Accès à l'avortement au N.-B. : le travail n'est pas terminé

Un an après l'abolition des restrictions à l'avortement au Nouveau-Brunswick, la question demeure sensible.
Depuis l'an dernier, les avortements sont désormais considérés comme tous les autres services médicaux couverts par l'assurance-maladie. Les femmes n'ont plus besoin d'obtenir l'autorisation de deux médecins pour obtenir une interruption de grossesse.
Le Nouveau-Brunswick respecte ainsi le jugement de la Cour suprême de 1988 qui interdit aux provinces de limiter l'accès aux services d'avortement.
La directrice générale du regroupement féministe du Nouveau-Brunswick, Amélie Friolet O'Neil, s'était réjouit de ce changement, mais elle déchante aujourd'hui.
« C'est très choquant de voir que moi comme femme à Moncton j'ai un privilège en quelque sorte, dit elle. Parce que j'ai juste à prendre un taxi et à me rendre à l'hôpital, alors que la femme d'Edmundston ou la femme de Caraquet doit conduire 1h, 1h30, 3h pour obtenir le même service alors qu'on est des résidentes de la même province. »
Le Nouveau-Brunswick compte une vingtaine d'hôpitaux, trois offrent des services d'avortement, soit un de plus qu'avant l'entrée en vigueur des changements le 1er janvier 2015.
Hôpitaux offrant des services d'avortement :
- L'Hôpital de Moncton
- Centre hospitalier Dr Georges-L-Dumont
- Hôpital régional Chaleur
Le ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick, Victor Boudreau, affirme que comme l'avortement, plusieurs autres services ne sont pas offerts dans tous les hôpitaux de la province. « Mais nous avions dit que nous allions certainement suivre le dossier et voir s'il y a des ajustements qui sont nécessaires, dit-il. Ça ne fait pas un an, l'analyse n'a pas encore été faite. »
La régie de santé anglophone n'a pas répondu aux demandes d'entrevue. Chez les francophones, on remarque que le nombre d'avortements est demeuré relativement inchangé.
Au Centre hospitalier Dr Georges-L-Dumont, on prévoit 380 interventions pour l'année en cours et la moyenne des années antérieures était de 380.
Quatre médecins spécialistes pratiquent des avortements, soit le même nombre qu'auparavant. Les changements ont nécessité l'emploi d'une réceptionniste et d'un psychologue supplémentaire.
À Bathurst, les données pour l'année en cours n'étaient pas disponibles. Il s'y pratiquait en moyenne 215 avortements par année de 2010 à 2014. Deux médecins spécialistes pratiquent des avortements, soit le même nombre qu'avant l'abolition des restrictions.
Malgré ces changements, il semble que les années d'opposition pro-choix et pro-vie aient laissé des traces. Aucun médecin du Nouveau-Brunswick n'a accepté de parler devant la caméra par crainte pour leur sécurité.
« Il y a des docteurs au Canada qui ont été tirés dessus alors on pense que ça peut arriver à nous autres. »
Il reste encore de l'éducation et de la sensibilisation à faire selon Robyn MacQuarrie, gynécologue-obstétricienne en Nouvelle-Écosse. Elle milite pour un meilleur accès à l'avortement et elle espère que les gouvernements feront davantage preuve de direction.
Robyn MacQuarrie fonde beaucoup d'espoir dans la pilule abortive récemment approuvée par Santé Canada et qui pourrait faire son entrée au pays en 2016, permettant d'offrir une option de plus aux femmes.
D'après un reportage de Nicolas Steinbach