au minimum, nous nous trouvons confrontés à une situation de type terrorisme intérieur. »
Lors d'un point de presse antérieur donné en fin d'après-midi, Jarrod Burguan avait affirmé que jusqu'à trois tireurs « lourdement armés » étaient « vêtus et équipés d'une manière qui laisse croire qu'ils s'étaient préparés ».
À l'arrivée des premiers policiers sur les lieux, les tireurs s'y trouvaient encore vraisemblablement, a-t-il dit.
La fusillade de San Bernardino survient cinq jours seulement après celle de Colorado Springs, qui avait fait trois morts et plusieurs blessés. Selon le site Shooting Tracker, qui recense les fusillades sur le territoire américain, il s'agit de la 355e fusillade de masse depuis le début de l'année.
Le bilan de l'attaque est le plus lourd depuis le carnage perpétré en décembre 2012 dans une école de Newtown, au Connecticut : 26 personnes, dont 20 enfants, avaient alors avaient trouvé la mort.
Opération du FBI en cours
Le FBI mène en outre une descente dans une maison d'un quartier résidentiel de Redlands, aussi en Californie, a de son côté précisé le directeur adjoint du bureau du FBI à Los Angeles, David Bowdich, présent aux côtés du chef de police de San Bernardino.
Une équipe de démineurs a été dépêchée sur place pour désamorcer d'éventuels engins explosifs. M. Bowdich a précisé qu'« à [sa] connaissance » aucune indication ne laissait croire à la présence d'explosifs sur les lieux, mais a souligné que ce genre de scénario était possible dans de telles situations.
« Est-ce que c'est du terrorisme? Je ne peux pas l'affirmer de façon certaine », a-t-il déclaré, assurant que toutes les ressources nécessaires seraient mises en place pour résoudre l'enquête.
« C'est un marathon, pas un sprint », a-t-il cependant averti.
Le président Obama consterné
Dans une scène qui se répète à chaque drame du genre, le président Obama, le visage grave, a présenté ses condoléances aux familles des victimes. Il a également déploré des scènes qui se multiplient trop souvent à travers le pays, « sans équivalent ailleurs dans le monde ».
« Il y a des mesures que nous pourrions prendre, non pas pour éliminer toutes ces fusillades, mais pour améliorer les chances qu'elles ne se produisent pas avec une telle fréquence », a-t-il déclaré sur la chaîne CBS.
Un centre pour handicapés visé
San Bernardino est une ville située à une heure de route à l'est de Los Angeles. Elle compte quelque 214 000 habitants.
Selon le réseau de télévision CBS, près de 700 personnes travaillent habituellement dans les immeubles ciblés.
La directrice de l'Inland Regional Center, Lavinia Jonhson, a expliqué sur les ondes de CNN que la salle de conférence avait été louée à ce qu'elle croit être une équipe du département de la santé, qui y tenait une célébration à l'approche des Fêtes.
Selon elle, les occupants de l'immeuble ont quitté l'immeuble après avoir entendu l'alarme d'incendie. Ils ont dû toutefois y rentrer aussitôt, après avoir été avisés qu'un tireur actif était dans les environs. Ce n'est que lorsque les policiers sont arrivés qu'ils ont finalement pu sortir.