Mieux comprendre l'impact sur l'Alberta de la chute du prix du pétrole

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Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le ralentissement économique que connaît l'Alberta est le résultat de la dégringolade des cours du pétrole sur les marchés mondiaux au cours des derniers mois. Le prix de l'or noir a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis l'été 2014.
Lundi en début de journée, le prix du baril de pétrole brut nord-américain oscillait autour de 47 $US sur les marchés, un prix qui fait mal au portefeuille de l'Alberta puisque le gouvernement provincial tire 20 % de ses revenus des redevances sur les ressources naturelles.
Toutefois, ce n'est pas la première fois que la province retient son souffle devant les bas prix du pétrole.
En 2008-2009, la valeur du brut avait reculé de plus des deux tiers en raison de la récession mondiale. Selon l'économiste du Campus Saint-Jean de l'Université de l'Alberta David Caron, les craintes économiques étaient plus grandes à cette époque. « Nous ne sommes pas dans la même situation qu'en 2008-2009. [En ce moment], le marché du pétrole est la source d'incertitude tandis qu'en 2008-2009, c'était davantage le marché financier. Le pétrole subissait les conséquences de cette source d'incertitude. »
La dernière fois, en 2008-2009, le prix du pétrole était passé d'environ 145 $ le baril à 45 $ le baril en quelques mois.
L'économiste affirme que les finances du gouvernement de l'Alberta semblaient être en meilleure position en 2007-2008 qu'elles ne le sont présentement. D'ailleurs, le premier ministre Jim Prentice ne s'en est pas caché et a affirmé, au début du mois, que la province faisait face aux pires conditions économiques des 25, voire 50 dernières années.
Des conséquences déjà observables
La chute du prix du West Texas Intermediate (WTI), le pétrole brut de référence américain, a déjà forcé les entreprises à revoir leur budget. Les pétrolières Shell, CNRL, Suncor, et plus récemment, CanElson ont annoncé des restructures budgétaires, des mises à pied ou les deux.
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Le marché immobilier des grandes villes albertaines pourrait également en subir les contrecoups. La situation économique actuelle de l'Alberta a une incidence directe sur la vente des maisons et sur le prix de ces dernières, selon les prévisions de la chambre immobilière de Calgary pour 2015 qui ont été publiées la semaine dernière.
Pourquoi le prix du pétrole est-il en chute?
La dégringolade du prix du pétrole nord-américain s'explique surtout par une offre mondiale supérieure à la demande. « Au cours de 5 ou 10 dernières années, il y a eu une augmentation importante de la production de pétrole, particulièrement de pétrole léger aux États-Unis, explique le doyen de la Faculté des affaires publiques de l'Université Carleton, André Plourde. Il n'y a pas eu de croissance de la demande ni de coupures de la production partout au monde, donc les prix doivent chuter afin d'obtenir une situation d'équilibre sur les marchés mondiaux. »
Réduire les dépenses ou augmenter les revenus?
Le premier ministre Prentice a admis que le budget provincial, dont le dépôt est prévu pour le mois de mars, écopera en raison de la chute des prix du pétrole. Alors que certains sont pour une réduction des dépenses dans les services et dans la fonction publique, d'autres estiment que l'Alberta doit trouver une autre façon de générer des revenus.
Selon André Plourde, il faut que l'Alberta élargisse sont éventail de sources de revenus, ce qui peut se traduire par quelques outils de taxation. « Si on continue à être si dépendant [des ressources naturelles], il faut s'attendre à avoir ce genre de cycles dans les dépenses gouvernementales », a-t-il affirmé.
On a besoin de sources de revenus qui sont moins volatiles.
Le débat entourant la création d'une taxe de vente provinciale a donc refait surface dernièrement. Un récent sondage démontre cependant que les Albertains s'opposent à cette taxe potentielle.
Des syndicats provinciaux suggèrent plutôt de supprimer le système d'imposition unique et de le remplacer par un impôt progressif sur le revenu. Les revenus des Albertains ne seraient ainsi plus imposés à 10 %, mais selon une échelle croissante.
La population augmentant en Alberta, cela devient difficile de couper dans les dépenses parce que cela veut dire plus d'utilisateurs pour des services qui seraient moins financés.
La métropole albertaine accueille lundi et mardi le Sommet annuel sur le pétrole et le gaz, organisé par le Conference Board du Canada. Le Sommet doit rassembler des experts du Canada et d'ailleurs dans le monde qui viendront discuter des enjeux liés à la chute du prix du pétrole nord-américain.
La semaine dernière, le Conference Board du Canada a prédit que la province entrerait en récession en 2015.