Une plateforme verte, mais pas monochrome

La chef du Parti vert, Elizabeth May, lors d'un passage à Halifax, le 31 août dernier.
Photo : La Presse canadienne / Andrew Vaughan
Économie, enjeux sociaux, démocratie et climat. Voilà les quatre principaux thèmes défendus dans la plateforme présentée par le Parti vert du Canada, aujourd'hui, à Vancouver. La formation politique surtout connue pour sa défense d'enjeux environnementaux veut ainsi convaincre les électeurs qu'elle n'est pas le parti d'une seule cause.
Un engagement phare du parti d'Elizabeth May touche l'économie canadienne. En promettant de revenir à un niveau de taxation fédérale des grandes entreprises à 19 % (alors qu'il est en ce moment de 15 %), en s'attaquant à certains crédits d'impôt et en travaillant avec les provinces pour obtenir de meilleures redevances sur l'extraction de ressources, la formation veut créer un fonds canadien des générations. Ce fonds servirait entre autres à investir dans l'éducation pour répondre aux besoins du marché de l'emploi, puis dans les technologies et les énergies renouvelables.
Un gouvernement du Parti vert tendrait aussi la main aux villes canadiennes en investissant 6,4 milliards de dollars chaque année dans les infrastructures municipales.
Dans ses promesses économiques, le Parti vert s'engage entre autres à abolir d'ici 2020 les droits de scolarité pour les étudiants de niveau postsecondaire et en formation professionnelle. Le parti entend aussi créer un fonds d'un milliard de dollars annuellement qui fournirait entre autres des subventions aux entrepreneurs canadiens pour les aider à entreprendre un virage vert.
Le cannabis, source de revenus
Le Parti vert calcule que la légalisation de la marijuana rapporterait 4,7 milliards de dollars en taxes dès 2016-2017, et jusqu'à 5,4 milliards en 2019-2020.
Sur le plan social, le Parti vert s'engage à créer un programme pancanadien d'assurance médicaments qui, selon son programme, permettrait aux Canadiens d'économiser 11 milliards de dollars chaque année et qui profiterait entre autres aux aînés. Les personnes âgées sont d'ailleurs une tranche de la population que veut défendre davantage la formation d'Elizabeth May, notamment en faisant la promotion d'un plan de logements abordables.
Dans leurs promesses sociales, les verts s'engagent, à l'instar du NPD, à créer un salaire minimum fédéral de 15 $/heure.
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Au Québec, le candidat vedette Jici Lauzon croit que le Parti vert est intéressant pour les Québécois parce qu'il propose une transition vers une économie verte, notamment dans le domaine des transports. « Les Québécois, à cause du fait qu'on a 50 % de nos énergies qui est une énergie verte, l'électricité, je pense qu'on est prêt à faire cette révolution-là. »

La chef du Parti vert est la première à dévoiler la plateforme électorale de son parti. Une entrevue avec le candidat Jici Lauzon.
Des positions communes
Sur les questions autochtones, les verts vont dans la même direction que leurs adversaires néo-démocrates et libéraux en s'engageant à donner suite aux recommandations du rapport de la Commission vérité et réconciliation sur les pensionnats autochtones. La formation promet aussi de mettre sur pied une commission d'enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées. En 2014, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) estimait à 1017 le nombre de femmes autochtones assassinées au pays entre 1980 et 2012.
Les verts promettent également de rétablir et même de bonifier le financement de la Société Radio-Canada en plus de remettre sur pied le service de livraison à domicile du courrier de Postes Canada.
Sur les enjeux démocratiques, le parti d'Elizabeth May propose de revoir le mode de scrutin en y introduisant un élément proportionnel dans la première année de son mandat, sans donner plus de détails. La formation propose aussi d'annuler le projet de loi C-51, devenu loi sous les conservateurs. Les verts s'engagent également à réduire de 50 % le budget du Bureau du premier ministre.
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Climat et pipelines
L'environnement reste au coeur du programme du Parti vert. Sur la question des pipelines, les verts se targuent d'être les seuls à Ottawa à se tenir debout pour défendre les citoyens, à la fois contre le projet Énergie Est, mais aussi l'expansion proposée de l'oléoduc Kinder Morgan qui relie l'Alberta à la région métropolitaine de Vancouver.
Le parti veut ralentir la production dans les sables bitumineux dont « la plupart des réserves devraient rester sous terre », selon son programme. Le parti veut favoriser la création d'emplois moins dépendants de la volatilité énergétique pour les travailleurs de ce secteur. « Passer à une économie plus verte est l'occasion d'affaires la plus intéressante de l'histoire de l'humanité », avance Elizabeth May.
Les verts entendent aussi lutter contre les changements climatiques en mettant fin aux subventions gouvernementales au secteur pétrolier canadien, que le parti estime à 1 milliard de dollars annuellement.
Dans sa plateforme, la formation promet aussi de mettre un prix sur le carbone et d'utiliser l'argent généré en distribuant un « dividende du carbone » chaque année aux Canadiens de plus de 18 ans. En vue de l'importante conférence sur le climat qui aura lieu à la fin de l'année à Paris, le parti lance aux Canadiens que c'est seulement « en élisant des députés verts au Parlement que nous pouvons nous assurer de bien mener ces négociations ».
Finances publiques
Malgré ses nombreuses promesses, la formation d'Elizabeth May prévoit présenter des budgets équilibrés, et ce, dès 2015-2016, parce que même si elle prévoit des augmentations de dépenses, elle vise aussi une hausse de revenus entre autres liés à la taxation. Les surplus prévus par les verts vont de 1,9 milliard de dollars en 2015-2016 à 13,1 milliards en 2019-2020.