Protection du martinet ramoneur : la municipalité de Béarn félicitée

Le Martinet ramoneur
Photo : Bruce Di Labio
Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le Regroupement QuébecOiseaux félicite la municipalité de Béarn au Témiscamingue d'avoir modifié sa règlementation municipale pour protéger le martinet ramoneur, un oiseau en péril présent au Témiscamingue de la mi-mai à la mi-août, ce qui constituerait une première au Québec selon l'organisme.

Un martinet ramoneur en vol
Photo : Détail d'une illustration de Jean-Jacques Audubon
La modification à la règlementation concerne le ramonage des cheminées qui sont utilisées par le martinet ramoneur pour nicher et pour se reproduire. La municipalité assume le ramonage pour les cheminées des résidences privées et des bâtiments commerciaux depuis 1989, notamment pour diminuer les risques d'incendies et s'assurer que l'inspection soit menée de façon régulière et conforme.
« Compte tenu que le ramonage des cheminées est pris en charge par la municipalité de Béarn et que, généralement, il est fait pendant la période de nidification du martinet ramoneur, j'ai proposé au conseil municipal de reporter le ramonage des cheminées qui sont adéquates pour la nidification après la période de nidification, c'est-à-dire au début du mois de septembre, explique l'ornithologue amateur Mario Gervais, qui a soumis cette préoccupation au Conseil municipal plus tôt cette année. [...] La municipalité a été très réceptive à ma demande, compte tenu que c'est une demande qui n'implique pas de somme monétaire. C'était facile pour la municipalité de dire oui, pour les quelques cheminées qui sont suffisament grosses pour accueillir le martinet ramoneur, on va reporter ça au mois de septembre. »
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La résolution adoptée par le conseil municipal de Béarn prévoit aussi le recensement des cheminées d'assez grande taille pour accueillir le martinet ramoneur, plus fréquemment observé au Témiscamingue qu'en Abitibi. « Le martinet a une envergure d'environ 30 centimètres, précise Mario Gervais, qui dit être fasciné par la résilience du martinet ramoneur, précisant qu'avant d'adopter les cheminées de maçonnerie, l'oiseau nichait dans de gros arbres creux. Donc toute cheminée qui a un diamètre de 30 centimètres ou plus est potentiellement intéressante pour le martinet ramoneur. On parle de cheminées de maçonnerie, pas des cheminées qui ont des gaines de métal à l'intérieur, donc des cheminées avec des structures rugueuses sur lesquelles le martinet peut s'aggriper », poursuit-il précisant que l'habitat du martinet ramoneur est à nouveau menacé par les nouvelles techniques de construction.

Le retour des martinets ramoneurs à leur cheminée en fin de journée est un spectacle de plus en plus rare au Québec.
La biologiste Yong Lang, qui travaille activement à la protection du martinet ramoneur et d'autres espèces en péril pour le Regroupement QuébecOiseaux, accueille la nouvelle avec grand enthousiasme. En plus de faciliter les efforts de sensibilisation de l'organisme sans but lucratif qui regroupe et représente les personnes et les organismes intéressés à l'étude, à l'observation et à la protection des oiseaux du Québec, cette initiative pourrait, selon elle, avoir un effet d'entraînement.
« Pour nous, c'est une démarche qui est vraiment intéressante parce que ça nous permet d'avoir une ouverture par rapport aux autres municipalités pour la protection d'une espèce en péril, explique-t-elle. On se rend compte aussi que ce sont des mesures relativement simples qui peuvent permettre de protéger cette espèce qui est en péril », poursuit-elle, ajoutant que l'initiative a déjà incité d'autres ornithologues bénévoles à soumettre cette préoccupation à l'attention de leur conseil municipal. [...] On a bien hâte de voir quelles autres municipalités vont emboîter le pas... »
Le martinet ramoneur en bref :
-oiseau menacé qui niche dans les cheminées (il colle son nid en forme de semi-secoupe directement sur la paroi)
-ne se perche pas sur les branches d'arbres
-allure et taille comparables à celles de l'hirondelle
-se nourrit d'insectes au vol (son alimentation peut être menacée par l'agriculture intensive et l'épandage de pesticides)
-émet un son de cliquetis en vol
-niche au sud du 49e parallèle Nord
-l'espèce aurait subi un déclin de 92 % de 1970 à 2012
-population estimée de 2 500 nicheurs au Québec