Pas facile de trouver du travail pour les gens atteints du syndrome d'Asperger

Marie-Josée Turcotte et Cédrick Allard
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2014 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Embaucheriez-vous une personne atteinte du syndrome d'Asperger? Le jeune Cédrick Allard, qui vit avec ce syndrome, se bat pour que les gens comme lui aient accès au marché du travail.
Cédrick a toujours été différent des autres enfants. Au primaire, il a dû être aidé pour un trouble du langage. Il a toujours été solitaire et sujet au stress, mais c'est en deuxième secondaire que tout s'est compliqué.
Ça ne filait pas. J'avais des idées noires. J'ai dû éclater à l'école. Mon intervenante a dit "il faut de l'aide maintenant parce que sinon ça ne marchera pas".
Cédrick Allard a reçu un diagnostic de syndrome d'Asperger il y a quatre ans, alors qu'il avait 17 ans. C'est effectivement une intervenante de l'école qui a remué ciel et terre pour que Cédrick puisse subir des examens et enfin savoir pourquoi il était différent. Cette nouvelle difficile a tout de même été un soulagement pour sa famille.
On savait qu'il avait quelque chose. Pour moi, ça a été un gros soulagement, puis de voir aussi que là, il pouvait avoir de l'aide, il n'était pas laissé à lui-même, parce qu'avant, il était vraiment laissé à lui-même.
À partir de ce moment, le parcours scolaire de Cédrick s'est beaucoup mieux déroulé. Le jeune homme a même décidé d'entreprendre une formation professionnelle en comptabilité.
Lorsqu'il a voulu intégrer le marché du travail, il a à nouveau dû composer avec sa différence. Cédrick a envoyé une centaine de curriculum vitae. Une dizaine d'employeurs l'ont rappelé. Il a passé sept entrevues, mais n'a décroché aucun emploi.
Pour Cédrick, le manque d'information est en cause. « Il y en a qui savent même pas c'est quoi, explique le jeune homme de 21 ans. Ou ils savent un tout petit peu, mais ce n'est pas clair. Pour eux autres, c'est une personne qui n'est pas capable de travailler, qui est enfermée dans sa bulle, puis qui se tient les oreilles en répétant trois fois le même mot. »
C'est à ce moment que Lucille Frigon, agente d'intégration pour les personnes ayant des troubles envahissants du développement et les autistes, est intervenue. Elle lui a trouvé un stage de deux jours par semaine en comptabilité au Centre de réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement de la Mauricie et du Centre-du-Québec. (CRDITED)
C'est sûr qu'en comptabilité, c'est des règles strictes. Il faut vraiment être professionnel dans ce qu'on fait. C'est sûr qu'il y avait une certaine appréhension par rapport à ses compétences. Mais on s'est donné la chance de l'essayer pour voir si ça fonctionnait bien avec lui.
« Cédrick comprend rapidement ce qui se passe, explique Marie-Josée Turcotte, qui supervise maintenant son travail. Les chiffres, c'est vraiment sa force. Au niveau du calcul mental, nous autres, on sort notre petite calculatrice parce qu'on n'est pas habitués. Lui, ça se passe tout dans sa tête. »
Reste que lorsque son stage sera terminé, Cédrick devra à nouveau vaincre les préjugés pour se tailler une place sur le marché du travail.
Je veux quand même prouver au monde qu'un Asperger, il est capable de travailler. Je veux quand même ouvrir des portes, sinon il n'y a personne qui va sensibiliser les milieux. Puis en même temps, je veux travailler pour mon plaisir, parce que j'adore la comptabilité.