L'opposant russe Boris Nemtsov tué à Moscou

L'opposant russe Boris Nemtsov
Photo : Sergei Karpukhin / Reuters
Boris Nemtsov, l'un des principaux opposants au président russe Vladimir Poutine, a été abattu au centre de Moscou dans la nuit de vendredi à samedi.
Selon une porte-parole du ministère de l'Intérieur, M. Nemtsov a été atteint de quatre balles dans le dos, alors qu'il marchait sur le Grand Pont de pierre, à côté du Kremlin, en compagnie d'une jeune femme. Il avait 55 ans.
Le tout s'est déroulé devant de nombreux témoins, selon la police. Le secteur a été bouclé par les forces de l'ordre.
Ancien ministre de l'Énergie et vice-premier ministre chargé de l'économie sous la présidence de Boris Eltsine, M. Nemtsov avait aussi organisé des marches pacifiques contre la guerre en Ukraine.
« Boris Nemtsov était un pont entre l'Ukraine et la Russie, et ce pont a été détruit par les coups de feu d'un assassin. Je pense que ce n'est pas par hasard. »
Selon Illya Yachine, son allié politique, Boris Nemtsov préparait une enquête sur les soldats russes présents en Ukraine. Il avait récemment réaffirmé sur son compte Facebook qu'à ses yeux l'annexion de la Crimée était illégale.
Moscou en marche pour Nemtsov
Avant d'être assassiné, Nemtsov avait appelé les Russes à manifester contre l'« agression de Vladimir Poutine » en Ukraine et pour l'arrêt de la guerre dans l'est du pays. Cette manifestation a été annulée au profit d'une marche dans le centre de Moscou à la mémoire du célèbre opposant russe. La marche a d'ailleurs reçu l'accord des autorités.
Près de 50 000 personnes sont attendues.
Il y a une quinzaine de jours, il confiait sa peur d'être assassiné.
En 2009, il avait été aspergé d'ammoniac par des inconnus dans la rue. Il a dénoncé les coûts des Jeux olympiques de Sotchi, sa ville natale, et écrit un rapport sur la corruption observée à cette occasion.
Une enquête indépendante réclamée
L'ancien champion d'échecs et opposant politique en exil, Garry Kasparov, était, avec Boris Nemtsov le leader du mouvement d'opposition Solidarnost.
Kasparov a écrit sur les médias sociaux qu'il était dévasté d'apprendre le meurtre brutal de son collègue de longue date au sein de l'opposition. « Tiré quatre fois, une fois pour chaque enfant qu'il laisse derrière lui », a-t-il ajouté.
Par la voix du porte-parole du Kremlin, le président Poutine a condamné le meurtre de Boris Nemtsov, suggérant qu'il puisse s'agir de l'oeuvre d'un tueur à gages et affirmant que le drame avait « tout d'une provocation ».
Le président américain Barack Obama a condamné le « meurtre brutal du politicien russe » appelant le gouvernement russe à mener « une enquête rapide, impartiale et transparente » et à s'assurer que les responsables seront traduits en justice.
Le premier ministre canadien Stephen Harper s'est pour sa part dit « attristé et stupéfait » de cet assassinat et réclame une enquête rapide, transparente et indépendante. Boris Nemtsov était un « partisan intrépide de la démocratie, des droits de la personne et de la règle de droit en Russie », a-t-il ajouté.