Les médecins de famille attaquent la réforme du ministre Barrette

Quelque 2000 médecins de famille se sont réunis mercredi en soirée à Montréal.
Par une pleine page de publicité dans les journaux, jeudi, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a entamé l'offensive contre le projet de réforme du ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Gaétan Barrette.
Pour les omnipraticiens, le projet de loi 20 « déshumanise la médecine familiale en voulant la transformer en travail à la chaîne ». Rappelons qu'en vertu du projet de loi, les médecins devraient voir un minimum de 1000 patients par année. Et leur salaire serait amputé s'ils n'atteignaient pas ce nombre. L'implication de cette mesure serait de limiter la durée des consultations.
Pour manifester leur opposition à ces quotas, 2000 médecins se sont rassemblés à Montréal mercredi. Ce soir, une autre réunion se tiendra à Québec.
Les médecins de famille affirment que ceux d'entre eux qui consacrent plus de temps aux patients vulnérables seront pénalisés par les changements qu'entend apporter le ministre Barrette.
Les patients vulnérables sont ceux qui éprouvent des problèmes médicaux complexes et, de l'avis des médecins, les « quotas irréalistes » que veut leur imposer le ministre Barrette entraîneront des consultations plus courtes. Ultimement, ce sont les Québécois qui souffriront de cette réforme, plaide la FMOQ, qui regroupe 8000 membres.
« Depuis l'adoption du projet de loi n° 120 au début des années 1990, l'État a tout fait pour affaiblir progressivement les services médicaux de première ligne. »
Le ministre de la Santé pense autrement
Selon Gaétan Barrette, 60 % des médecins de famille du Québec travaillent en moyenne 117 jours par année, ce qui est insuffisant et ce qui justifie, selon lui, l'imposition d'un nombre minimum de patients et d'heures de travail.
Pour le ministre de la Santé, l'accessibilité au système de santé québécois serait grandement améliorée si un nombre plus élevé de médecins consentaient à travailler à plein temps.
« Il n'y aurait pas de projet de loi si les médecins décidaient d'eux-mêmes de se prendre en charge et de faire en sorte que la population ait les services. »
La relève pourrait être compromise
Samedi dernier, la FMOQ tenait à Montréal son conseil général et, à cette occasion, des voix se sont élevées pour mettre en lumière que le projet de loi 20 pourrait décourager les futurs jeunes médecins.
« Comme représentant des professeurs de médecine de famille et de médecine d'urgence, ce qui nous inquiète le plus, c'est l'impact sur la relève. Déjà, les étudiants remettaient en question cette semaine l'idée de choisir la médecine familiale », a affirmé le Dr Jean Pelletier, de la Table des directeurs des départements universitaires de médecine familiale et de médecine d'urgence du Québec.