La culture pour faire avancer le Bénin
Prenez note que cet article publié en 2014 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une fondation fait le pari qu'on peut construire le Bénin de demain en donnant aux enfants un accès aux livres et à l'art.
Le Bénin, petite nation d'Afrique subsaharienne, est un des pays les plus pauvres du monde, malgré un taux de croissance d'environ 5 %. Ci-dessus, illustration de cette pauvreté à Cotonou, la capitale économique.
La majorité des Béninois vivent de l'industrie agricole, comme ces hommes et ces femmes croisés au marché, dans la rue, ou encore le long de la route des pêches entre Cotonou et Ouidah, sur la côte atlantique.

La Fondation Zinsou croit fermement qu'avec la culture, on peut faire avancer le pays. Cette organisation familiale est financée essentiellement par des entreprises et le mécénat. Elle a notamment construit des minibibliothèques à Cotonou, comme celle-ci, dans un quartier défavorisé de la ville.
Selon la fondatrice, Marie-Cécile Zinsou, le pays est certes pauvre, mais la majorité des enfants ne souffrent pas de malnutrition et vont à l'école. Ces enfants, dit-elle, sont ceux qui vont construire le Bénin de demain.
On ne peut pas continuer à leur donner juste du sucre en supplément de leur alimentation. Il faut qu'on leur donne des livres, qu'on leur permette de penser. Il faut leur donner des outils qui leur permettent de réfléchir à ce qui va se passer demain.
En cette journée de juin, les plus vieux participaient à une activité de théâtre, de danse et de lecture.
Des autobus vont aussi chercher des écoliers pour les emmener à la maison-mère de la Fondation Zinsou, à Cotonou, pour y voir des œuvres d'artistes du Bénin et d'ailleurs en Afrique, glanées depuis des années.

« Tout le monde se sent beau, mais moi je sais que je suis beau », peut-on lire sur un mur de la maison-mère de la Fondation à Cotonou.

L'an dernier, la Fondation Zinsou a ouvert un musée d'art africain contemporain dans cette grande demeure rénovée à Ouidah, une petite ville sur la côte atlantique, qui fut l'un des ports d'embarquement des esclaves.

Ici, la porte du Non-Retour, inscrite au Patrimoine mondial de l'UNESCO. Lieu de mémoire sur la plage d'où sont partis vers l'esclavage dans le Nouveau Monde des centaines de milliers d'Africains.

La fondatrice du musée d'art africain contemporain, Marie-Cécile Zinsou, est une Franco-Béninoise née en France et installée au Bénin depuis 2003.
C'est le départ de beaucoup de gens, et nous, ce qu'on aimerait aussi, c'est que ce soit une ville de retour et une ville de futur. Pas uniquement une ville emprisonnée dans son histoire.

Dans ce musée, l'histoire est souvent présente dans les œuvres modernes : photographies, sculptures et peintures des artistes du Bénin et du continent.

Estelle, en uniforme d'écolière, en est à sa première visite au musée. Elle a voulu poser à côté de cette sculpture-masque de l'artiste béninois Kifouli Dossou. C'est sa préférée, parce que les personnages lui ressemblent.

Romuald Hazoumé est un peintre, sculpteur et photographe béninois. Ses œuvres sont exposées en Europe et aux États-Unis.
Le fait de voir les enfants dans le musée, ça change tout pour nous, les artistes, qui sommes... qui jouons aux stars dehors. Parce qu'on est bien connus dehors, et chez nous, on n'est pas connus. Et de voir des enfants venir près des sculptures que l'on a faites, et que ces sculptures-là leur parlent. Mais vous ne pouvez pas imaginer que l'on arrive à pleurer.
L'une des œuvres de Romuald Hazoumé trône dans la cour intérieure du musée, à Ouidah.
L'automobile est entièrement couverte de masques fabriqués avec des bidons - une des marques de commerce de Romuald Hazoumé. Une façon de parler du trafic d'essence frelatée que l'on trouve dans toutes les rues du Bénin.
Romuald Hazoumé croit que les artistes peuvent participer à l'éducation du peuple.
On peut se servir des artistes pour faire des séances de vaccination, de lutte contre le VIH-sida. Des artistes ont participé [...] en faisant des masques qui ont porté des préservatifs, des pénis, des trucs comme ça. Bon parce que c'est ça, la vie. L'art, c'est la vie. C'est très important dans notre Afrique d'aujourd'hui.

Le musée d'art contemporain africain est un havre de paix et de beauté, voire de luxe, dans Ouidah, une ville très pauvre, aux taux de chômage et de déscolarisation très élevés. Ici, on aperçoit le quartier par l'une des grandes fenêtres du bâtiment.
Écoutez le reportage radio d'Anyck Béraud est diffusé à Désautels le dimanche sur ICI.Radio-Canada Première