Itinérance à Rimouski : Walter est mort de froid dans son appartement

Wilfrid-Delphis Goulet
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Wilfrid-Delphis « Walter » Goulet, l'homme qui avait toutes les allures d'un itinérant et qui arpentait le centre-ville de Rimouski pendant des années, est « fort probablement » mort des conséquences de l'hypothermie, conclut le rapport du coroner.
M. Goulet est mort de froid seul dans son modeste appartement de la rue Rouleau, vers le 2 ou 3 janvier 2015, à un moment où des températures glaciales de - 24 degrés Celsius touchaient la région.
Dans son rapport, la coroner Renée Roussel ajoute qu'un état d'intoxication à l'alcool était préalablement présent et a contribué indirectement à sa mort « en l'empêchant de réagir adéquatement et à temps contre le froid ».
« Le scénario probable de la fin de vie de M. Goulet est le suivant : fortement intoxiqué à l'alcool [...] et ayant chaud, il a voulu rafraichir la température ambiante de son logement en ouvrant une fenêtre, précise-t-elle. Il est tombé endormi là où il s'est effondré. »
René Roussel estime que pendant que Wilfrid-Delphis Goulet dormait et éliminait peu à peu l'alcool, son corps exposé à l'air froid s'est refroidi progressivement « jusqu'à atteindre un point de non-retour ».
Pour le chef d'équipe de l'organisme Le répit du passant, qui accompagne des hommes seuls à la maison, il s'agit d'une triste fin de vie pour un homme qui était « beaucoup plus reconnu que connu ».
C'est triste de voir qu'en 2015, on peut encore trouver des gens qui meurent seuls dans leur appartement.
Selon Jean-François Verreault, « beaucoup de gens connaissaient l'individu qui était à côté du Jean Coutu, mais personne ne savait l'histoire de cet homme-là ».
Une vie miséreuse, mais un homme qui payait son loyer « rubis sur l'ongle »
Le rapport de la coroner décrit un état de misère humaine: pas d'ami connu, pas de famille, des nuits à dormir dans des parcs ou des conteneurs. « Il parlait peu, ne se confiait à quiconque » écrit aussi la coroner. Il ne cherchait pas de soutien médical, ajoute-t-elle, malgré plusieurs passages à l'urgence pour consommation excessive d'alcool durant la quinzaine d'années qu'il a passées dans la région de Rimouski. Pourtant, l'homme ne répondait pas à la définition classique de l'itinérant, car il occupait le même logement depuis 10 ans.
Il avait l'habitude de payer rubis sur l'ongle le montant du loyer le premier jour de chaque mois à 13 h.
« Il était comme une horloge » dit le propriétaire du logement, Karl Boucher, qui confirme que M. Goulet n'a jamais manqué à ses obligations de locataire. Il ajoute que l'homme demandait toujours un reçu.
Une mort qui doit interpeller
À la fin janvier, des funérailles ont été organisées à la mémoire de Wilfrid-Delphis Goulet par l'animatrice de pastorale de l'Archevêché de Rimouski, Odette Bernatchez. D'après elle, sa mort doit interpeller toute la société.
Walter, c'est la partie visible. Il y a d'autres personnes qui vivent des souffrances et des solitudes qu'on ne voit pas. Elles ne sont pas nécessairement dans la rue.
Odette Bernatchez encourage les citoyens à « vivre les yeux ouverts ». Wilfrid-Delphis Goulet avait 58 ans. Selon la coroner, il n'avait aucune parenté et aucun ami dans la région.
D'après le reportage de Denis Leduc