Uber : Toronto a-t-elle des leçons à tirer d’autres villes?

Uber vs taxi
Photo : Archives
Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Uber nous fait perdre notre chemise, ont scandé des chauffeurs de taxi d'Edmonton, torses nus. Leurs collègues français ont allumé des feux et fait la grève. New York a tenté de freiner la croissance du géant californien, avant de reculer, face à la colère de milliers d'abonnés.
Aucune solution magique ne s'offre aux conseillers municipaux de Toronto qui voteront, mercredi, sur un nouveau cadre réglementaire proposé pour Uber.
Partout où s'installe la compagnie et son application pour téléphone intelligent UberX, qui jumelle des conducteurs ordinaires à des passagers à la recherche d'un moyen de transport à prix modique, opposition ardente et engouement se côtoient.
Révolution dans la ville aux taxis jaunes

Des taxis jaunes à New York
Photo : AP/Richard Drew
Uber est en train de prendre New York d'assaut. Ses chauffeurs y font maintenant 140 000 courses par jour, soit quatre fois plus qu'il y a un an. L'entreprise compte plus de conducteurs que les emblématiques taxis jaunes de la ville.
Le maire de New York, Bill de Blasio, a menacé d'imposer un plafond à la compagnie, affirmant que toutes ces voitures congestionnaient Manhattan. La Ville a aussi saisi les véhicules de dizaines de conducteurs d'Uber qui allaient chercher illégalement des voyageurs à l'aéroport JFK. Mais le maire de Blasio, qui a accusé Uber de ne penser « qu'à ses propres intérêts et ses profits », a fini par mettre de l'eau dans son vin. Il a accepté en juillet dernier de permettre à la compagnie de poursuivre son expansion, en échange de plus de données sur ses courses, pour une étude de quatre mois sur l'impact d'Uber sur la circulation et l'environnement.
Néanmoins, à New York, les conducteurs d'UberX doivent débourser un peu plus de 100 $ pour obtenir un permis, comme les chauffeurs de limousine, et suivre une formation de huit heures. Par ailleurs, leurs antécédents judiciaires sont vérifiés et leur véhicule doit avoir moins de cinq ans.
La sécurité, c'est très important pour les gens de New York. Si les conducteurs [d'Uber] n'avaient pas de permis, s'il n'y avait pas de vérification de leur identité, beaucoup de gens craindraient de monter à bord de leur véhicule.
Les chemises tombent à Edmonton

Des chauffeurs de taxi retirent leur chemise lors d'une réunion du conseil municipal à Edmonton, pour protester contre Uber.
Photo : CBC
« Honte à vous » ont scandé des chauffeurs de taxi d'Edmonton aux conseillers municipaux, plus tôt en septembre. Plusieurs avaient même retiré leur chemise, pour montrer qu'Uber leur faisait perdre leur gagne-pain.
Toutefois, tout comme Toronto, Edmonton a tenté, en vain, de bannir Uber, raconte le conseiller municipal Michael Oshry. Selon lui, la compagnie ne « collabore pas beaucoup » avec les élus, mais elle gagne en popularité chaque jour, face au coût élevé d'une course en taxi, ce qui force la Ville à réformer ses politiques. « [Les résidents veulent] plus d'options », dit-il. Tout comme Toronto, Edmonton tente d'encadrer les conducteurs d'Uber sous une nouvelle catégorie de permis, qui leur permettrait de continuer à avoir leurs propres tarifs, mais tout en les forçant à avoir une assurance adéquate et en les empêchant d'être hélés dans la rue comme un taxi.
L'objectif est de créer plus de choix et de concurrence.
Le conseil municipal d'Edmonton reprendra ses discussions sur Uber en novembre. Le maire de la ville, Don Iveson, affirme, par ailleurs, qu'il souhaite collaborer avec son homologue torontois pour réglementer le service de covoiturage commercial.
Uber devant les tribunaux en France

Véhicule renversé et flammes lors d'une manifestation anti-Uber de chauffeurs de taxi à Paris en juin dernier
Photo : AP/Michel Euler
À Paris et à Marseille, les manifestations anti-Uber de chauffeurs de taxi ont été violentes l'été dernier : des voitures renversées aux incendies allumés dans la rue.
Deux catégories de conducteurs d'Uber existent en France. Ceux qui détiennent un permis dit VTC doivent suivre une formation de trois mois et disposer d'un véhicule assez grand, alors qu'à peu près n'importe qui peut devenir un chauffeur d'UberPop, dont les tarifs sont encore moins élevés. Uber a, toutefois, suspendu ce dernier service en juillet, et ce jusqu'à nouvel ordre, après avoir été traîné devant les tribunaux. Deux de ses hauts dirigeants en Europe sont accusés de pratique commerciale trompeuse et de complicité dans le but d'exercer illégalement la profession de taxi.
UberPop doit être dissous et déclaré illégal et la saisie des véhicules devra être prononcée et effectuée.
Uber a porté la cause en appel.