« Une entente entre médecins, pour des médecins », déplore le PQ

La porte-parole du Parti québécois en matière de santé, Diane Lamarre.
Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'entente visant à assurer d'ici 2018 aux Québécois l'accès à un médecin de famille annoncée par le ministre de la Santé et le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) suscite des critiques des partis d'opposition.
Selon la porte-parole du PQ en matière de santé, Diane Lamarre, cette entente n'améliore en rien le système de santé de façon concrète. « C'est une entente entre médecins, pour des médecins », déplore-t-elle.
La députée de Taillon dénonce le fait que l'entente ne prévoie aucun mécanisme pour mesurer les progrès de la nouvelle mesure. Elle estime que le gouvernement n'a rien fait depuis son arrivée au pouvoir pour améliorer les soins de santé et qu'il demande un nouveau délai de deux ans avant d'atteindre ses premiers objectifs.
C'est une entente pour donner accès à un médecin de famille, mais pas nécessairement à notre système de santé et aux soins de santé.
Mme Lamarre reproche également au ministre Barrette de ne pas écouter les groupes de patients et d'autres professionnels de la santé. « On n'a pas fait de place aux infirmières praticiennes spécialisées (IPS), aux psychologues, aux pharmaciens et aux autres professionnels qui pourraient contribuer », poursuit-elle.
Le ministre de la Santé, ajoute-t-elle, aurait tout intérêt à se tourner vers l'interdisciplinarité afin de résorber les difficultés du système de santé. « Ce sont les modèles qui fonctionnent dans les autres provinces et les autres pays. »
Mme Lamarre craint en outre que la mesure accroisse les coûts du système de santé, puisque le mode de rémunération des médecins n'a pas changé. Or, en augmentant le nombre d'actes médicaux des médecins – qui sont payés à l'acte - les coûts du système augmenteront d'autant.

Le porte-parole de la Coalition avenir Québec en matière de santé, François Paradis.
La CAQ veut que l'entente soit rendue publique
Le porte-parole de la CAQ en matière de santé, François Paradis, aurait lui aussi « souhaité une révision du mode de rémunération des médecins ».
« Ce n'est pas d'hier qu'on en parle, a-t-il dit en conférence de presse. Toutes les commissions sur la santé ont abordé la question du mode de rémunération, et on n'a rien là-dessus, sachant pertinemment que notre façon de rémunérer au Québec actuellement, de rémunérer à l'acte, risque logiquement de faire en sorte que tout nous coûte plus cher. »
C'est un peu étonnant : au final, ça pourrait donc nous coûter collectivement davantage. On aurait souhaité qu'il y ait une avancée du côté du mode de rémunération.
M. Paradis soutient aussi que le ministre Barrette devrait mesurer plus étroitement l'atteinte des objectifs établis. « Qu'on ait une cible pour le 31 décembre 2017, c'est quelque chose. Mais on aurait aimé que le ministre en ait davantage, c'est-à-dire qu'on puisse, jusqu'à ce moment-là, avoir des résultats, des objectifs à atteindre »
« Qu'est-ce qu'on se donne comme mission, comme objectif à atteindre, dans six mois, dans un an, globalement, pour le temps d'attente dans les urgences, pour l'accès réel à un médecin de famille? », demande-t-il.
On aurait aimé que le ministre ait des cibles précises là-dessus, des attentes, des résultats à obtenir, ce que l'on n'a pas ».
François Paradis demande en outre au ministre Barrette de divulguer l'entente, étant donné que l'étude en commission parlementaire du projet de loi 20 commencera mardi. « On a les grandes lignes, mais il y a assurément des détails qui ne sont pas connus, et qui risquent de faire en sorte que le travail soit plus difficile et qu'on avance moins là-dedans », a-t-il fait valoir.

Amir Khadir, député de Mercier pour Québec solidaire
Photo : Radio-Canada/Luc Lavigne
Du côté de Québec solidaire, son porte-parole en santé Amir Khadir est sceptique.
« Il faut s'en réjouir (de l'entente) mais est-ce que c'est concret? Est-ce qu'il y a quelque chose qui rattache tout ça? Je suis moins sûr et en plus ce n'est pas suffisant », dit-il.
Cela ne fait que reproduire un modèle qu'on a testé depuis 20 ans, c'est-à-dire des ententes derrière des portes closes entre médecins. (...) Ça ne peut pas être le seul acteur pour corriger un problème multidimensionnel.
Les groupes de défense saluent l'entente
De son côté, le Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU) salue l'entente. « Cette entente favorisera un plus grand accès aux services de médecine familiale et c'est le but recherché » se réjouit son directeur général, Pierre Blain, dans un communiqué. « Le RPCU a toujours souhaité une entente entre les parties pour une meilleure efficience du réseau. »
Le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet, applaudit lui les protagonistes. « C'est un plus! On félicite le ministre et le grand syndicat des médecins omnipraticiens », a déclaré le porte-parole en ajoutant qu'il avait tout de même des réserves.
« Le projet de loi est supposé améliorer l'accès, pas la mise sur une liste d'attente. Là-dessus, on va surveiller comment les choses vont avancer. Il faut que les citoyens voient la différence et un meilleur accès. Le ministre Barrette a répété en commission parlementaire "si le patient ne voit pas la différence à la fin de la réforme, j'aurai échoué" ».