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Espoir El Nino pour de l’eau sur la côte ouest assoiffée?

Photo de Bill Patzert, climatologue au laboratoire Jet Propulsion de la NASA.

Bill Patzert, climatologue au laboratoire Jet Propulsion de la NASA.

Photo : Kim Brunhuber

Radio-Canada

Des climatologues estiment que le plus important El Nino de notre génération pourrait s'abattre cet hiver, provoquant sur son passage des pluies diluviennes et des inondations. Une bonne nouvelle en cette période de sécheresse? Rien n'est moins sûr.

Un texte de Anne-Diandra LouarnTwitterCourriel

On guette son arrivée chaque année, El Nino devrait être bien présent cet hiver, selon les climatologues. Cette vaste poche d'eau chaude au large du Pacifique sud affecte la circulation atmosphérique. Il en résulte généralement un hiver doux et pluvieux sur la côte Pacifique nord, et des températures plus chaudes à l'est des Rocheuses.

« Les endroits qui sont généralement secs, deviennent très humides... donc on se retrouve à faire du kayak dans les rues de Los Angeles et à jouer au golf en février à Minneapolis », caricature Bill Patzert, climatologue au laboratoire Jet Propulsion de la NASA.

Le phénomène El Nino se présente en moyenne tous les quatre à sept ans. Ces dernières années, le système a été particulièrement chaud et fort. Une tendance qui peut être inquiétante, selon Environnement Canada. « On dirait que dernièrement on commence à voir une fréquence plus élevée de ces événements-là. Donc associer un hiver El Nino aux changements climatiques c'est peut-être un peu risqué, mais c'est aussi peut-être une indication de ce qui nous attend dans les années à venir », explique Matthew McDonald, météorologue de l'agence fédérale.

L'eau, cette ressource menacée

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Vers un El Nino géant et incontrôlable?

De nombreux climatologues avaient déjà prévu l'arrivée d'El Nino cette année, mais pas dans de telles proportions. Du jamais vu depuis plus de 65 ans. « Un énorme El Nino comme on a pu le voir en 1997 ou en 1982 a non seulement un impact sur les États-Unis et le Canada, mais aussi sur tout le reste de la planète », prévient Bill Patzert. Et d'ajouter : « Le signal que l'on capte du Pacifique depuis l'espace est encore plus important que celui que l'on avait observé en août 1997. »

Cette année-là, El Nino avait provoqué des inondations catastrophiques, des coulées de boue dévastatrices et des ouragans particulièrement violents. Bilan : 17 personnes tuées et un demi-milliard de dommages pour la seule Californie.

Sécheresse en Californie

De nombreux champs sont en jachère forcée dans la Central Valley californienne.

Photo : ICI Radio-Canada/Y.Dumont Baron

Dans cet État qui fait face à une sécheresse sans précédent depuis six ans, l'idée de recevoir des pluies diluviennes cet hiver peut paraître une bonne nouvelle. « Attention à ce que vous demandez! », rétorque Bill Patzert. « Car les pluies d'El Nino arrivent avec la même intensité qu'une lance à incendie. »

En d'autres termes, le système dépressionnaire est complètement incontrôlable, les litres de précipitations qui dévalent les collines emportent tout sur leur passage et sont capables de détruire des quartiers entiers. On est loin de la fine pluie d'été salvatrice tant espérée.

En outre, il faudra bien plus qu'un intense El Nino pour effacer les profondes cicatrices de la sécheresse de la côte Pacifique, estime Bill Patzert : « Cette sécheresse a mis des années à s'insinuer, il ne faut pas croire que El Nino est une solution rapide et efficace. Il nous faudra des années de pluies au-dessus des normales saisonnières pour enrayer la sécheresse. Un hiver humide en Californie, dans le Pacifique nord-ouest et dans l'ouest du Canada correspond à cinq ou six tempêtes. Elles seront les bienvenues, mais ne vont pas chasser la sécheresse et tout résoudre. »

El Nino vs le Blob, qui l'emportera?

Encore faut-il qu'El Nino ne fasse pas faux bond cette année. Car en plus d'être difficile à prédire, El Nino va devoir affronter un autre phénomène météorologique : le Blob. Le Blob est le nom qui est donné à une autre masse d'eau chaude, située au large de la côte ouest canadienne, et qui contribue depuis deux ans à aggraver les conditions propices aux sécheresses.

Le Blob, masse d'eau plus chaude au large de la côte ouest canadienne

Le Blob, masse d'eau plus chaude au large de la côte ouest canadienne

Photo : National Oceanic and Atmospheric Administration

« Le Blob est responsable des hivers chauds et secs de la côte ouest, et des hivers glacés et enneigés dans le Midwest », explique Bill Patzert. Il s'est traduit par une saison hivernale particulièrement douce en Colombie-Britannique, pendant que le reste du pays et le nord des États-Unis subissaient son fameux vortex polaire, pour la deuxième année consécutive.

Les climatologues se demandent maintenant qui d'El Nino ou du Blob prendra le dessus cet hiver. Les deux systèmes vont-ils entrer en collision? Si leurs chemins se croisent, que se passera-t-il? « Cela pourrait être historique. Ou bien peut-être que rien ne se passera », conclut Bill Patzert.

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