Levée de boucliers contre l'idée de fermer des hôpitaux au N.-B.

Janique LeBlanc s'entretient avec l'ancien ministre de la Santé, Michael Murphy
Des voix s'élèvent au Nouveau-Brunswick pour défendre de petits hôpitaux que le gouvernement pourrait fermer afin d'économiser.
Pour lutter contre le déficit budgétaire, le ministre de la Santé Victor Boudreau n'exclut pas la possibilité de fermer ou de changer la vocation de petits hôpitaux comme ceux de Grand-Sault et de Caraquet.
Héliodore Côté, président et fondateur du comité consultatif des soins de santé de l'Hôpital général de Grand-Sault, dénonce cette idée.
« Tout d'abord, j'étais en train de souper quand j'ai entendu la nouvelle. Mon souper s'est terminé là, tellement ça m'a frustré d'entendre ça », affirme M. Côté.
Héliodore Côté entend réunir des élus et d'autres personnes influentes de la grande région de Grand-Sault pour défendre l'hôpital.
« Là, aller à ce qu'ils veulent faire, peu importe ce qu'ils veulent toucher à l'hôpital, on va objecter catégoriquement. »
Il y a une dizaine d'années, la population de Caraquet et le comité Action H. ont mené une lutte pour le rétablissement du statut de leur hôpital, qui avait été transformé en centre de santé communautaire. Louise Blanchard, d'Action H., est sous le choc des propos du ministre Boudreau. « C'est sûr que nous, on est en colère ce matin », lance-t-elle.
Mme Blanchard assure que le comité est prêt à tout pour reprendre la lutte en cas de besoin. « On est plus prêt parce qu'on a une équipe. On est habitué. On sait quoi faire. J'ai parlé à plusieurs médecins. Eux aussi sont très en colère », souligne-t-elle.
Selon Mireille Manuel, autre membre du comité, la population de Caraquet est tout aussi prête à reprendre le combat.
« Je n'en doute absolument pas parce que même depuis que les gens ont commencé à entendre parler de [coupes] possibles dans les hôpitaux, le téléphone ne dérougit pas. Encore hier soir, il y a eu beaucoup de réactions de la part des gens. Ils avaient quand même le pied à terre et ils ont dit qu'il n'y avait aucune raison de fermer ça. Nous autres, on n'allait pas laisser ça comme ça », explique Mme Manuel.
Du rattrapage est nécessaire, non des compressions, selon Action H.
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a annoncé en 2012 un plan de cinq ans pour le rattrapage des soins de santé en français, un plan de 9 millions de dollars. Louise Blanchard estime qu'il serait insensé de faire des coupes dans les hôpitaux des communautés francophones.
« Nous les Acadiens, on a besoin, même l'hôpital Georges-Dumont, dont tous les Acadiens du Nouveau-Brunswick se servent, on a besoin de rattrapage. On ne va pas couper chez les francophones, ajoute Mme Blanchard.
L'un des meneurs de la lutte pour préserver l'hôpital de Saint-Quentin à l'époque où le gouvernement de Bernard Lord parlait de le fermer, Paul Aubut, n'entend pas laisser la voie libre au gouvernement libéral pour procéder à des fermetures.
Comme à Caraquet, M. Aubut et ses paires n'entendent pas baisser les bras sans se battre comme lors de la dernière fois. M. Aubut dit que le gouvernement devrait chercher plus de revenus plutôt qu'à réduire les dépenses.
« On ne s'est jamais laissé faire. Ça, c'est une cause primordiale l'hôpital. Écoute, on est à plus d'une heure du prochain hôpital. Notre hôpital, ç'a été payé par nos pères et nos grands-pères, puis ç'a été donné au gouvernement et le gouvernement ne peut pas le gérer », affirme M. Aubut.
Le réseau de santé Vitalité reste évasif
Au réseau de santé Vitalité, la prudence règne dans le dossier des possibles fermetures d'hôpitaux. Le porte-parole Luc Foulem affirme que la régie de santé est doté d'un plan d'affaires sur trois ans qui indique que le rôle des hôpitaux primaires restera le même. Le nouveau plan d'affaires 2015-2018 doit être approuvé par le conseil d'administration prochainement.
La Régie de santé francophone n'a pas été informée des fermetures potentielles de petits hôpitaux, ses administrateurs entendent bien faire partie de la consultation. pour s'assurer que la livraison et la qualité des soins à la population demeure la priorité.
« On n'a pas été consulté dans un contexte de demander notre opinion et si on est consulté, il est certain qu'on va discuter avec la province », a précisé M. Foulem.
« Il y a toujours lieu à l'amélioration mais tous les établissements et tous les services qu'on a en place ont leur raison d'être. »