Grèce : les banques fermées, l'impasse persiste

Les banques sont fermées en Grèce pour éviter un effondrement financier
Photo : Yannis Behrakis / Reuters
Les Grecs se sont réveillés lundi incrédules face à des banques fermées et des distributeurs de billets vides dans un pays au bord du précipice après la rupture des discussions entre Athènes et ses créanciers.
Malgré le choc financier, les commerces étaient ouverts lundi et, dans les cafés et les restaurants, les discussions allaient bon train sur l'avenir du pays. Comme à l'accoutumée, les touristes étaient là pour assister à la relève de la garde présidentielle devant le parlement.
Banques fermées, retraits limités à 60€. Les Grecs font la queue devant les guichets. @RadioCanadaInfo pic.twitter.com/g6F5CPS6OI
— J-Francois Belanger (@belangerjf) 29 Juin 2015
La Banque centrale européenne ayant décidé dimanche de ne pas augmenter les liquidités qui maintenaient à flot les banques grecques, le premier ministre grec s'est résolu dans la soirée à mettre en place un contrôle des capitaux pour empêcher les banques de s'effondrer en raison d'une demande massive de retraits.
La Grèce a moins de 48 heures pour rembourser 1,6 milliard d'euros au Fonds monétaire international. Un défaut déclencherait des événements en cascade avec peut-être à la clé une sortie du pays de la zone euro.
Maintenant que le premier ministre a annoncé un référendum sur les propositions des créanciers, décision qui a exaspéré les partenaires d'Athènes, l'apparition d'une solution de dernière minute semble désormais improbable.
« Je ne peux pas le croire, dit Evgenia Gekou, une Athénienne de 50 ans, qui se rend à son travail. Je continue à penser que je vais me réveiller demain et que tout sera arrangé. Je tâche très fort de ne pas m'inquiéter. »
Les banques resteront fermées au moins jusqu'au 5 juillet inclus, jour du référendum. Les retraits aux distributeurs de billets seront limités à 60 euros à leur réouverture mardi.
« J'ai cinq euros en poche. Je vais tenter ma chance ici pour trouver un peu d'argent », déclare Yanis Kalaizakis, un plombier de 58 ans, rencontré lundi dans le centre d'Athènes devant un distributeur de billets vide.
« Les queues dans mon quartier étaient trop longues hier, justifie-t-il en référence aux files d'attente qui se sont formées devant les distributeurs et les stations-service dès l'annonce par le premier ministre grec Alexis Tsipras des mesures d'urgence dimanche soir. Je ne sais pas quoi dire d'autre. C'est le bazar. »
Les files d'attente devant les distributeurs font la une des journaux de lundi. « Heures dramatiques », titre le quotidien Nafetemporiki.
Graffiti qui appelle à voter non au référendum grec sur le plan d'aide européen. @RadioCanadaInfo pic.twitter.com/fQahoR562a
— J-Francois Belanger (@belangerjf) 29 Juin 2015
Le journal conservateur Eleftheros Typos accuse Alexis Tsipras d'avoir annoncé le référendum comme un stratagème visant à entraîner le pays vers des élections anticipées avec l'espoir de les gagner.
« Alors que le programme [d'aide] est valable jusqu'à mardi, on ne nous fournit plus la liquidité nécessaire pour les banques grecques simplement pour faire du chantage et nous terroriser », a dit le ministre chargé des réformes administratives Georges Katrougalos à la chaîne de télévision Antenna.
« Si nous votons oui, ils démoliront les retraites, il faudra payer [...] dans les hôpitaux publics. Quand vos enfants ne pourront aller à l'école, vous direz "merci" et ils diront "vous l'avez demandé". Mais si vous dites non, nous aurez la capacité de vous battre pour un avenir meilleur. »
Quelque 17 000 manifestants, pour la plupart sympathisants de Syriza, le parti de gauche au pouvoir, ont manifesté lundi à Athènes et à Thessalonique en faveur du non au référendum, prévu le 5 juillet prochain dénonçant « le chantage des créanciers », rapporte l'AFP.
Un accord toujours possible, dit Hollande
Il y a toujours la possibilité d'un accord entre la Grèce et ses créanciers, sous réserve que les autorités et le peuple grecs le veuillent, a déclaré lundi François Hollande.
Lors d'une brève déclaration à l'issue d'un conseil restreint consacré à la Grèce, le président a souligné que la France était « toujours disponible pour que le dialogue puisse reprendre ».
« Je souhaite que si les Grecs en décident, [...] cette négociation puisse reprendre », a-t-il dit, précisant respecter « le choix souverain » du référendum décidé par Alexis Tsipras sur le programme de soutien à la Grèce.
François Hollande regrette la décision d'Alexis Tsipras de suspendre les négociations « parce que nous étions tout près d'un accord ».