Démantèlement partiel de l'équipement d'Enercon à Matane : une trentaine d'emplois perdus

Le compte rendu de Michel-Félix Tremblay
Photo : Joane Bérubé
La direction d'Enercon annonce le démantèlement partiel de l'équipement de bétonnage à son usine WEC Tours Québec de Matane.
Une trentaine d'emplois seront perdus. Ce personnel demeurera en poste jusqu'à la fin juin.
Possible fermeture définitive en décembre
« L'équipement sera transféré en Ontario, où Enercon honore un contrat de 230 mégawatts (MW) d'énergie éolienne, explique Nicolas Bourbonniere, directeur, Gestion commerciale. Matane perd le bétonnage des tours, mais fabriquera les câbles de post-tension et les "e-modules" (composants électroniques). Ces emplois seront donc maintenus, mais prendront fin en décembre. »
Actuellement, l'usine emploie 86 personnes. Quand elle produisait à plein régime, on parlait de plus d'une centaine d'employés.
Pas retenu dans le dernier appel d'offres
Le fait que le turbinier n'ait pas été retenu dans l'appel d'offres de 450 MW d'Hydro-Québec, en décembre dernier, est à l'origine de ces mesures.
« Enercon est le seul turbinier à avoir effectué un investissement direct au Québec, afin d'assurer un maximum de contenu local, rappelle Michael Weidemann, vice-président exécutif pour Enercon Canada. Nous en sommes malheureusement rendus au démantèlement de l'équipement servant au coulage des segments de tours de béton, c'est-à-dire les moules. »
M. Weidemann précise que l'entreprise tente de maintenir un maximum de sa production à Matane et par le fait même, un maximum d'emplois.
« Il est définitivement minuit moins une pour nous, pour notre usine de Matane, si l'on souhaite renverser cette situation. »
Des démarches en haut lieu qui n'ont pas abouti
« Il y a eu des échanges en haut lieu avec le cabinet du ministre des Ressources naturelles, avec le gouvernement du Québec, rapporte le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé. Le maire de Matane, les intervenants et moi, on est pleinement conscients de ça et on attendait des résultats.
Manifestement, ajoute-t-il, on n'en est pas arrivés à une entente qui pourrait passer par exemple, par un contrat de gré à gré, à court terme, qui permettrait à Enercon de passer à travers une période difficile. »
Possible, mais compliqué
Le ministre responsable du Bas-Saint-Laurent, Jean D'Amour, confirme qu'il y a encore 200 MW disponibles sur les 4000 initialement annoncés. Toutefois, il rappelle que l'octroi du contrat de gré à gré est régi par des règles très strictes et qu'il n'est pas question de les contourner.
« Tout est possible »
Faisant allusion à une éventuelle attribution de contrat de gré à gré, la Ville de Matane demande au gouvernement du Québec de prendre une décision courageuse pour sauver les emplois menacés.
Le maire, Jérôme Landry, demande la poursuite des négociations. Il met de la pression sur Enercon et sur le gouvernement.
« Il existe une solution, affirme le maire. C'est aux " politiques " de la prendre. On sait qu'Enercon négocie directement avec le bureau du premier ministre. Les équipements peuvent revenir à Matane aussi rapidement lorsqu'il y aura une annonce positive. Tout est possible. »
« Pas encore minuit »
La directrice générale de la Société d'aide au développement de la collectivité (SADC), Annie Fournier, ne perd pas espoir.
« J'étais là à l'époque où le gouvernement et nous, on a tenté de convaincre Enercon de s'intéresser à l'appel d'offres, en 2011. Aujourd'hui, on a tous une responsabilité, le gouvernement, les développeurs économiques et Enercon aussi. M. Weidemann dit qu'il est minuit moins une. Mais il n'est pas minuit... »
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