L'agent Brassard explique pourquoi il a dû tirer sur Magloire

L'agent Mathieu Brassard du SPVM a fait feu sur Alain Magloire.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Quand l'agent Mathieu Brassard du SPVM a fait feu sur Alain Magloire, c'était une question de vie ou de mort. « Il fallait que je sauve la vie du constable Joly », a déclaré ce matin le policier qui a 9 ans d'expérience.
Au quatrième jour des audiences publiques sur les circonstances entourant la mort d'un itinérant aux prises avec des problèmes mentaux, le 3 février 2014, le policier Mathieu Brassard explique son intervention auprès d'Alain Magloire.
Le policier Brassard rapporte que le sans-abri, armé d'un marteau, ne semblait pas avoir toute sa tête. L'individu ne répondait pas aux ordres des policiers qui lui criaient de jeter son arme. Au contraire, il s'est avancé vers eux, le bras levé, en mode attaque, à au moins une occasion.
Le policier Brassard a alors contacté le répartiteur pour demander qu'on envoie une autopatrouille munie d'un pistolet à impulsion électrique (Taser).
Les 4 agents ont rejoint Alain Magloire face au terminus d'autobus, rue Berri. L'homme a déposé ses deux sacs à dos sur le trottoir et a fait quelques pas pendant que les policiers tentaient toujours de le convaincre de se débarrasser de son marteau.
Puis deux voitures sont arrivées en renfort. Alain Magloire s'est dirigé vers l'une d'elles, qui l'a percuté légèrement alors qu'il montait sur le capot.
L'agent Brassard a vu son collègue Pascal Joly, avec qui il fait équipe depuis 4 ans, se diriger vers l'autopatrouille pour profiter de la manoeuvre de diversion afin d'agripper Magloire et de le maîtriser.
Mathieu Brassard s'est approché au pas de course, il était même sur le point de rengainer son arme à feu pour aider son partenaire à neutraliser le suspect, mais la situation a dérapé.
Le policier Joly a réussi à agripper Magloire, mais ce dernier l'a renversé et s'est retrouvé en position de force.
J'ai vu Alain Magloire lever le bras, il a le marteau à la main. Il entreprend un mouvement pour le frapper à la tête. J'ai pointé mon arme et j'ai fait feu à 3 ou 4 reprises, jusqu'à ce que la menace cesse.
L'enquête a démontré qu'il a tiré 4 coups de feu.
L'arrivée de l'autopatrouille conduite par l'agent Denis Côté a bel et bien créé une diversion, selon le policier, mais la collision n'a pas vraiment déstabilisé le suspect.
Si le véhicule avait roulé à une vitesse supérieure, croit l'agent Brassard, et si l'impact avait été un peu plus fort, l'issue aurait peut-être été bien différente.
Le policier Mathieu Brassard a été en arrêt de travail pendant un mois après les événements et a repris progressivement ses fonctions depuis mars dernier.
Contre-interrogatoire du policier Brassard
Contre-interrogé par l'avocat de la famille Magloire, le policier Mathieu Brassard a admis que le rapport qu'il a rédigé, dans les jours suivant les événements, comporte des oublis majeurs et un récit qui diffère, à bien des égards, de la séquence captée par des caméras de surveillance installées à proximité.
À titre d'exemple, alors que l'autopatrouille conduite par Denis Côté approche de la scène, le policier Brassard ne remarque pas que Magloire se dirige vers le véhicule. Il note plutôt dans son rapport qu'il est frappé sur le flanc et qu'il s'étale sur le capot de l'auto.
Le coroner Luc Malouin a déjà dit qu'il n'accordait pas beaucoup de crédibilité à la déclaration du policier Brassard et qu'il préférait se fier au témoignage qu'il livrait devant lui.
Par ailleurs, dans ce rapport, l'agent Brassard a indiqué qu'Alain Magloire présentait les signes d'une personne en proie à des problèmes de santé mentale. L'avocat de la famille de la victime lui a demandé s'il considérait alors qu'il s'agissait d'une urgence médicale.
Non, ce n'était pas une situation d'urgence médicale, a répondu Mathieu Brassard. Nous étions devant un homme dangereux, violent, qui n'écoutait pas les ordres.
Le policier a ajouté que le suspect, une fois maîtrisé, aurait sans doute requis des soins médicaux.
Mathieu Brassard a conclu son témoignage en après-midi. Les audiences publiques reprendront mardi prochain avec le policier Denis Côté, celui qui a percuté Alain Magloire avec sa voiture.