Chute mortelle d'échafaudage : pas d’inquiétudes sur la sécurité

En décembre 2009, cinq ouvriers kazakhs étaient tombés du 13e étage d'un édifice quand l'échafaudage sur lequel ils travaillaient a cédé sous leur poids.
Photo : CBC
Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des inspecteurs du ministère du Travail visitaient de temps en temps le chantier de construction où quatre ouvriers de l'ex-Union soviétique ont été tués dans l'effondrement de leur échafaudage le 24 décembre 2009 à Toronto.
C'est ce qu'a affirmé l'un des ouvriers de l'époque qui témoigne au procès de son ancien contremaître en Cour supérieure. Vadim Kazenelson est accusé de négligence criminelle ayant causé la mort et des blessures corporelles.
Eduart Shein, qui est originaire de Russie, ne travaillait pas le jour de la tragédie, mais il affirme que la sécurité ne faisait l'objet d'aucune inquiétude sur le chantier de l'avenue Kipling où il travaillait à la réfection de deux immeubles à logements. « Le site faisait l'objet d'une surveillance ponctuelle du ministère », explique-t-il à la barre par l'intermédiaire d'un interprète.
Eduart Shein ajoute que les papiers des ouvriers étaient en règle et que l'accusé les envoyait au préalable suivre une formation sur la façon de revêtir un harnais et de manipuler un échafaudage. « Vadim Kazenelson vérifiait la qualité et la sécurité des plateformes, poursuit-il, et je n'ai jamais vu un ouvrier suspendu sans aucune mesure de protection ».
Le témoignage d'Eduart Shein de vendredi matin contredit celui d'un autre ouvrier, l'un des deux survivants de la tragédie. Dilshod Marudov a dit jeudi qu'il n'avait reçu qu'une formation rudimentaire du superviseur du chantier qui est mort dans l'accident.
La Couronne prétend que les propriétaires des immeubles étaient pressés de terminer les travaux — faute de quoi, ils ne pourraient pas renouveler leur hypothèque. Elle accuse donc le contremaître d'avoir lésiné sur la sécurité pour accélérer la rénovation des balcons.
Eduart Shein explique néanmoins que tous savaient qu'ils avaient pris du retard, mais que personne ne s'en inquiétait. « Nous n'avons violé aucun règlement, conclut-il, dans le but de finir à temps. »
Avec le reportage de Jean-Philippe Nadeau