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Le « looping » : garder les élèves dans le même groupe, comme à l'époque des écoles de rang

La classe de science de Pascale Chevalier à l'école secondaire Chavigny à Trois-Rivières

Photo : Alexandre Duval

Radio-Canada

À l'époque où les « écoles de rang » accueillaient un petit nombre d'élèves, il était fréquent que ceux-ci se retrouvent dans le même groupe et aient le même enseignant quelques années d'affilée. Cette forme d'organisation des classes, appelée « looping » dans le jargon contemporain de l'éducation, recommence à faire son apparition dans des écoles du Québec puisqu'elle favoriserait la réussite scolaire.

Un texte d'Alexandre DuvalTwitterCourriel

L'école secondaire Chavigny, à Trois-Rivières, favorise la mise en place graduelle de classes de « looping » depuis quelques années déjà. Pascale Chevalier, qui enseigne les sciences en première et deuxième secondaires, croit que de suivre le même groupe d'élèves sur deux ans lui permet de passer moins de temps à faire de la discipline avec eux.

« [Les élèves] connaissent mes limites. Je n'ai pas besoin d'établir mes règles en classe en arrivant en début d'année », dit-elle au sujet de ses élèves de deuxième secondaire.

Le fait qu'un climat de classe ait été construit pendant toute la première secondaire permet donc à Pascale Chevalier de se concentrer presque exclusivement sur l'enseignement du curriculum dès le premier jour de la rentrée.

Roxane Tourigny, enseignante et détentrice d'une maîtrise en éducation de l'UQAM

Roxane Tourigny, enseignante et détentrice d'une maîtrise en éducation de l'UQAM

Roxane Tourigny, qui a effectué une recherche de maîtrise sur le « looping », affirme que les enseignants qui le pratiquent disent gagner l'équivalent d'un mois d'enseignement sur une année scolaire.

« Ils ont l'impression de passer moins de temps à établir tout ce qui est routine, encadrement, les règles de vie de la classe, la confiance avec l'élève », explique Roxane Tourigny.

Les élèves de Pascale Chevalier sont d'ailleurs les premiers à reconnaître les bienfaits du « looping ».

« On peut développer des liens avec [notre enseignante], on peut savoir la façon dont elle enseigne et on peut s'adapter en conséquence », remarque Thomas Dufresne.

Sa camarade de classe, Océane Vandelac, est du même avis. « On comprend mieux [les] explications [de notre enseignante], vu que ça fait deux ans qu'on est avec elle. »

De meilleurs résultats scolaires

Pascale Chevalier affirme aussi qu'elle connaît mieux ses élèves lorsqu'ils arrivent en deuxième secondaire. Cela qui lui permet d'identifier rapidement ceux chez lesquels elle doit investir davantage de temps.

Tout de suite, quand je pars en deuxième secondaire, je sais qui je n'aurai pas besoin d'aller voir en début d'année, mais je sais qui je vais devoir aller voir aussi pour les aider à se structurer.

Une citation de Pascale Chevalier

Cette relation enseignant-élève à long terme aurait donc des effets positifs sur les résultats scolaires des jeunes. Roxane Tourigny, dont l'étude de maîtrise portait sur un groupe de 192 enfants, a constaté que ceux qui étaient en classe de « looping » avaient une moyenne légèrement plus élevée que ceux qui changeaient d'enseignant au bout d'une année.

« Il y avait des impacts significatifs en faveur du « looping » en écriture et en mathématiques et marginalement significatifs en lecture », soutient-elle, spécifiant que les différences de moyennes oscillaient entre 2 % et 4 %.

Des élèves dans un cours de de science à l'école secondaire Chavigny à Trois-Rivières

Photo : Alexandre Duval

Une relation de confiance

Au-delà des effets sur les résultats scolaires, Roxane Tourigny affirme que le « looping » amène un élément de stabilité dans la vie de jeunes qui traversent les années tumultueuses de l'adolescence.

« Ces élèves-là ont souvent une vie mouvementée aussi à l'extérieur de l'école, explique-t-elle. Ils ont plein d'autres ruptures, donc d'avoir un peu de stabilité à l'école, ça peut être très positif aux niveaux cognitif et affectif. »

On observe une diminution des comportements perturbateurs chez l'élève, une diminution du sentiment d'anxiété de l'élève.

Une citation de Roxane Tourigny
Pascale Chevalier, enseignante en sciences à l'école Chavigny

Pascale Chevalier, enseignante en sciences à l'école Chavigny

Son point de vue est partagé par l'enseignante Pascale Chevalier.

« Des fois, en secondaire deux, ce n'est pas toujours évident. Il y en a qui vivent des choses pas faciles. Ils se remettent beaucoup en question. Ils se chicanent avec les amis [...] Pour certains, je deviens une confidente, un peu. Ils arrivent plus tôt et ils me confient des choses. »

Une décision qui appartient aux établissements

Comme le « looping » fait partie de l'organisation scolaire, le ministère de l'Éducation du Québec n'en fait pas la promotion en tant que tel. Il revient plutôt aux commissions scolaires et aux établissements d'enseignement eux-mêmes de l'implanter s'ils le désirent.

À l'école Chavigny, le « looping » n'est pas encore disponible à tous les niveaux malgré le fait que la direction ait commencé à l'implanter il y a cinq ans. L'objectif demeure toutefois de continuer à implanter cette pratique pédagogique de manière graduelle.

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