Le policier qui a foncé sur Alain Magloire avec son autopatrouille s'explique

Alain Magloire devant la voiture de police qui allait le heurter un instant plus tard.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le policier Denis Côté, qui a foncé sur Alain Magloire le 3 février 2014, croyait pouvoir sauver la situation en neutralisant le suspect, mais son intervention n'a pas donné les résultats escomptés.
C'est ce que le policier de 31 ans d'expérience est venu raconter au Centre judiciaire Gouin, mardi matin, à la reprise de l'enquête publique sur la mort d'un itinérant aux prises avec des problèmes de santé mentale.
Ce jour-là, Denis Côté entend l'appel sur les ondes radio. Au ton de la voix d'une des policières impliquées dans l'affaire, il comprend que la situation est urgente. L'agente Bruneau semble au bord de la panique et est incapable de donner sa position avec exactitude lorsqu'on lui demande ou elle se trouve.
Le policier Côté emprunte la rue Berri et accélère lorsqu'il voit ses collègues dans le milieu de la rue, arme au poing, qui reculent devant un individu agité, armé d'un marteau.
« Pour moi, c'est clair qu'ils vont l'abattre, c'est imminent. J'ai pris la décision d'utiliser mon véhicule pour le heurter. Je suis le seul qui est immunisé contre la menace, puisque je suis dans mon autopatrouille », explique le policier, certain qu'il réussira à déstabiliser le suspect et empêcher ainsi que les agents qui le tiennent en joue ne fassent feu.
Mais la suite n'est pas celle qu'il avait imaginée.
Policier au sol
Le policier Denis Côté comptait sur l'effet de surprise pour pouvoir faucher Alain Magloire qui ne regardait pas vers lui, mais s'avançait plutôt vers les policiers. Cependant, une autre voiture de police arrive au même moment, gyrophares et sirène activés, de sorte que Magloire aperçoit les voitures et se dirige vers elles.
« Ça m'a pris de court », admet le policier Côté qui voit Alain Magloire sauter juste avant l'impact.
Magloire a heurté le pare-brise et a été projeté sur le trottoir.
« Je croyais avoir réussi ma manoeuvre », ajoute Denis Côté, « mais l'individu était toujours debout, marteau à la main, il s'apprêtait à frapper un policier au sol ».
Les coups de feu ont résonné, Magloire a été atteint et s'est écroulé. La policière Jeanne Bruneau s'est précipitée pour le menotter, aidée du policier Côté.
L'agent, qui a une formation d'ambulancier, a vite constaté que Magloire était inconscient, qu'il avait un pouls filant. Il a décidé de lui retirer les menottes.
« Pourquoi ne pas attendre que le pistolet électrique soit amené sur les lieux? », lui a demandé le procureur qui assiste le coroner, Me Marc-André Lechasseur.
Le Taser, ce n'était pas une option. C'est une arme intermédiaire qui aurait été inutile. J'ai improvisé avec mon véhicule parce que je n'avais rien d'autre. Elle m'a servi comme arme d'opportunité.
« Est-ce qu'on vous enseigne cette manoeuvre? », a relancé le procureur. « Non, c'était mon initiative », a répondu Côté.
Fusillade au collège Dawson
Le policier Denis Côté s'était distingué en 2006 lors de la fusillade au collège Dawson, en entrant avec d'autres collègues dans l'établissement, alors qu'un tireur fou semait la panique. L'agent avait réussi à atteindre l'assaillant au bras, avant que celui-ci ne se suicide.
Son intervention avait sans contredit empêché un carnage.
Le policier Côté n'a pas été interrogé sur cet événement lors de son témoignage devant le coroner qui préside l'enquête.
Les avocats qui représentent la famille d'Alain Magloire entameront son contre-interrogatoire cet après-midi.
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