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Le fédéral vise une réduction de 30 % des émissions de GES d'ici 2030

Le Canada adopte de nouvelles cibles de réduction de gaz à effet de serre.

Le Canada adopte de nouvelles cibles de réduction de gaz à effet de serre.

Photo : La Presse canadienne / Frank Gunn

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Annoncée vendredi, la nouvelle stratégie du fédéral pour combattre les changements climatiques occasionnés par les émissions de gaz à effet de serre est accueillie froidement par l'opposition et par des critiques tels que Steven Guilbault, d'Équiterre.

L'annonce du gouvernement de Stephen Harper a été faite à partir de Winnipeg par la ministre fédérale de l'Environnement. Leona Aglukkaq a révélé que les nouvelles cibles dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) visaient une réduction de 30 % des émissions de GES d'ici 2030, sous les niveaux de 2005.

« Cette cible est honnête et ambitieuse. [...] Nous allons continuer à réduire les émissions tout en protégeant l'économie. »

— Une citation de  La ministre de l'Environnement du Canada, Leona Aglukkaq

Cette cible qualifiée d'ambitieuse par la ministre paraît au contraire fort insuffisante aux yeux de députés fédéraux comme le libéral David McGuinty, qui estime que les conservateurs « n'ont jamais été sérieux sur les changements climatiques ».

Rappelons que le Canada avait l'obligation de rendre publiques ses cibles avant la tenue du sommet des sept pays les plus industrialisés, un sommet prévu en Allemagne le mois prochain.

Une conférence très importante sur le climat se tiendra à Paris à la fin de l'année; quelque 200 pays sont censés y révéler leur plan respectif pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Pour voir ce graphique sur votre appareil mobile, cliquez ici (Nouvelle fenêtre)

Des règles changées selon les secteurs

En vertu du plan révélé par Leona Aglukkaq, le gouvernement canadien entend réduire ses émissions de carbone en changeant les règles relativement :

  • aux émissions de méthane produites par le secteur pétrolier et gazier;
  • au contrôle des émissions provenant des centrales thermiques au gaz naturel;
  • au contrôle des émissions provenant de la production de substances chimiques et d'engrais azotés.

Un travail conjoint avec les provinces

« Parvenir à cet objectif ambitieux nécessitera des actions de la part de tous les niveaux de gouvernement et nous continuerons à travailler ensemble en coopération avec les objectifs des provinces et des territoires, tout en respectant leur juridiction. »

— Une citation de  La ministre de l'Environnement du Canada, Leona Aglukkaq

Le 14 avril dernier, les premiers ministres des provinces et des territoires s'étaient réunis à Québec pour discuter d'environnement et de climat. Au terme de cette réunion, ils avaient convenu, dans une résolution commune, d'appeler le gouvernement canadien à travailler en partenariat. 

Apprenant la nouvelle cible élaborée par le fédéral, le ministre de l'Environnement du Québec, David Heurtel, a déploré que le gouvernement de Stephen Harper ait fait cavalier seul dans ce dossier.

« Ottawa aurait dû s'asseoir avec les provinces pour qu'on travaille ensemble. C'est ce qu'on demandait depuis des mois », a affirmé David Heurtel. Relativement à la cible comme telle, M. Heurtel n'a pas voulu se prononcer, afin de prendre le temps d'étudier ce que le fédéral propose.

« Un exercice de publicité », dénonce le libéral Stéphane Dion

Le mois dernier, Environnement Canada a rapporté que les émissions nationales de GES avaient augmenté entre 2012 et 2013 pour atteindre 726 mégatonnes, la quatrième augmentation annuelle consécutive.

À des fins de comparaison, une voiture de taille moyenne émet entre 2 à 3 tonnes de GES par année; (une mégatonne équivaut à un million de tonnes). 

Cela rend improbable que le Canada puisse respecter sa promesse antérieure de réduire ses émissions de 17 % sous les niveaux de 2005, d'ici 2020. 

Une situation que le député libéral Stéphane Dion trouve « grave ». 

« On rate complètement la cible de 2020 [...] Ce qui veut dire que le gouvernement prétend qu'en dix ans, on va avoir une cible deux fois plus exigeante par rapport à celle qu'il a complètement ratée. »

— Une citation de  Stéphane Dion,député libéral de la circonscription de Saint-Laurent-Cartierville

M. Dion rappelle aussi que le plus récent budget déposé par les conservateurs ne comportait aucune mention sur les changements climatiques. « On n'a rien prévu », déplore-t-il. À ses yeux, l'annonce faite aujourd'hui par les conservateurs équivaut à « un exercice de publicité ».

Pour sa part, Guy Caron, député néo-démocrate de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, estime que le Canada ne fait pas sa juste part dans ce combat : il se contente de fixer des cibles qui sont extrêmement basses et d'attendre la prochaine élection », dénonce M. Caron.

L'une des cibles les moins ambitieuses de tous les pays du G7

Steven Guilbault, cofondateur d'Équiterre, constate que la cible fixée par le Canada est moins ambitieuse que celle des États-Unis d'autant plus que Washington prévoit atteindre son objectif cinq ans plus tôt que le Canada. 

Ensuite, M. Guilbault explique qu'en ramenant la cible de 30 % annoncée aujourd'hui par Ottawa sous les niveaux de 1990, elle n'équivaut plus qu'à 14 %.

À titre de comparaison, dit M. Guilbault, l'Ontario vient d'annoncer une cible de 37 % sous les niveaux de 1990; la Californie et l'Union européenne (UE) ont pour leur part annoncé une cible de 40 %. « De tous les pays du G7, la cible du Canada est la moins ambitieuse », affirme Steven Guilbault, qui précise toutefois que le Japon n'a pas encore annoncé ses couleurs en la matière.

Histoire de mettre le tout en contexte, ajoutons que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), le principal groupe scientifique au monde sur ces questions, a déclaré que les émissions mondiales de GES doivent être réduites de 25 à 40 % sous les niveaux de 1990, d'ici 2020, si la planète veut éviter les pires conséquences du réchauffement climatique.

Steven Guilbault déplore par ailleurs que le gouvernement Harper, dans son annonce, « ne touche pas du tout aux sables bitumineux ».

« Les émissions de l'Alberta, depuis 1990, c'est 73 % de toute l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre au Canada et elles sont, pratiquement, toujours en hausse. [...] Alors, si on ne s'attaque pas aux sables bitumineux de l'Alberta, il est inconcevable de penser qu'on va atteindre même la cible modeste que le Canada vient d'annoncer. »

— Une citation de  Steven Guilbault, cofondateur d'Équiterre

Le cofondateur d'Équiterre dénonce que le gouvernement fédéral subventionne les pétrolières à la hauteur d'environ 1,5 milliard de dollars par année. « Si on arrêtait de subventionner et qu'on mettait l'argent ailleurs, ce serait déjà beaucoup mieux », affirme Steven Guilbault.

Enfin, M. Guilbault note que l'annonce faite par Ottawa n'est pas encore assortie de règlements et que ces derniers ne seront pas publiés avant les élections fédérales prévues pour cet automne. 

Avec les informations de La Presse canadienne

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