Québec investit 1 milliard $US dans Bombardier

Un appareil CSeries de Bombardier
Photo : Christinne Muschi/Reuters
Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Québec va injecter 1 milliard de dollars américains dans Bombardier pour l'aider à compléter le développement de la CSeries et à la commercialiser. Le gouvernement possédera ainsi par l'entremise d'Investissement Québec 49,5 % d'une société en commandite comprenant les actifs, les passifs et les obligations de l'avion commercial sur lequel mise la multinationale pour son avenir. L'ex-premier ministre du Québec Daniel Johnson sera la président du conseil d'administration de cette nouvelle société.
Bombardier, qui détiendra 50,5 % de cette société, s'engage pour sa part à maintenir son siège social stratégique et ses activités de production et d'ingénierie au Québec pour 20 ans, a expliqué le ministre de l'Économie du Québec, Jacques Daoust, dans une conférence de presse organisée jeudi. « La nouvelle société doit exploiter les installations situées à Mirabel. J'ajoute que, que nous soyons actionnaire, le gouvernement, ou non, cette clause a été entendue avec Bombardier », a-t-il ajouté.
Ce partenariat d’affaires qui est inédit dans le secteur aérospatial s’inscrit dans le cadre du nouveau modèle d’affaires du gouvernement québécois : l’État partenaire, et non l’État subventionnaire.
« En étant partenaire de Bombardier, nous voulons également susciter la confiance des entreprises et des investisseurs, qui sont les véritables acteurs de notre économie », a reconnu le ministre de l'Économie, qui parle d'« un partenariat d'affaires historiques ».
L'investissement, administré par Investissement Québec, mais puisé à même le Fonds du développement économique, se fera en deux versements de 500 millions de dollars chacun. Ils seront effectués le 1er avril et le 30 juin 2016.
Québec recevra en outre 200 millions de bons de souscription d'actions, soit 100 millions de bons lors de chaque versement. Chacun donnera le droit au gouvernement d'acheter une action classe B de Bombardier à un prix d'exercice correspondant à l'équivalent, en dollars US, de 2,21$CA par action sur une période de cinq ans.

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« Simplement au niveau des options dans la société mère, s'ils atteignaient 2,71 $, le gouvernement du Québec, par l'exercice de ces options, ferait automatiquement un profit de 100 millions de dollars »,a fait valoir M. Daoust. « Certes, on partage les risques, mais aussi la profitabilité à long terme ».
Jacques Daoust défend la décision de son gouvernement d'investir uniquement dans la CSeries, plutôt que dans la société-mère, comme l'auraient souhaité les partis d'opposition. « Ce qui a besoin de support, c'est le C Series », a-t-il justifié.
Il est ensuite revenu sur les bons de souscription qu'obtient Québec dans la transaction. « Si je les exercais tous aujourd'hui, je deveindrais propriétaire de 9 % de la société-mère » et le gouvernement serait ainsi « un des trois actionnaires les plus importants » de Bombardier.
C'est sûr qu'on doit emprunter. Le gouvernement du Québec a une dette. Le gouvernement du Québec n'a pas un Trésor à investir [mais] a une capacité d'emprunt. Et les huit millions de Québécois sont finalement les endosseurs de ça.
Jacques Daoust a rappelé que Bombardier embauche 17 500 personnes, et soutient 39 300 emplois directs et indirects. Selon lui, l'activité économique du fabricant d'avions représente 2 % du produit intérieur brut de la province, si l'on tient compte des achats qu'il effectue, des salaires versés à ses employés, et des emplois indirects créés. Quant à la CSeries, elle fournit du travail à 1700 personnes, et peut-être jusqu'à 2500 lorsquela cadence de production battra son plein.
Bombardier pourra racheter des parts de la Société en commandite par tranche de 25% par année, à compter de 2019.
— Maxime Bertrand (@BertrandMaxime9) 29 Octobre 2015
Le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare, estime qu'il s'agit d'une « excellente nouvelle » qui marque « un « point tournant » pour la firme. Il a remercié le gouvernement d'avoir saisi « l'occasion unique d'investir dans un projet excitant et structurant pour l'industrie aéronautique pour la grande région de Montréal et le Québec ».
« C'est grâce à la qualité de la main-d'œuvre québécoise, au professionnalisme des fournisseurs d'ici et à l'environnement d'affaires concurrentiel mis en place par le gouvernement du Québec que nous avons choisi Mirabel pour fabriquer les avions de la CSeries », a-t-il commenté. « Aujourd'hui, nous avons encore une fois fait la preuve que c'était la meilleure décision pour Bombardier. »

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Il a vanté « les performances exceptionnelles » des appareils de la C Series, en rappelant ses caractéristiques-clés : consommation de carburant moindre, capacité à décoller sur des pistes plus courtes et à voler sur une plus longue distance. Les avions, pour lesquels Bombardier détient 243 commandes fermes, sont actuellement au stade final des essais en vol.
Bombardier a enregistré une perte nette de 4,9 milliards de dollars américains au troisième trimestre ayant pris fin le 30 septembre, ou 2,20 $US par action, comparativement à un résultat net de 74 millions US$, ou 0,03 $US par action. lors de l'exercice précédent. Cela s'explique notamment par une charge de dépréciation de 3,2 milliards $US liée à la C Series et une autre de 1,2 milliard $ pour le Learjet 85. Ce dernier programme est d'ailleurs abandonné, a annoncé Bombardier, faute de ventes satisfaisantes.
« Bombardier avait pris plusieurs programmes en parallèle », a expliqué M. Bellemarre à ce sujet en conférence de presse. « Pour une organisation de 20 milliards de dollars, c'était énorme. Ça aurait été énorme pour n'importe lequel de nos compétiteurs. On développait en parallèle la C Series, le Global 7000 et 8000, le Lear85, des améliorations sur les Challenger. L'organisation était hypothéquée grandement. »
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Avec les informations de La Presse canadienne