Volkswagen : les origines du scandale

Un événement de promotion de la nouvelle Volkswagen Passat a eu lieu à Brooklyn, lundi
Photo : Darren Ornitz/Reuters
Le premier constructeur automobile du monde fait face à une crise de confiance sans précédent. Durant plus de cinq ans, Volkswagen a déjoué les contrôles d'émissions polluantes des grandes agences gouvernementales. Mais le Goliath de l'automobile n'avait pas tout prévu : une ONG a finalement découvert l'arnaque... presque par hasard.
En 2013, l'International Council on Clean Transportation - une ONG américaine - engage des chercheurs de l'Université de Virginie-Occidentale pour mener des tests sur les émissions de voitures à moteur diesel.
Il s'agissait de mesurer les polluants émis par le moteur de deux Volkswagen, une Passat et une Jetta, et d'une BMW X5 en conditions réelles d'utilisation plutôt qu'en laboratoire. Les véhicules ont roulé 2250 km entre San Diego et Seattle avec un dispositif mesurant les émissions du pot d'échappement.
Les chercheurs pensaient pouvoir démontrer que les voitures vendues aux États-Unis étaient moins polluantes que celles vendues ailleurs, parce que les standards américains sont plus élevés.
Mais ce qu'ils ont trouvé les a stupéfaits : les deux véhicules Volkswagen affichaient des niveaux d'émissions d'oxyde d'azote bien plus élevés que ce qui est autorisé par la loi alors que la BMW respectait les normes.
Pour la Jetta, les émissions d'oxyde d'azote étaient de 15 à 35 fois supérieures aux mesures officielles du constructeur, alors que pour la Passat elles étaient de 5 à 20 fois supérieures.
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Le début de la fin
En mai 2014, l'ONG a alerté l'agence américaine de protection de l'environnement et l'agence californienne de protection de l'environnement (California Air Resources Board), qui ont aussitôt ouvert une enquête. Les agences ont également entamé des discussions avec Volkswagen.
Le constructeur a effectué de nouveaux tests pour ses véhicules et a proposé un correctif. Le constructeur a attribué les émissions excédentaires à des problèmes techniques et aux conditions inattendues qui pouvaient se présenter lors d'essais sur route. En décembre, tous les véhicules diesel américains produits entre 2009 et 2014 ont été rappelés pour y installer le correctif.
Le gouvernement de la Californie a effectué une nouvelle étude en conditions réelles, en mai 2015. Résultat : les émissions étaient encore supérieures aux limites. Le gouvernement fédéral américain et Volkswagen ont été mis au courant.
Mais c'est seulement quand les agences américaines ont menacé de retirer leur certification aux modèles diesel 2016 que le constructeur a admis l'existence du logiciel qui limitait la libération de gaz polluants seulement lorsque le véhicule passait des tests sur ses émissions.
Logiciel sophistiqué
Le gouvernement américain accuse Volkswagen d'avoir produit et installé sur certains de ses véhicules un logiciel sophistiqué qui détecte les tests d'émissions et qui enclenche le contrôle des polluants seulement pendant la durée du test.
Les dispositifs de contrôle des émissions polluantes sont réduits durant la conduite normale. Les voitures passent donc les tests en laboratoire, mais en utilisation réelle leurs émissions de gaz polluants sont jusqu'à 40 fois supérieures aux normes fédérales.