Renaud-Bray acquiert la chaîne de magasins Archambault

Librairie Renaud-Bray, rue St-Denis à Montréal
Québecor annonce la vente des activités de vente au détail de sa filiale le Groupe Archambault à sa concurrente Renaud-Bray. Cette dernière met ainsi la main sur les 14 magasins Archambault, le portail Archambault.ca, de même que sur la librairie de langue anglaise Paragraphe.
Le montant de la transaction, qui demeure conditionnelle à l'approbation du Bureau de la concurrence, n'a pas été dévoilé. En attendant l'aval de la transaction, Québecor continuera d'assurer la gestion de l'ensemble des actifs du Groupe Archambault.
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Avec la vente d'Archambault, Québecor se retire de la vente de musique au détail. Renaud-Bray prévoit maintenir l'enseigne Archambault comme entité distincte. Le président de l'entreprise, Blaise Renaud, entend ainsi miser sur la renommée d'Archambault pour maintenir l'offre de l'enseigne.
« Fondée il y a près de 120 ans, Archambault s'est d'abord imposée comme un leader dans le domaine de la musique et du cinéma, puis a étendu son offre de produits de divertissement aux livres », a déclaré M. Renaud par voie de communiqué. « Archambault est aujourd'hui une bannière reconnue qui figure parmi les entreprises les plus admirées des Québécois. »
Fondée en 1965, Renaud-Bray compte 30 librairies sous l'enseigne Renaud-Bray, une boutique virtuelle - renaud-bray.com.
L'acquisition d'Archambault permettra d'« assurer une plus grande vitalité à notre secteur d'activité et, par le fait même, à l'ensemble de la chaîne du livre », a ajouté M. Renaud.
« Dans le contexte économique difficile qui prévaut actuellement [...] Renaud-Bray et Archambault ont eux aussi l'obligation de s'adapter et de se renouveler pour faire face à l'avenir. »
Pas de plans de fermeture de magasins
Le président de Renaud-Bray, Blaise Renaud, assure que l'acquisition n'a pas été faite dans un objectif de rationalisation. Il assure qu'il n'y a pas de plan de fermeture de magasins, même si certains d'entre eux sont à proximité, géographiquement parlant.
Pour M. Renaud, il importe plutôt que les deux enseignes demeurent fortes afin d'assurer une plus grande vitalité au secteur du livre.
Le directeur général de l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), Richard Prieur, se montre toutefois inquiet.
« C'est la responsabilité de l'acquéreur de prouver que cette acquisition va vraiment servir la chaîne du livre. Faites-nous la démonstration parce que la chaîne du livre, ce n'est pas que les grands détaillants, les éditeurs et les auteurs, ce sont aussi des distributeurs, des libraires indépendants, des bibliothécaires. »
L'ANEL a d'ailleurs de nombreuses préoccupations face à cette transaction. « La concentration dans la culture, ce n'est jamais bon signe dans la mesure où ce n'est jamais synonyme de diversification de l'offre », affirme M. Prieur, qui note également que Renaud-Bray est en litige commercial avec un distributeur depuis plus d'un an, ce qui fait en sorte que les livres d'une trentaine de membres de l'ANEL ne sont pas vendus chez Renaud-Bray.
L'ANEL songe d'ailleurs à exprimer ses réserves au Bureau de la concurrence. Richard Prieur estime que la ministre de la Culture du Québec, Hélène David, devra aller de l'avant de toute urgence avec ses consultations entourant la révision de la loi sur le livre, annoncée le mois dernier.

Québecor satisfait
Le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Dion, admet sans détour que cette transaction vise à sortir le conglomérat de la vente au détail, et non de la production culturelle.
Car de tout le groupe Archambault, Québecor ne conserve que les divisions de musique et de spectacle que sont les filiales Musicor et Select. De plus, Québecor compte toujours 18 maisons d'édition générale, dont Les Éditions de l'Homme, Libre Expression, L'Hexagone, VLB Éditeur, Les Éditions du Trécarré, et une maison d'édition scolaire.
« Le secteur de la vente au détail a dû relever d'importants défis en raison de l'évolution des technologies et de l'apparition des plateformes numériques, des bouleversements qui ont provoqué un changement des habitudes chez les consommateurs », a déclaré Pierre Dion.
« Aujourd'hui, la concurrence ne se retrouve plus de l'autre côté de la rue chez le détaillant, mais provient de grands joueurs internationaux. »
M. Dion s'est également dit heureux que la transaction permette à l'entreprise de demeurer entre les mains d'intérêts québécois. « Renaud-Bray a su faire sa place pour développer le marché de la culture francophone et offrir des produits de qualité aux gens d'ici », a-t-il ajouté.
Pas une surprise
Pour la spécialiste en commerce de détail de HEC Montréal, JoAnn Labrecque, la consolidation des activités des deux chaînes n'est pas une surprise. Les deux entreprises, fait-elle valoir, ont dû se repositionner en raison de la popularité grandissante des ventes en ligne. « Archambault était très fort au niveau de la musique, un segment qui connaît un déclin continu depuis plusieurs années, explique Mme Labrecque. C'est la même chose chez Renaud-Bray, qui était premier dans le marché du livre québécois et qui cherche à se diversifier. »