Budget Leitao : réactions partagées dans l'Est

Le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitao, lors du dépôt du budget, le 26 mars 2015.
Photo : PC/Jacques Boissinot
Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les réactions partagées fusent de toutes parts dans l'Est du Québec à la suite du dépôt du deuxième budget du gouvernement Couillard.
Le maire de Rivière-du-Loup, Gaétan Gamache, salue l'investissement de 1,5 milliard de dollars sur cinq ans qui sera consacré au secteur maritime.
Selon le maire, sa municipalité pourra profiter pleinement des sommes annoncées en lien avec la stratégie maritime pour faire cheminer son projet de carrefour maritime.
« J'espère que ça va donner un souffle aux villes pour nous permettre de faire des projets qu'on a sur la table et qu'on veut réaliser », dit-il.
Le président de la Conférence régionale des élus (CRÉ) du Bas-Saint-Laurent, Michel Lagacé, abonde dans le même sens. Il estime que le budget du ministre des Finances, Carlos Leitao, pourrait aider des régions comme la sienne ou encore la Gaspésie.
Selon lui, les sommes consenties pour le déploiement de la stratégie maritime pourraient soutenir de nombreux ports de mer dans l'Est du Québec.
Il sera toutefois important de bien analyser le budget au cours des prochains jours pour mesurer l'aide offerte à chacune des régions, nuance-t-il.
Pour le ministre responsable de l'implantation de la stratégie maritime, Jean D'Amour, Rimouski jouera un rôle majeur. D'après lui, l'enjeu sera de donner aux entreprises un accès aux ressources humaines nécessaires.
« Sur les trois prochaines années, on a besoin de 2000 travailleurs, dit-il. Ça aussi, c'est bon pour Rimouski. C'est là que se trouve l'institut maritime. Sur le plan maritime, c'est un budget calqué sur les besoins notamment de l'Est du Québec. »
Aide aux entreprises
Le président de la CRÉ Bas-Saint-Laurent, Michel Lagacé, pense que la bonification du crédit d'impôt pour les travailleurs expérimentés pourrait permettre d'aider près de 17 000 travailleurs de plus d'ici 2020.
D'après lui, ce crédit d'impôt bonifié profitera à certaines entreprises. « Avoir des mesures de rétention pour les travailleurs plus âgés afin de permettre à ces ressources-là de continuer à oeuvrer à l'intérieur des entreprises, c'est une très bonne nouvelle », affirme-t-il.
Pour sa part, la présidente de la Chambre de commerce et de l'industrie de Rimouski-Neigette, Chantal Pilon, croit que le nouveau budget n'aide pas les petites entreprises de la province.
Selon elle, la réduction graduelle des impôts pour les entreprises aura un impact beaucoup plus marqué pour les moyennes entreprises. De plus, la bonification de l'aide sociale sectorielle va favoriser davantage les PME situées dans les grands centres, soutient-elle.
« Quand on parle d'une baisse du taux général d'impôt, c'est pour des entreprises qui ont un revenu imposable de plus de 500 000 $, dit-elle. Ce n'est pas notre tissu économique ici. Quant au crédit d'impôt à l'investissement, il a quand même été coupé de 8 %. On le maintient jusqu'en 2022, mais il y a quand même eu une ponction. »
Inquiétudes dans les milieux communautaires
La porte-parole des organismes communautaires du Bas-Saint-Laurent, Véronique Thibeault, s'inquiète de l'impact qu'aura la réduction des dépenses du ministère de la Santé annoncée dans le budget du Québec.
Suivant son budget, le gouvernement libéral limitera à 1,4 % la croissance des dépenses en santé.
Selon Mme Thibeault, il est inévitable que cette mesure ait des conséquences directes sur les services dispensés par les organismes communautaires.
« On est très inquiets, dit-elle. Comme notre budget vient directement du ministère de la Santé, c'est clair qu'on va devoir regarder ça de plus près. Dès que le réseau coupe ou réaménage, il y a des répercussions directes sur les organismes communautaires. Dès que les gens n'ont plus accès aux services essentiels du réseau public, ils se tournent vers nous. »
Frédérick Deroy du Collectif gaspésien "Refusons l'austérité" estime qu'il est utopique de croire que l'effort demandé aux ministères de la Santé et de l'Éducation ne se traduira pas par une diminution des services. Il déplore que, parallèlement à ces compressions, le gouvernement ait choisi d'aider les entreprises. « On parle d'argent public qui va aider l'entreprise privée et qui est enlevé des mains du secteur public », affirme M. Deroy.
Peu d'enthousiasme pour l'aide aux travaux sylvicoles en Haute-Gaspésie
Le Groupement forestier Shick-Shocks de la Haute-Gaspésie se montre peu enthousiaste quant à la mesure du budget Leitao qui consent un montant de 225 millions de dollars pour les travaux sylvicoles.
Selon le directeur général de l'organisme, Michel Marin, ces sommes avaient déjà été engagées par le gouvernement.
Le groupement se dit déçu d'avoir subi une coupe de près de deux millions de dollars dans son budget.
Selon M. Marin, il y aura moins de travail dans la région en raison de cette perte de fonds. « Il va falloir que, au niveau des annonces qui concernent le maintien et la création d'emploi et de richesse par la production industrielle, il y ait des annonces conséquentes pour stimuler l'économie. Quand on coupe, ce n'est pas la bonne façon de faire ni le bon signal à envoyer. »
Le soutien à la culture salué, mais des questions persistent
La présidente des Conservatoires de musique et d'art dramatique du Québec, Marie-France Maheux, se réjouit que le budget prévoie un investissement de 24 millions de dollars au cours des deux prochaines années pour soutenir les sociétés d'État du secteur culturel.
Selon Mme Maheux, cette mesure annoncée dans le contexte du déficit zéro montre que la ministre de la Culture, Hélène David, a bien entendu les demandes des créateurs et des artistes.
« On est vraiment contents, indique-t-elle. La promesse que la ministre avait faite a été tenue. C'est un signe qu'elle nous donne sur l'importance des conservatoires. »
De nombreuses questions restent toutefois en suspens concernant les sommes investies dans le secteur de la culture, selon la présidente du Conseil de la culture du Bas-Saint-Laurent, Julie Boivin.
« On ne va pas se réjouir trop rapidement, car il nous manque beaucoup de détails, mais ce n'est pas si négatif que ça, souligne-t-elle. On constate qu'il y aurait une bonification des crédits d'impôt. Par contre, on ne voit pas très bien c'est où et ce que ça signifie. »
Julie Boivin explique que les intervenants du domaine craignaient de voir certaines mesures du rapport Godbout mises en oeuvre.
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