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Ottawa s'attaquera au sort des femmes autochtones avant même la commission d'enquête

Une peinture murale faite sur un immeuble du boulevard Saint-Laurent, à Montréal, rend hommage aux femmes autochtones disparues et assassinées, le 18 avril 2015.

Une peinture murale faite sur un immeuble du boulevard Saint-Laurent, à Montréal, rend hommage aux femmes autochtones disparues et assassinées, le 18 avril 2015.

Photo : Radio-Canada/Ralph-Bonet Sanon

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Ottawa n'a pas l'intention d'attendre les conclusions de la commission d'enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées avant de s'attaquer au problème.

Un texte de Christian NoëlTwitterCourriel

Dans une entrevue à Radio-Canada, la ministre des Affaires autochtones Carolyn Bennett indique qu'elle mettra en place des mesures concrètes, avant même le début de l'enquête, afin d'agir rapidement pour régler ce qu'elle appelle une « tragédie nationale ».

Un quart des victimes d'homicide au Canada en 2014 étaient des Autochtones, même s'ils ne représentent que 5 % de la population.

« Ça démontre la nécessité d'aller de l'avant avec la commission, mais aussi d'avoir des mesures concrètes immédiatement », affirme la ministre Bennett.

« Des refuges pour les femmes (violentées), le logement, l'éducation, les efforts contre le sexisme et le racisme, les services d'aide à l'enfance. Il y a beaucoup d'endroits où nous pouvons agir immédiatement », dit-elle, sans donner d'échéancier précis.

Femmes autochtones disparues ou assassinées, notre dossier

Cinq sous-commissions régionales

Carolyn Bennett signale qu'elle est ouverte à la suggestion d'organiser jusqu'à cinq sous-commissions régionales, en plus de la commission nationale.

Mais elle veut d'abord consulter les familles. « Ça serait inapproprié d'aller de l'avant avec des idées préconçues. Les délibérations de la préenquête vont déterminer la forme que prendra la commission », explique la ministre.

L'idée des sous-commissions régionales est vue d'un bon oeil par l'ex-présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada Michèle Audette.

« La réalité autochtone, ce n'est plus du mur-à-mur, il y a une diversité incroyable. Ce qui se passe au Québec, le français langue seconde, ce n'est pas dans les autres provinces et peut-être que les femmes du nord ne vivent pas la même réalité que celles du sud.  »

— Une citation de  Michèle Audette
L'ancienne présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada, Michèle Audette
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La présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada, Michèle Audette

Photo : La Presse canadienne / Michelle Siu

Précommission

Comme le rapportait Radio-Canada hier, la ministre Bennett annoncera la date du début des travaux préliminaires de l'enquête au cours des prochains jours, en compagnie des ministres de la Justice Jody-Wilson Raybould et de la Condition féminine Patricia Hadju.

« Il faut recueillir les perspectives des femmes et des familles, des experts et des organismes, pour détailler quelle forme doit prendre la commission et son mandat », mentionne la ministre.

Une chose est sûre : la ministre souhaite que la commission d'enquête se penche sur les causes profondes de la violence.

« C'est très important de ne pas préjuger des facteurs, mais oui, la pauvreté, le logement abordable, le bien-être des enfants, le racisme, le sexisme, les problèmes avec le système de justice et les policiers. Il faut examiner tout ça dans une enquête, si on veut des bons résultats. »

— Une citation de  Carolyn Bennett, ministre des Affaires autochtones

Si certains s'inquiétaient que le rapport soit remis au ministère des Affaires autochtones, « une bureaucratie paternaliste » selon certaines sources, la ministre Bennett tient à les rassurer. « La commission implique trois ministères (Justice, Condition féminine et Affaires autochtones), répond-elle. Notre approche d'ensemble suggère que nous devrions déposer le rapport de la commission au bureau du premier ministre. »

Le coût de la commission

Le Parti libéral estimait en campagne électorale que l'enquête publique sur les femmes autochtones prendrait deux ans et coûterait 40 millions de dollars. Carolyn Bennett convient maintenant que la facture et l'échéance pourraient être différentes.

« Le budget exact n'est pas vraiment déterminé, l'engagement dans notre plateforme est approximatif. »

— Une citation de  Carolyn Bennett

En comparaison, la Commission vérité et réconciliation avait duré 6 ans et coûté 60 millions de dollars.

Des autochtones à Ottawa, à la veille de la publication du rapport de la Commission vérité et réconciliation.
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Des autochtones à Ottawa, à la veille de la publication du rapport de la commission Vérité et réconciliation. (01-06-15)

Photo : Radio-Canada / Lorian Bélanger

La ministre Bennet indique également qu'elle s'attend à un coup de main des autres niveaux de gouvernement. « Les provinces et les territoires ont beaucoup de responsabilités envers les Autochtones et auront leur rôle à jouer dans l'enquête et dans l'application des solutions par la suite. Ça doit être un partenariat », précise-t-elle. 

Réactions des commissaires pressenties

Deux femmes autochtones pressenties pour siéger à la commission d'enquête se sont dites prêtes à relever le défi.

La juge de la Saskatchewan Mary-Ellen Turpel-Laffond, présentement Protectrice de la jeunesse en Colombie-Britannique, ne ferme pas la porte.

« C'est bien d'entendre que des gens ont confiance en moi. Je suis prête à contribuer à ce moment important pour le Canada, de quelque façon que ce soit, si on me le demande. Il faut soutenir nos femmes et nos filles autochtones. Cependant, il faut rester humble devant ce projet, qui nécessitera beaucoup de temps et beaucoup d'énergie physique et émotive.  »

— Une citation de  Mary-Ellen Turpel-Laffond

De son côté, Michèle Audette, ex-présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada et candidate libérale aux élections fédérales d'octobre dernier, a dit qu'elle serait honorée de servir comme commissaire.

« C'est un enjeu que je pousse depuis longtemps. Au niveau de la présidence, j'aimerais bien voir une femme juge autochtone. Ça me fait chaud au cœur quand j'entends cette rumeur », ajoute-t-elle.

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