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Zehaf-Bibeau voulait « venger les moudjahidines du monde entier »

Image tirée de la vidéo de Michael Zehaf-Bibeau

Image tirée de la vidéo de Michael Zehaf-Bibeau

Photo : La Presse canadienne / HO-RCMP

Radio-Canada

« C'est donc pour venger les moudjahidines du monde entier. Le Canada est devenu officiellement un de nos ennemis en nous déclarant la guerre et en nous bombardant ainsi, créant beaucoup de terreur dans nos pays en nous assassinant et tuant nos innocents », soutient Michael Zehaf-Bibeau dans une vidéo tournée quelques minutes avant d'aller abattre un militaire canadien et d'attaquer le parlement d'Ottawa le 22 octobre dernier.

La vidéo, qui dure moins d'une minute, a été présentée ce matin par le commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) Bob Paulson, qui témoignait devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale.

Michael Zehaf-Bibeau a tourné cette vidéo seul, dans sa voiture, avec son téléphone cellulaire. Sur un ton calme malgré un débit rapide, Zehaf-Bibeau livre son discours d'un trait, justifiant son geste en dénonçant la présence militaire canadienne en Irak et l'intervention militaire occidentale en Afghanistan.

Alors, je vais juste cibler quelques-uns de vos soldats, juste pour démontrer que vous n'êtes aucunement en sécurité dans votre propre pays, vous devriez faire attention.

Une citation de Michael Zehaf-Bibeau

La police fédérale se base sur la bande vidéo pour imputer au tireur des motifs d'ordre « idéologique et politique ». M. Paulson a révélé que les analyses toxicologiques se sont révélées négatives tant pour l'alcool que pour toute autre drogue.

La GRC a décidé d'amputer de 18 secondes la bande qui est présentée au comité, sans en préciser les raisons. La vidéo a été amputée de 13 secondes au début et de 5 autres secondes à la fin.

« Nous devions tenir compte de l'impact de cette diffusion sur l'enquête ainsi que sur d'autres individus », a dit M. Paulson en début de présentation. 

La vidéo présentée par la GRC se termine ainsi : « Et mon message à vous tous en ceci est que, si Dieu le veut, nous n'arrêterons pas, jusqu'à ce que vous décidiez d'être un pays paisible et que vous vous occupiez de vos propres affaires, que vous arrêtiez d'aller attaquer et envahir d'autres pays et tuer nos plus vertueux qui essayent de rétablir la loi de Dieu dans nos pays ».

Paulson convaincu que Zehaf-Bibeau a été influencé

À sa sortie du comité parlementaire, M. Paulson a dit être persuadé que des tiers ont influencé Zehaf-Bibeau pour qu'il commette cette agression. Il a indiqué que l'enquête se poursuivait, en précisant que les enquêteurs tentaient toujours de déterminer si des gens l'ont aidé à organiser ou à commettre son attaque. Le cas échéant, ces derniers seraient ainsi traduits en justice pour répondre à des accusations liées au terrorisme.

M. Paulson explique que 131 enquêteurs travaillent toujours sur l'affaire et que 400 personnes - dont des collègues et des gens qui ont voyagé avec Zehaf-Bibeau - ont été interrogées dans le cadre de cette enquête. Il souligne que Zehaf-Bibeau s'est lentement radicalisé au cours des dernières années de sa vie.

Les enquêteurs ignorent toujours où Michael Zehaf-Bibeau s'est procuré l'arme avec laquelle il a perpétré son crime.

Les enquêteurs ignorent toujours où Michael Zehaf-Bibeau s'est procuré l'arme avec laquelle il a perpétré son crime.

Photo : GRC

Bob Paulson affirme que ce n'est pas son intention d'influencer le débat politique en diffusant la vidéo. Il aurait aimé diffuser la vidéo aussitôt qu'elle a été découverte, le dimanche suivant le meurtre du caporal Nathan Cirillo. Des discussions au sein de la direction de la GRC ont toutefois retardé la diffusion de la vidéo et des divergences d'opinions demeurent dans le dossier.

Certains craignent notamment que la vidéo soit utilisée à des fins de recrutement, mais le commissaire Paulson estime qu'il faut la montrer aux Canadiens afin que la population puisse comprendre le phénomène de la radicalisation.

Lorsqu'on lui a demandé si le projet de loi C-51 aurait pu aider la GRC à stopper Zehaf-Bibeau, M. Paulson a répondu que le projet de loi était « pertinent », mais a précisé qu'il ne voulait pas utiliser l'attentat d'octobre pour justifier le tout. 

« Ce que notre gouvernement fournit et que nous avons demandé, c'est un seuil abaissé pour obtenir un engagement de ne pas troubler l'ordre public », a-t-il poursuivi, en précisant que cela n'était « pas déraisonnable » dans les circonstances. « Nous devons imposer des conditions aux déplacements de ces gens et soutenir cela avec une surveillance appropriée. »

M. Paulson a par ailleurs refusé de commenter le contenu des 18 secondes de la vidéo qui n'ont pas été montrées au public. « Pour vous expliquer cela, je devrais tout vous dire à propos de l'enquête », s'est-il justifié.

Un message « dégoûtant », dit Blaney

En entrevue à Radio-Canada, le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney a qualifié le message de Zehaf-Bibeau d'« absolument abject ».« J'en ai pris connaissance en même temps que la population canadienne. Ce sont des propos choquants et dégoûtants. Manifestement, cet individu était lucide et son acte est prémédité. Comme le dit le commissaire Paulson, [cette vidéo] démontre qu'il s'agit d'un terroriste et d'un acte terroriste. »

Le ministre a précisé qu'il ne connaissait pas le contenu des secondes qui ont été retranchées de la bande présentée aujourd'hui par la GRC.

Le gouvernement Harper ainsi que le Parti libéral et le Nouveau Parti démocratique avaient appelé à la levée de l'embargo sur la vidéo. Ces partis s'étaient réjouis cette semaine de la décision de la GRC de la rendre publique.

Michael Zehaf-Bibeau a assassiné le 22 octobre le caporal Nathan Cirillo, qui montait la garde au pied du monument commémoratif de guerre du Canada, avant d'entrer dans l'édifice du Centre du parlement d'Ottawa avec un fusil de chasse. Il a finalement été abattu par les services de sécurité après être passé devant les salles de caucus où étaient réunis les députés du Parti conservateur - dont le premier ministre Harper - et du NPD.

Si le commissaire Paulson s'est présenté devant le comité formé de parlementaires, vendredi, c'est parce que celui-ci a adopté une motion pour l'exhorter à le faire, le 17 février dernier.

Le comité sénatorial qui se penche sur les dossiers reliés à la sécurité nationale a emboîté le pas, demandant au grand patron de la GRC de rendre publique « la vidéo non censurée » au moment jugé approprié ou à la conclusion de l'enquête, dans une lettre datée du 25 février.

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