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Exclusif

Punaises de lit à Montréal : « On a perdu le contrôle »

Punaises de lit
Radio-Canada

La Grande Bibliothèque a de nouveau fait appel à un exterminateur, début septembre, en raison d'un problème de punaises de lit. Les spécialistes des parasites affirment que l'année 2015 est la pire de toutes et qu'ils ont du mal à répondre à la demande. Les punaises se retrouvent de plus en plus souvent dans les lieux publics et sont de plus en plus résistantes. Pendant ce temps, la Ville assure que la situation est stable.

Un texte de Thomas GerbetTwitterCourriel avec la collaboration de l'équipe de Gravel le matinTwitterCourriel

Des clients font la file dans un bureau de la rue Masson, un petit récipient transparent dans les mains. Tous viennent pour le même problème : des punaises de lit, dont ils apportent un échantillon. Il est 11 h du matin et trente victimes ont déjà demandé de l'aide depuis l'ouverture.

« Il y en a beaucoup plus que l'an passé », constate le spécialiste en gestion parasitaire, Harold Leavey. Sa compagnie emploie maintenant 25 exterminateurs à temps plein. « En 2000, je faisais un ou deux cas de punaises par année, maintenant c'est de 50 à 100 par jour. »

Avant, c'était surtout dans les logements. Aujourd'hui même, j'ai des interventions dans des hôpitaux, des bibliothèques, des salles d'essayage. On fait un taxi aussi.

Une citation de Harold Leavey, spécialiste en gestion parasitaire
Cette punaise de lit a été trouvée le 1er septembre à la Grande Bibliothèque de Montréal

Cette punaise de lit a été trouvée le 1er septembre à la Grande Bibliothèque de Montréal

Photo : Courtoisie

Outre les logements et les hôtels, voici où des exterminateurs nous ont dit avoir trouvé des punaises de lit ces dernières années, au Québec : bibliothèques, bureaux, autobus, métro, taxis, hôpitaux, CLSC, cabines d'essayage, restaurants, garderies, écoles (Nouvelle fenêtre), résidences pour personnes âgées et même une banque et un palais de justice.

Certains quartiers de Montréal sont plus touchés que d'autres. C'est le cas de Parc-Extension ou Saint-Henri et Pointe-Saint-Charles. Avenue Valois, dans Hochelaga-Maisonneuve, une vingtaine de logements sont touchés.

Les régions plus éloignées n'y échappent plus. La compagnie Parasi-tech de Laval a dû intervenir à Saint-Côme ou Manawan, dans le nord de Lanaudières. De son côté, le Centre anti parasitaire du Québec certifie maintenant des exterminateurs jusque dans le Bas-Saint-Laurent et au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

On a perdu le contrôle.

Une citation de Ronald Maheu, membre fondateur de l'Association québécoise de la gestion parasitaire

« En 60 ans de carrière, je n'ai jamais vu ça », raconte Ronald Maheu, membre fondateur de l'Association québécoise de la gestion parasitaire. Parmi les quelque 125 compagnies membres, plusieurs ont doublé leur nombre d'interventions entre l'an dernier et cette année.

Les exterminateurs constatent que les punaises sont de plus en plus résistantes aux produits chimiques. Il est fréquent de devoir intervenir deux ou trois fois pour les éliminer. « Les punaises sont immunisées de façon extraordinaire », constate Ronald Maheu.

Situation stable, selon la Ville de Montréal

« Nous, on ne constate pas qu'il y a une augmentation, mais plutôt un problème qui demeure stable », explique Marianne Cloutier, chef de division à la direction de l'habitation de la Ville de Montréal, responsable de l'équipe de salubrité. 

Montréal recueille des données à partir des déclarations obligatoires des exterminateurs. Mais seul le domaine résidentiel est pris en compte et plusieurs passages au même endroit ne comptent qu'une fois. Par ailleurs, les plus récents chiffres publiés par la Ville s'arrêtent au 22 mai 2015, soit avant la période des déménagements, propice à la propagation des punaises.

Des exterminateurs rapportent que tous ne déclarent pas leurs interventions comme ils le devraient. Par ailleurs, les citoyens qui tentent de régler le problème par eux-mêmes ne le déclarent pas non plus. Une extermination coûte environ 450 $ pour un appartement 4 et demi.

Sans nier le problème, Marianne Cloutier de la Ville de Montréal rappelle que des amendes sont prévues si les propriétaires ne traitent pas leurs logements infestés. Elle insiste sur les efforts de prévention et d'information de la municipalité pour contenir la propagation, ce qui n'est pas le cas dans toutes les villes.

Il y a des demandes de la Ville de Montréal pour que le gouvernement du Québec s'implique beaucoup plus. On ne peut pas exiger que soient déclarés les cas dans les hôtels ou les hôpitaux, ce n'est pas dans le champ de compétence municipal

Une citation de Marianne Cloutier, chef de division à la direction de l'habitation de la Ville de Montréal, responsable de l'équipe de salubrité.
 
La Grande Bibliothèque

La Grande Bibliothèque

Photo : Bernard Fougères

Les institutions sont-elles bien préparées?

Depuis quatre ou cinq ans, la directrice de la gestion des immeubles à Bibliothèque et Archives nationales du Québec reçoit « une dizaine de déclarations par année » en lien avec la présence d'une ou de plusieurs punaises de lit. Mais Marie-Josée Fiset tient à rassurer le public : « il n'y a pas et il n'y a jamais eu d'infestation ». 

Nous accueillons 50 000 visiteurs par semaine. Comme dans n’importe quel endroit public à fréquentation élevée, la présence d’insectes est possible

Une citation de Marie-Josée Fiset, directrice de la gestion des immeubles, BAnQ

La Grande Bibliothèque effectue des inspections de ses locaux toutes les deux semaines. Le 1er septembre, quand une punaise a été découverte, la direction  a mis en place son protocole : isoler le secteur touché et faire appel à un exterminateur privé.

De son côté, la Société de transport de Montréal explique disposer de son propre personnel de nettoyage formé pour intervenir. Quant à la Commission scolaire de Montréal, elle s'appuie sur un protocole établi par la Santé publique en 2011. « Il n'y a pas de problématique de punaises de lit dans nos écoles », rassure le porte-parole de la CSDM, Alain Perron. « Et si on en trouve, l'exterminateur intervient au lieu de résidence de la personne (là où se reproduisent les punaises) et non à l'école ».

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