Négos salariales : les fonctionnaires québécois devant un mur

Des fonctionnaires québécois lors d'une manifestation devant l'Assemblée nationale.
Les négociations s'annoncent ardues entre Québec et des centaines de milliers d'employés de la fonction publique, qui déposaient cette semaine leurs demandes salariales. Des demandes dignes « d'une autre époque », selon le gouvernement Couillard, qui évoquait il y a deux semaines encore la possibilité d'un gel salarial pour l'ensemble de la fonction publique.
Le discours gouvernemental est à l'opposé de celui des syndicats qui demandaient cette semaine des augmentations de 13,5 % sur trois ans. Les centrales syndicales et les fédérations professionnelles représentent plus de 500 000 employés de l'État québécois, dont les conventions collectives arrivent à échéance au 31 mars 2015.
Fin de non-recevoir à Québec
Le premier ministre Philippe Couillard et le président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux, ont d'ailleurs catégoriquement rejeté les demandes syndicales les qualifiant « d'ambitieuses » et parlant d'une « époque révolue ».
De Pékin, où il est en mission économique, Philippe Couillard a déclaré vendredi matin que « c'est de bonne guerre que les demandes initiales soient élevées » mais que de telles demandes ne sont pas réalistes dans le contexte économique actuel.
« Je dirais que c'est plus dans ce qu'on appelle les chiffres d'une autre époque. On n'est plus à l'époque de ce genre de disponibilité budgétaire. »
Le gouvernement du Québec doit quant à lui déposer ses offres salariales au cours des prochains jours. Des offres qui, les syndicats le savent, seront à des années-lumière de ce qu'ils réclament.
Rappelons qu'en avril dernier, le gouvernement libéral fraîchement élu annonçait une réduction considérable des dépenses de l'État pour combler un manque à gagner de 3,7 milliards de dollars dans les finances publiques.
« C'est très clair dans le budget que le gouvernement n'a pas les moyens d'accorder des hausses salariales à ses employés en 2015-2016. »
Pour y parvenir, le gouvernement Couillard évoquait notamment un gel d'embauche dans la fonction publique assorti d'un éventuel gel salarial pour les employés de l'État en 2015-2016.
Le 18 octobre dernier, le ministre des Finances Carlos Leitao réitérait que les finances publiques du Québec, dans leur état actuel, ne permettent pas d'augmenter le salaire des employés de l'État l'an prochain.
Sans évoquer un gel de salaire, Philippe Couillard avait quant à lui expliqué que son gouvernement allait devoir rencontrer les syndicats pour déterminer « combien on veut payer, mais aussi du nombre de personnes qu'on peut payer ».
13,5 % d'augmentation sur trois ans
Toute la semaine, les organisations syndicales qui représentent les employés de l'État se sont succédé à Québec pour y déposer leurs demandes en vue des prochaines négociations.
Cette semaine, la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) et le Front commun CSN, FTQ et Secrétariat intersyndical ont déposé à Québec des demandes d'augmentation salariales de 13,5 % sur trois ans, à raison de 4,5 % d'augmentation par année.
Le tout assorti d'une compensation pour combler l'écart de rémunération qui subsiste, selon les syndiqués, avec leurs homologues du secteur privé.
Des demandes évaluées à près de 4 milliards de dollars par les syndicats, mais que Québec évalue davantage à plus de 5 milliards de dollars.
Demandes sectorielles
Vendredi matin c'était au tour des syndicats affiliés à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) de rendre leurs demandes publiques.
En conférence de presse, les représentants des travailleurs de l'éducation ont divulgué leurs demandes sectorielles particulières à leur profession.
Ils ont réclamé « davantage de services aux élèves en difficulté, en tenant compte de la taille et de la composition des groupes ». Ils ont aussi demandé au gouvernement d'offrir de meilleures conditions de travail pour attirer et retenir le personnel dans le réseau scolaire tout en reconnaissant l'expertise de ceux qui y travaillent actuellement.
Tous ces syndicats représentent plus de 500 000 travailleurs des secteurs public et parapublic au Québec.