Blessures du genou chez les joueuses, un fléau évitable

Blessures aux genoux
Photo : Radio-Canada
Chaque année, près d'un quart de million de blessures du ligament croisé antérieur (genou) surviennent au Canada et aux États-Unis.
Les filles qui prennent part à la Coupe du monde en savent quelque chose. En fait, les filles présentent quatre à huit fois plus de risques de subir cette blessure, surtout les 12 à 17 ans. Pourquoi les filles? Il y a des facteurs hormonaux et biomécaniques.
« Les femmes n'atterrissent pas d'un saut de la même façon, explique la Dre Véronique Godbout, chirurgienne orthopédiste au CHUM. L'alignement des membres inférieurs n'est pas le même non plus. Anatomiquement, le genou n'est pas fait tout à fait pareil. Ce qui l'expose plus aux blessures quand on fait des mouvements de pivot et des changements de direction. »
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Et ça peut parfois prendre des allures épidémiques comme pour l'équipe féminine de soccer des Carabins de l'Université de Montréal la saison dernière.
« On a subi trois déchirures en trois semaines, raconte l'entraîneur-chef des Carabins, Kevin McConnell. C'était une année exceptionnelle à cet égard-là. Je n'ai jamais vu ça. »
En fait, elles étaient quatre coéquipières en réadaptation au même moment pour la même chose. Et une blessure au ligament croisé antérieur, ce n'est pas une mince affaire.
Maude Bérubé Bergeron, 21 ans, ne l'a pas trouvé drôle l'automne dernier.
« Je me rappelle quand on m'a annoncé ça au mois de septembre, je l'ai pris comme un petit deuil, avoue Bergeron. C'est une blessure au genou qui nécessite une chirurgie, six mois postopératoire, un retour qui est graduel. »
Sauf qu'il y a moyen de prévenir ces blessures. Avec des programmes d'entraînement neuromusculaires comme le FIFA 11+, offert gratuitement sur Internet. Les résultats sont probants.
« L'application de ces routines d'échauffements, qui incluent des exercices neuromusculaires, peut réduire de 30 à 85 % l'incidence des déchirures du ligament croisé antérieur », rapporte la Dre Godbout.
Du côté des Carabins, on connaissait déjà le programme. On appliquait une version adaptée à l'équipe, explique l'entraîneur-chef.
« Mais les blessures parlent d'elles-mêmes, lance Mona Ouirzane, une autre des éclopées du genou. Il y a quelque chose à améliorer. »
Un meilleur échauffement
Pour Maude, la routine d'avant-match des Carabins aurait intérêt à être plus élaborée, plus spécifique aux genoux et plus longue.
La saison universitaire compte 14 matchs condensés en 8 semaines, si on exclut les séries.
« Probablement des facteurs qui font que ce programme-là n'a peut-être pas la cote au niveau universitaire, raconte Mona Ouirzane. Parce que ce sont des saisons très courtes. On n'a pas le temps. Et il faut produire des résultats tout de suite. »
Ces blessures au genou pour ces étudiantes, forcées au repos, ont eu des répercussions sur le plan académique, même si la tête n'est pas en cause.
« Le fait de faire du sport, ça a vraiment un impact sur les capacités cognitives, l'éveil, poursuit Ouirzane. J'ai vraiment vu une énorme différence. Être fatiguée après une heure et demi d'étude, c'est vraiment pas quelque chose que je connais habituellement. »
Mona et Maude comptent bien parler au préparateur physique afin d'inclure le programme FIFA 11+ dans leur routine à l'avenir.
« Je me fais messagère de ça, lance Maude. Parce que c'est tellement plate, c'est tellement pas nécessaire. »
Avis aux intéressés, le programme de prévention est aussi efficace pour les garçons.