Kimberley : de ville minière à ville solaire
Alors que les projets basés sur les combustibles fossiles se multiplient en Colombie-Britannique, la petite ville de Kimberley dans l'est de la province fait le pari audacieux de se tourner vers l'énergie solaire. Sa meilleure représentante en la matière est SunMine, une ancienne mine de plomb et de zinc qui fabrique désormais de l'électricité grâce aux rayons du soleil.
Alors que les projets basés sur les combustibles fossiles se multiplient en Colombie-Britannique, la petite ville de Kimberley dans l'est de la province fait le pari audacieux de se tourner vers l'énergie solaire. Sa meilleure représentante en la matière est SunMine, une ancienne mine de plomb et de zinc qui fabrique désormais de l'électricité grâce aux rayons du soleil.
La ville de Kimberley, située à 1 200 mètres d'altitude entre les Rocheuses à l'est et les montagnes du Kootenay à l'ouest, est la première au Canada à posséder et à gérer sa propre centrale solaire. SunMine, officiellement entrée en fonction le lundi 27 juillet, est la plus importante centrale solaire à l'ouest de l'Ontario, avec une capacité de production de deux gigawatts par heure par année, soit assez pour alimenter 180 maisons, selon BC Hydro.
De ville industrielle à ville durable
L'économie de Kimberley a longtemps reposé sur l'industrie minière. Pendant près de 100 ans, l'entreprise qui porte maintenant le nom de Teck Resources y a extrait du plomb et du zinc. Lors des meilleures années, elle employait de 4000 à 5000 travailleurs.
La fermeture de la mine Sullivan en 2001 a porté un dur coup à Kimberley. Des résidents ont perdu leur emploi, des revenus tirés d'impôts fonciers ont disparu, et les maisons ont commencé à se vendre difficilement, même au rabais.
« La mine Sullivan avait généré 20 milliards de dollars pour l'économie de la communauté », raconte Ron McRae, ancien maire de la ville. « C'est une économie basée sur les ressources qui avait permis à Kimberley de progresser », poursuit-il.
« La fermeture de la mine a été une étape importante dans l'évolution de la communauté. »
M. McRae estime que les élus municipaux de l'époque avaient préparé le terrain en prévision de la fermeture de la mine, mais qu'une fois devant les faits, ils devaient trouver une façon de relancer l'économie et la fierté de la ville.
Un site de choix
Un des instigateurs du projet SunMine, Michel de Spot, cherchait en 2008 un endroit où développer un projet de centrale solaire au pays.
Kimberley s'est présentée comme un emplacement de choix avec de nombreux atouts, notamment en raison de ses 300 jours d'ensoleillement par année. « On a fait des recherches et on a découvert que la région est très fortement ensoleillée. C'est à peu près la troisième ou la quatrième région la plus ensoleillée du Canada. C'est plus ensoleillé que l'Ontario, par exemple. Plus fort que Kimberley, ce serait en Saskatchewan ou en Alberta », explique Michel de Spot, PDG de la société de développement durable EcoSmart.
« Nous avons calculé un jour qu'avec le nombre d'hectares disponibles plus la capacité des lignes, ça permettrait d'avoir une centrale solaire de 200 mégawatts. Ce qui en ferait la plus grande au Canada, si ce n'est pas en Amérique du Nord. »
Teck Resources a aussi laissé derrière elle de vastes terrains inexploités et réhabilités selon les normes provinciales. La minière a démoli la grande majorité des infrastructures sur le site, mais a conservé les lignes de transmission électrique.
« Dans le développement renouvelable, un coût important, c'est de transporter l'électricité au réseau. Et comme ancienne région industrielle, il y a un tas de grosses lignes de transmission complètement vides et qui ne demandent qu'à être connectées au réseau », soutient M. de Spot, qui fait aussi valoir que le site a un potentiel de production beaucoup plus grand que les ambitions initiales.
Diverses sources de financement
EcoSmart a finalement convaincu Kimberley et Teck de la pertinence de ce projet ambitieux nécessitant un financement de 5,3 millions de dollars. Lors d'un référendum en 2011, les électeurs de Kimberley ont appuyé à 76 % la proposition de la ville d'emprunter 2 millions de dollars pour la construction de la centrale solaire. Teck Resources a de son côté fait un don de 2 millions de dollars et loue le terrain sans frais à Kimberley pour les 30 prochaines années. La province a octroyé un million de dollars, et des fonds de développement locaux ont fourni le reste.
Kimberley espérait obtenir un financement de la part d'Ottawa qui a finalement décidé de ne pas participer. « Nous avons été en pourparlers avec Diversification de l'économie de l'Ouest pendant plusieurs années, jusqu'à ce que le conseil municipal de Kimberley décide en avril 2014 de réellement lancer le projet », explique Kevin Wilson, agent de développement économique de Kimberley.
« Diversification de l'économie de l'Ouest a décidé de ne pas participer, nous respectons cela. Ils ont d'autres priorités. »
SunMine suscite l'intérêt
BC Hydro se montre très optimiste au sujet de la centrale solaire et s'est engagée à acheter l'électricité produite à 11 cents le kWh. « Depuis le lancement du projet, nous avons été approchés par des collèges, des Premières Nations et des municipalités qui sont intéressés par ces grands projets solaires », soutient Mora Scott, porte-parole de BC Hydro.
Elle ajoute que la société d'État s'attend à ce que les projets solaires pullulent à mesure que le coût de la technologie diminue.
BC Hydro maintient toutefois que l'hydroélectricité demeure la source d'énergie la plus fiable et la moins coûteuse, et continue de défendre le projet controversé du barrage du site C. « Nous savons que le site C est la façon la plus efficace de produire de l'électricité à ce moment-ci », avance-t-elle.
L'agent de développement économique de Kimberley, Kevin Wilson, fait plutôt valoir que les grands projets hydroélectriques entraînent des conséquences environnementales importantes en inondant des terres qui pourraient être exploitées autrement.
« L'impact environnemental d'un projet comme SunMine est plutôt minime. Nous prenons une terre qui n'est pas utilisée et nous lui redonnons une utilité économique. »
Un projet appuyé par la communauté
Le maire sortant Ron McRae a perdu les élections de novembre 2014, mais ne croit pas que c'est en raison du projet de centrale solaire. « La plupart des gens avec qui je suis en contact dans la communauté, mais aussi à l'extérieur de la communauté, voient ce projet positivement », souligne-t-il.
« Une caractéristique de Kimberley est que nous sommes prêts à envisager des approches innovatrices comme les énergies vertes. Oui, il y a un risque associé à cela, mais il y a un risque lié à tout. »
Le nouveau maire Don McCormick estime également que sa communauté appuie la centrale. Il espère déjà que la capacité de la centrale pourra être augmentée.
Retrouvez le reportage de Fanny Bédard au Téléjournal Colombie-Britannique et Yukon (décembre 2014).

Kimberley fait le pari audacieux de se tourner vers l'énergie solaire. L'ancienne ville minière des Kootenays accueillera, dans quelques mois, la plus grande centrale à l'ouest de l'Ontario. Fanny Bedard s'est rendue sur place.